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Cosmétiques pour hommes et génération Z. Ancrage théorique et modélisation de comportements pérennes et réplicables.


par Chloé COMPTE
Groupe Sup de Co La Rochelle - Master ESC 2016
  

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2.2. Le marché français des cosmétiques

Le secteur des cosmétiques est un marché porteur de l'économie française puisqu'il est le 3ème secteur d'exportation, pesant plus de 9 milliards d'euros. Les produits « made in France » sont perçus comme d'une grande qualité et incarnent le savoir-faire « à la française » (Fédération des Entreprises de la Beauté, 2015). La moitié des exportations françaises de produits cosmétiques restent dans le territoire européen, les plus gros clients de la France sont l'Allemagne, ainsi que le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Italie. Les Etats-Unis sont également très friands des produits de beauté français, et profitent de la dépréciation de l'euro pour faire leurs achats et ainsi réaliser plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires avec la France (Premium Beauty News, 2016).

Les cosmétiques français rencontrent un franc succès à l'étranger et leurs exportations s'élèvent à 11,8 milliards d'euros en 2014, soit une progression de 4,4 % selon la Fédération des Entreprises de la Beauté. Les produits de soin et les parfums sont les plus demandés à l'étranger et représentent les trois quarts des exportations. Le maquillage est en pleine expansion et les exportations sont en hausse de 13 % en moyenne (Belloir, 2016). La moitié des produits made in France sont exportés en Europe, et le premier client est l'Allemagne suivi par les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Italie selon le rapport d'activité 2015 de la FEBEA.

Selon un dossier spécial sur les produits d'hygiène et de beauté publié par le périodique LSA en juin 2015, il s'avère que la concurrence devient de plus en plus rude entre les grands acteurs du secteur des cosmétiques. La guerre des prix est engagée entre les grandes et moyennes surfaces et les hard discounter tels que Lidl avec sa marque Cien. Pour pallier la baisse des ventes en volume de 2015, les enseignes abusent des promotions pour augmenter le panier moyen des acheteurs qui passe de 9,90 euros en temps normal contre 14,90 euros lors d'opérations promotionnelles. Les opérations semblent porter leurs fruits puisque les consommateurs achètent pratiquement 6 produits en 2 actes d'achat en période de promotion.

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Cette stratégie engendre chez le consommateur une habitude des prix toujours plus réduits qui attendent désormais les remises immédiates pour faire leurs achats. Selon Kantar Worldpanel, près de la moitié des ménages français profitent des opérations promotionnelles pour faire leurs achats d'hygiène beauté et un produit sur deux est acheté en promotion pendant ces opérations. Le budget moyen annuel des ménages alloué à l'hygiène et à la beauté a régressé de 12 euros entre 2010 et 2014, tandis que le nombre de produits a quant à lui augmenté. En 2014, un ménage français avait un budget moyen annuel de 234 euros et achetait près de 66 produits alors qu'avec le même budget il en achetait 64 l'année précédente (Belloir, 2015). La fréquence d'achat a elle aussi progressé et est passée de 15,7 passages en caisse contre 16,4 en 2016. Les Français réduisent de plus en plus leur budget cosmétique, et pas seulement dans les grandes et moyennes surface (figure 3), tous les circuits sont touchés. En trois ans, la consommation de cosmétiques a changé, et la guerre des prix a permis aux consommateurs de réduire leurs dépenses tout en achetant plus de produits. Les jeunes, entre 15 et 24 ans sont ceux qui ont le plus réduit leur budget, avec 16 euros en moins en moyenne, mais achètent tout de même 0,5 produit en plus. Tandis que les jeunes réduisent leurs passages en caisse, les plus de 65 ans quant à eux, même si leur budget s'est serré de 7 euros, achètent près de deux produits en plus et réalisent pratiquement un acte d'achat en plus.

Figure 3. Evolution du budget annuel, de la taille du panier et de la fréquence d'achats en
hygiène-beauté, tous circuits, 2015 vs 2012

(Belloir, Une année terne pour l'hygiène-beauté, 2016 d'après Kantar Worldpannel)

Les Français sont particulièrement friands des produits de beauté et de soin, des parfums et des produits d'hygiène (figure 4). Ces trois types de produits représentent à eux seuls près de 65 % du marché français des cosmétiques.

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Figure 4. Ventes de produits par catégories en 2015 (en euros)
(Fédération des entreprises de la beauté, Rapport d'activité 2015)

Les séniors représentent la moitié du marché des produits de beauté selon une enquête réalisée par Profils Sénior. Un individu est considéré comme sénior une fois qu'il a dépassé 50 ans. Ils réalisent à eux seuls 40 % de la consommation des crèmes pour les mains et 38 % de soins pour le visage.

Pour faire leurs achats, les français privilégient les grandes et moyennes surfaces, et la distribution sélective, comme les parfumeries par exemple (figure 5). En ce qui concerne les produits de beauté exclusivement masculins vendus en grande distribution, c'est Procter & Gamble qui détient la palme avec 29 % de parts du marché français, grâce à sa marque phare Gilette, qui propose la panoplie des produits de soin pour hommes. Unilever détient 12 % des parts de marché grâce aux gammes masculines de ses marques Axe, Rexona et Dove (Pharma Beauté Mag, 2016). Les ventes de produits cosmétiques en pharmacie ne représentaient que 8 % de leur chiffre d'affaires en moyenne en 2009 (LSA, 2010). Les références des produits de beauté vendus en pharmacie, appelés « dermo-cosmétiques » concernent majoritairement des produits de beauté féminins, et des produits solaires et répulsifs (Le Parisien, 2013).

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Figure 5. Vente de produits par circuit (en euros)
(Fédération des entreprises de la beauté, Rapport d'activité 2015)

On remarque cependant un grand ralentissement des ventes en GMS, une baisse de 6,7 % du chiffre d'affaires en avril 2016 par rapport à la même période en 2015. Pour relancer les ventes, les GMS décident de relooker leurs rayons d'hygiène-beauté en favorisant une ambiance propice à l'achat, et en incitant les clients à passer plus de temps dans les rayons (Belloir, 2016). L'offre se fait plus étendue qu'auparavant, et les emballages sont débarrassés de leur blister pour favoriser les achats d'impulsion. Un dossier spécial sur les rayons hygiène-beauté des GMS publié en juin 2016 par le périodique LSA, nous apprend que E. Leclerc a développé son rayon beauté à l'image des rayons des magasins spécialisés et d'ici fin 2016, 107 magasins seront relookés à l'image de ce nouveau concept. Le réseau de magasins de proximité Franprix a lui aussi développé son rayon de cosmétiques et propose en exclusivité la marque professionnelle Jean Marc Joubert, spécialisée dans les produits capillaires. Depuis le début du mois de mai, l'enseigne propose des cosmétiques de la marque Miss Cop. Auchan quant à lui a complètement revu sa propre marque. A l'origine nommée « Auchan Beauty », la marque va désormais s'appeler « Cosmia » et proposera des produits de soin naturels. La chaîne Intermarché a organisé sa première « Ladies Night » dans 60 magasins en mars dernier, où pas moins de 1 800 clientes ont eu l'opportunité se faire maquiller, coiffer, masser, le tout en dégustant une coupe de champagne. Géant a imaginé son rayon beauté totalement séparé du rayon hygiène, la beauté étant d'avantage mise en avant dès l'entrée du magasin, alors que l'hygiène se trouve plutôt au fond. L'enseigne a testé ce concept dans son magasin d'Amiens, le rayon propose 3 000 références dans 170m2 et des conseillères sont désormais présentes pour guider les consommateurs (Belloir, 2016). De nombreuses enseignes élargissent leur offre de

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produits cosmétiques, et surtout de maquillage, pour pallier la régression des ventes par rapport à l'an dernier. Les références se font nombreuses, des conseillères font leur apparition et les rayons s'inspirent de plus en plus des parfumeries. C'est le cas pour quelques magasins de l'enseigne Carrefour à Madrid, qui se sont fortement inspirés de la marque Sephora, en utilisant le noir et le blanc, en mettant à disposition six conseillères en permanence, et en disposant des testeurs pour les produits (Belloir, 2016).

