Etat des lieux des
problèmes environnementaux dans les années 1990
Les années 1990 ont été une
décennie particulière pour la gouvernance de l'eau entre les
États-Unis et le Mexique. Le Mexique a dû faire face à de
multiples sécheresses de son côté du Rio Grande et n'a pas
pu livrer les 350 000 acres-pieds qu'il était censé fournir aux
États-Unis en cinq ans (Mumme et al. 2012, 17). En outre, comme
expliqué plus tôt, il était possible pour le Mexique de
demander que la dette soit reportée sur le cycle suivant. Cependant,
cela a engendré un problème important entre les deux pays puisque
le Mexique n'a jamais remboursé ou n'a jamais donné les 350 000
acres-pieds d'eau demandés par les États-Unis, comme
expliqué auparavant. Au cours de la décennie suivante, les
agriculteurs texans ont été lésés et ont
invoqué une violation du Traité sur l'eau de 1944 par le Mexique,
qui a déclaré que la sécheresse extraordinaire à
laquelle il avait été confronté était une
circonstance extrême qui lui permettait de ne pas respecter cette partie
du Traité. En ce sens, l'IBWC n'a pas pu résoudre l'impasse dans
laquelle se trouvaient les deux pays. Les ministères des Affaires
étrangères respectifs sont entrés dans ce conflit sans
pouvoir l'arrêter ni le résoudre. Ces tensions se sont
terminées par l'adoption par le Congrès étatsunien d'une
résolution demandant au Mexique de payer sa dette (Mumme et al. 2012,
17). Cela pose la question de savoir si l'IBWC peut encore appliquer le
traité ou non.
En outre, la plupart des désaccords entre les deux pays
sont la conséquence de la non prise en considération, lors de la
signature du Traité de 1944, des questions de qualité de l'eau ou
de préservation de la biodiversité. En ce qui concerne l'eau du
Colorado, les problèmes de salinité aux États-Unis ont
toujours été très importants et désastreux pour le
Mexique. Nicole T. Carter et ses co-auteurs mentionnent
notamment dans leur article sur le partage des fleuves du Colorado et du Rio
Grande que la salinité du Colorado a empêché son
utilisation pour le Mexique : « In the 1960s, salinity in
the Colorado River rose dramatically. Mexico was receiving water that was
too salty for human, livestock, or agricultural uses » (Carter et al.
2018, 10). Même si le constat n'est plus aussi
problématique aujourd'hui, notamment grâce à certaines
Minutes de l'IBWC, puisque l'eau du Colorado reste salée, il
arrive encore que le Mexique se retrouve avec de l'eau non
utilisable, ce qui a été à l'origine de nombreux
problèmes économiques, les agriculteurs ne pouvant pas
l'utiliser.
En effet, comme ces problèmes environnementaux sont de
plus en plus fréquents, l'IBWC doit y faire face et créer des
Minutes pour les régler et spécialement depuis la fin
des années 1990. L'IBWC facilite toujours la résolution des
problèmes liés à l'eau grâce au Traité de
1944.
Le traité de 1944 a d'abord été
signé à des fins économiques. Néanmoins, avec les
problèmes d'eau encore plus récurrents liés à
l'environnement, l'IBWC a finalement commencé à considérer
ces évènements dans les évaluations des politiques mises
en place. Pour résoudre les différends, l'IBWC a également
pris en compte les habitants de la zone concernée par les
problèmes environnementaux et les ONG, comme expliqué dans le
chapitre I.
La préservation des ressources environnementales et
hydriques demeure, aujourd'hui, un enjeu majeur dans une situation de
dérèglement climatique croissant, d'activité humaine
néfaste, de sécheresses qui se multiplient et de perte de
biodiversité dans les eaux, comme l'atteste l'exemple du Colorado
à la frontière États-Unis-Mexique. En effet, Natalie
Triedman l'explique dans son article « Environment and
Ecology of the Colorado River Basin » :
Development projects have altered natural processes related to
the hydrology, ecology, and climate of the basin, which has interfered with
ecological stability and contributed to population declines among many
different plant and animal species (Triedman 2012, 90).
Selon les recherches menées par l'IBWC, les
déchets et les sédiments qui s'écoulent du Mexique vers
les États-Unis et inversement sont à l'origine de
problèmes environnementaux dans la région frontalière. La
capacité des systèmes de traitement des eaux usées n'a pas
évolué en même temps que la croissance rapide de la
population dans la région frontalière. En outre, le
vieillissement des infrastructures d'assainissement existantes a
entraîné une augmentation des problèmes d'entretien, tels
que la rupture des canalisations. Cela signifie que les questions liées
à la pénurie d'eau augmentent de façon exponentielle
partout dans la région frontalière tandis que les anciennes
infrastructures perdent en efficacité (Seelke et Klein 2021, 28). Ceci
est critique dans une zone où l'eau devient un élément
très convoité.
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