Gestion Intégrée des Ressources en Eau
L'hydro-diplomatie, selon Fadi George Comair inclut le concept
de Gestion Intégrée des Ressources en Eau qui consiste en
« l'application des principes du développement durable au
secteur de l'eau. [...] Elle vise à intégrer les multiples
parties prenantes, usages et enjeux concurrents, dont la préservation
environnementale, afin d'assurer la pérennité des ressources en
eau » (de La Plaza et al. s.d.). Il est donc question de demander
à différentes parties de coopérer alors que ces
États ne sont pas nécessairement alliés, ou n'ont pas de
volonté convergente, en faveur de la préservation des ressources
hydriques, par exemple. Pour ce faire, les gouvernements peuvent avoir recours
à l'ONU comme acteur international pour la coopération, la
sécurité et la paix autour de l'eau. Il est possible de citer,
entre autres, l'ONU Environment, créé lors du Sommet de
Stockholm, qui n'est autre qu'un Programme des Nations Unies pour
l'Environnement (PNUE) (Orsini 2018, 2). Il est question de la plus haute
autorité des Nations Unies en matière environnementale qui
doit :
« montrer la voie et encourager la
coopération pour protéger l'environnement. Elle se doit aussi
d'être une source d'inspiration et d'information pour les États et
les populations et un instrument de facilitation » (Sundholm
s.d.).
Cette description donne un pouvoir théoriquement fort
au PNUE puisqu'il doit montrer la voie aux pays. Ainsi, force est de constater
que l'ONU, avec l'appui de tous les accords mis en place, entend favoriser la
coopération et faciliter la résolution de problèmes
environnementaux, notamment en montrant l'exemple. Cependant, encore
faudrait-il que tous les pays concernés se joignent aux programmes. Ce
n'est pas le cas dans les relations Mexique- États-Unis si l'on
considère que ces deux pays, comme indiqué dans l'introduction,
n'ont ratifié aucun accord international ni aucune convention sur la
protection ou l'utilisation des eaux frontalières,
préférant limiter ces questions à un niveau
régional et binational. Ils utilisent donc particulièrement,
comme il en sera question dans la partie suivante, l'IBWC et le Traité
de La Paz de 1983 ou encore l'Accord nord-américain de
coopération dans le domaine de l'environnement (ANACDE). Ces trois
entités peuvent, dans certains cas, permettre de gérer et de
préserver l'eau et la biodiversité à la
frontière.
Ce phénomène illustre un problème
général que rencontre l'hydro-diplomatie : de nombreuses
institutions internationales traitent des eaux partagées, mais ne
peuvent pas avoir de rôle déterminant dans la résolution de
problèmes hydriques, notamment dans le sens où les
États-Unis, depuis plusieurs années, tournent le dos au
multilatéralisme et à ses contraintes. Donald Trump a, par
exemple, sorti les États-Unis de l'Accord de Paris en 2020 (la COP
21 devait limiter à 2°C le réchauffement global de la
planète) (Hersher 2020) pour garder le contrôle sur l'utilisation
de ses ressources et pour préserver l'économie liée
à des secteurs polluants. Il a notamment supprimé les limites de
pollution au carbone pour les centrales électriques, les voitures et les
industries liées aux combustibles fossiles (Hersher 2020). L'initiative
de Donald Trump peut être une des raisons pour lesquelles les
États-Unis et le Mexique ne préfèrent pas intégrer
ces organisations trop contraignantes pour leurs industries et leurs
économies au profit de leurs organisations binationales ou
régionales que les deux pays peuvent modeler de la manière dont
ils le désirent.
|