Les profonds changements mis en place dans les rayons des grandes et moyennes surfaces ne concernent que l'univers féminin, soit le maquillage et les produits de beauté. Le rayon homme, en revanche, à l'hygiène et aucune réorganisation du rayon masculin n'est prévue.

2.3. Les cosmétiques naturels et biologiques

On assiste à une réelle montée en puissance des cosmétiques biologiques et naturels ces dernières années. Les cosmétiques dit « normaux » sont montrés du doigt en raison de la présence de certains ingrédients très controversés. L'Observatoire des Cosmétiques a mené son enquête en juin 2015 auprès des internautes sur ces ingrédients qui créent la polémique. Parmi les ingrédients cités par les interrogés, on retrouve en tête les parabènes, suivis par les sels d'aluminium, les silicones et les filtres anti-UV. Certains conservateurs se sont avérés être des perturbateurs endocriniens voire cancérigènes. Pour les trois quarts des consommateurs, un produit cosmétique qui ne contient aucun ingrédient controversé est plus séduisant que les autres produits. Les polémiques diverses quant aux ingrédients des produits cosmétiques ont fait naître une grande vigilance chez les consommateurs qui désirent désormais revenir à des produits plus « sains ». Le cabinet Kline estime que le marché mondial des cosmétiques naturels progressera de 10 % par an jusqu'en 2019. Selon l'organisme Kantar Worldpannel, un Français sur trois achète des cosmétiques bio, avec une moyenne de deux actes d'achat avec trois produits par an. L'achat reste donc occasionnel, et il est difficile de déterminer un profil type de consommateur, néanmoins, les jeunes achètent moins de produit de beauté biologiques que leurs aînés. Le marché des cosmétiques biologiques progresse de 7 % en moyenne par an, ce qui surpasse de loin les performances du marché dit « traditionnel ». Les produits de beauté biologiques ne représentent que 3 % du marché global des cosmétiques (Belloir, 2015).

La moitié de l'offre de produits biologiques se trouve dans les réseaux spécialisés (figure 6), les pharmacies et les parapharmacies, et 66 % des achats se font via les magasins bio et 55 % via les pharmacies et les parapharmacies. A l'inverse, ces produits sont peu présents dans les

grandes et moyennes surfaces, mais réalisent tout de même 36 % des ventes. La présence d'un label indépendant sur un produit proposé en grandes et moyennes surfaces a tendance à rassurer le consommateur. Le label Cosmébio est connu par 96 % des internautes de l'Observatoire des Cosmétiques. Les consommateurs de produits cosmétiques ont plusieurs destinations d'achats, mais privilégient les magasins spécialisés. Internet représente 47 % des achats de produits cosmétiques. Parmi les produits préférés des internautes, on retrouve les soins du visage, les produits d'hygiène corporelle et les soins du corps (Belloir, 2015).

9%

13%

21%

7%

25%

25%

Réseau spécialisé bio pharmacies, parapharmacie Vente par correspondance Instituts, salons

Autres (sélectif, vente à domicile...)

GMS

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Figure 6. Répartition en %, de l'offre de produits bio par circuit de distribution en 2014, en

France

(Source : Cosmébio pour LSA, 2015)

De nombreux termes sont utilisés pour caractériser les produits biologiques ou naturel, on les appelle « bio, naturel, respectueux de l'environnement, éthique... ». Selon Philippe Jourdan, dirigeant de Promise Consulting, toutes ces appellations ajoutées au grand nombre de labels peuvent créer une confusion dans l'esprit des consommateurs et peut s'avérer être un frein dans le développement de ce type de cosmétiques. Même si le bio reste une niche, il offre de belles perspectives de croissance, et tend à se développer.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle