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Le mouvement féminin et féministe au nord du Maroc. Objectifs et répertoire d'actions: 1990-2010


par Fadma Ouaiaou
ULB - Master 2011
  

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III.3.STATUT JURIDIQUE DE LA FEMME MAROCAINE : ENJEU DE LA DEMOCRATIE

Il importe de souligner que le statut juridique imposé aux femmes par le Code du statut personnel élaboré à la veille de l'indépendance (1957), légitime la discrimination envers les femmes au quotidien. Ce constat fait référence aux circonstances dans lesquelles, le statut personnel a été produit. En effet, le premier gouvernement marocain souverain dirigé par le roi Mohammed V, n'était pas un gouvernement constitué par les partis nationalistes qui ont conduit la résistance contre le colonisateur. Certes, il y avait quelques personnalités d'obédience nationaliste mais ce mouvement, constitué d'une élite d'hommes etde femmess'estretrouvémarginalisé. Ainsi, le modèle français était copié dans tous les domaines, mêmedans le domaine du droit qui était intégralement français - à l'exception du droit qui organise les rapports hommes-femmes au sein de la famille et qui lui, demeure inspiré de la jurisprudence islamique92(*).

Paradoxalement, les nationalistes n'ont pas fait de cette discrimination, leur principale revendication. Pour eux, l'émancipation des femmes n'était pas une priorité93(*). Ainsi en 1957, le code du statut personnel (CSP) est conçu en adoptant une domination des hommes sur les femmes. Malheureusement, comme le code était basé sur la Loi islamique, il ne pouvait plus être modifié. Les tentatives de changement de 1961, de 1968 et de1982 n'ont jamais pu aboutir car elles visaient à toucher au texte sacré94(*).

L'Histoire demeure encore plus verrouillée quand il s'agit de la question de la condition féminine. Après l'indépendance, il n'y avait sur la scène politique que deux forces représentées par le pouvoir du roi et celui du Parti de l'Istiqlal95(*). Ces deuxassociés/rivaux96(*)étaient très occupésparl'instauration d'un ordre politique qui se voyait menacépar les adversaires du couple Istiqlal / roi (Mohammed V à l'époque).Néanmoins, le Roi et son fils Hassan II, héritier au trône, vontenraciner et fortifier la monarchie chérifienne, en optant pour la division des partis politiques nationalistes qui réclamaient un partage du pouvoir97(*).

Notons qu'il existe un lien fort entre la stabilité de la monarchie chérifienne, basée sur la doctrine Malékite et celle de ce modèle familial.

A l'époque de Hassan II, la monarchie a réussi sa souveraineté dans un système politique marqué par « un schéma circulaire où tout part de la monarchie et tout revient vers elle »98(*).

Quant aux partis politiques qui ont vu le jour après la constitution de 1962, particulièrement,ceux de gauche, ils n'ont pas fait de l'inclusion des femmes dans la sphère publique, ni du changement de son statut juridique, une priorité ou même une de leurs revendications. Pourtant la femme marocaine était présente dans tous les combatsmenés par les opposants au régime de Hassan II durant les années de plomb99(*).

Elle a été détenue politique mais aussi torturée parce qu'elle est la mère, l'épouse, la fille, l'amie ou la soeur d'un détenu.

A partir de là, la femme au nord du Maroc va subir une double exclusion: économique et sociale, imposée par le régime central à l'époque de Hassan II qui ne voit pas d'intérêt stratégique à la région100(*), et une exclusion juridique et culturelle liée aux rapports de genre instaurés par la culture patriarcale répandue sur les deux rives de la Méditerranée et à travers le CSP élaboré par les hommes du gouvernement marocain. Nousle voyons, ce sont les hommes qui ont élaboré le statut juridique des femmes, puisque celles-ci, aussi bien à l'époque de la colonisation qu'après l'indépendance, n'étaient toujoursqu'une question d'enjeu du pouvoir politique101(*).

* 92DAMMAME, A, (2005), p 63.

* 93 ALAMI M'CHICHI, H, (2002),Genre et politique au Maroc : les enjeux de l'égalité hommes-femmes entre islamisme et modernisme, Paris : L'Harmattan, p 37.

* 94RHIWI,L,(2006),Code de la famille :enjeu des luttes des femmes, publié sur le site : http://grittransversales.org/(page consulté le 13 mars 2011).

* 95SANTUCCI, J. (2001), « les partis politiques marocains à l'épreuve du pouvoir », REMALD, manuels et travaux universitaires, 24 .

* 96SANTUCCI, J,( 2006), http://remmm.revues.org/index2864.htmlconsulté le 13 novembre 2010

* 97EUZZIERE,P, (2006 ),« Tunisie et Maroc : de la colonisation à la mondialisation »inRecherches internationales, 77,(3),49-64.

* 98ibidem

* 99La période commence dès l'indépendance jusqu'à la mort de Hassan II en 1999, car pour nous les bombardements de la région du rif par les autorités marocaines pour calmer la révolution contre la monarchie, étaient déjà le début des années de Plomb. Et même avec le gouvernement d'alternance en 1997, Hassan II, continuent,d'interdire les journaux, d'emprisonner les opposants. Mais dans les livres d'histoires la période se situe entre 1960 et 1994.

* 100Durant tout l'époque de Hassan II, la région du Nord n'a jamais bénéficié des projets de développement ni des infrastructures, la région est laissée marginalisée jusqu'à l'avènement de roi Mohammed VI, qui fait la première visite du roi du Maroc en 2000 depuis l'indépendance.

* 101ALAMI M'CHICHI, H, (2002),p 36.

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