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Thèse unique de doctorat criminologie.


par Jean Noel PacàƒÂ´me KANA
Université Félix Houphouet Boigny d'Abidjan - Doctorat en Criminologie 2019
  

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1.5. Allochtone

Le terme se compose de « allo » et « chtone» du grec « kthôn » « engendrer » signifie qui a une origine autre, qui a pris naissance ailleurs ou qui provient d'un autre endroit (Rémy et Beck, 2008).

En effet, deux grandes orientations (distinctive et minoritaire) gouvernent la compréhension de ce concept.

Ainsi, dans la conception distinctive, les auteurs emploient le terme pour désigner des groupes ethniques installés depuis peu de temps sur un territoire présentant encore des caractères raciaux et ethniques qui les distinguent de la population autochtone. Pour le Centraal Bureau Voor de Statistick (2003), le terme est utilisé pour désigner « des personnes ou groupes de personnes d'origine étrangère ». Autrement, le trait distinctif des allochtones résiderait dans le fait que cette population est étrangère à la population native, c'est-à-dire une population dont la structure n'est pas compacte et soudée en termes de liens, dont les membres ne partagent pas nécessairement les mêmes histoires et donc, pourraient ne pas se reconnaitre mutuellement comme appartenant au groupe allochtone (Kouassi, 2017).

Dans cette même optique, Bonnecase (2001) mettant en avant l'hétérogénéité dans la structure allochtone pense que ceux-ci « ne constituent pas un ensemble d'individus homogène et objectivement délimité ». Autrement, les allochtones, loin de constituer des groupes homogènes, présentent un caractère de dispersion, d'installation incontrôlée dans des endroits selon le degré d'hospitalité du peuple tuteur.

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Aussi, l'auteur met-il en avant la distinction fondamentale entre allogènes ivoiriens et allogènes non-ivoiriens. A ce sujet, il affirme que « la notion est relative à un espace de référence qui, s'il prend souvent pour limite les frontières du pays (les non Ivoiriens), peut également se dégager en deçà, au niveau de la région (les allogènes ivoiriens) et de toute entité spatiale, jusqu'au village (les ressortissants de communautés villageoises voisines). Autrement dit, la catégorie « allogène » se catégoriserait en deux sous-groupes : les allogènes ivoiriens nommés allochtones et les non-ivoiriens. La première catégorie, c'est-à-dire celle des allochtones elle-même se subdiviserait en deux sous-groupes : d'une part les membres d'autres groupes ethniques (allochto-allogènes) et d'autre part, les membres du même groupe ethnique mais d'un village différent c'est-à-dire qu'ils ne partageraient pas les mêmes origines ancestrales avec la population native. Autrement, le groupe allochtone se subdivise en ressortissants d'autres communautés ethniques (allochtones) et en ressortissants du même groupe ethnique mais de villages différents ; une sorte d'autochto-allochtone.

Cette appréhension du concept alimente certes sa compréhension dans une dynamique distinctive d'avec la population « mère », mais force serait de savoir qu'elle souffre de mutisme quant à la prise en compte de cette catégorie comme minorité. Toute chose qui sera prise en compte par une autre appréhension d'obédience minoritaire.

Dans cette nouvelle approche, Rouland, Pierre-Caps et Poumarède (1996) mettent l'accent sur l'identité allochtone qui diffère de celle autochtone. Ils pensent que, contrairement à l'identité autochtone qui est substantielle et primordiale, l'identité allochtone tient à des référentiels obligés qui sont subjectifs par rapport au groupe autochtone. A cet effet, ils affirment que l'identité allochtone « est instrumentale et subjective. Elle correspond à des réinterprétations du passé, aux sélections de séquences chronologiques opérées à l'époque ».

Relativement à ces auteurs, Gnabeli (2008) voit en cette catégorie, un groupe minoritaire, une sorte de population dominée. Ainsi, il note que « c'est dans le champ politique villageois que l'idéologie de l'allogénie va fonctionner pour désigner des positions légitimes de dominés à l'égard des dominants (autochtones) ». Ceci pour désigner la dysproportionnalité dans les rapports de nombre, de force, d'ancrage culturel de ces peuples d'avec la population autochtone.

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Nous opterons pour une définition qui serait au confluent de ces deux approches (distinctive et minoritaire). Nous pensons que la prise en compte de ces deux aspects pourrait véritablement permettre d'aiguiser la compréhension de ce concept selon l'orientation que nous souhaitons lui donner dans ce texte.

Ainsi, nous appelons « allochtones », des peuples ou groupes ethniques installés depuis peu de temps sur un territoire donné, et qui, tout en constituant une minorité par rapport à la population tutrice, se réclame d'une identité subjective par rapport à celle du référentiel autochtone.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard