1.2. Répertoire linguistique
Comme nous l'avons précisé plus haut, nos
enquêtés ne partagent pas la même langue maternelle, par
contre nous savons qu'ils sont issus de pays d'Afrique francophone, ainsi pour
connaître leurs langues maternelles, lesquelles peuvent
générées des créativités lexicales, nous
leur avons posé l'unique question :
? quelle est votre langue maternelle ?
La langue maternelle, est la première langue que l'on
acquiert à la maison avec les parents et particulièrement avec la
maman. Elle est donc apprise de façon naturelle et spontanée.
Figure 5 : langue maternelle des
enquêtés
kituba
8%
|
Langues maternelles
soninké
tamacheq
4%
24%
songhay
12% lingala
4%
bambara
peulh 24%
4% haussa
20%
|
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La langue tamasheq et le bambara constituent quarante-huit
pour cent (48%) de nos enquêtés et se répartissent à
part égal vingt-quatre pour cent (24%) chacune. Le haussa occupe la
deuxième place avec vingt pour cent (20%) au-dessus des autres langues
qui se présentent avec seulement vingt-huit pour cent (28%) de
chiffrage, (songhay (12%) ; kituba (08%) ; lingala (04%) ; peulh (04%).
Nous n'avons pas jugé nécessaire de formuler une
seconde question sur la connaissance des langues étant donné que
notre public d'enquêtés, viennent tous de pays francophones et
donc ont comme langue seconde le français. Par ailleurs, c'est la partie
qui constitue l'objet de notre étude (la langue française).
1.3. Pratiques linguistiques
La tâche que nous nous sommes imposée afin
d'analyser les pratiques langagières de nos enquêtés repose
sur le choix linguistique de ces derniers. C'est pourquoi, les questions qui
ont été posées à nos enquêtés
consistent à dégager les lexies néologiques
(créativités lexicales) dont ils font usage dans leur
conversations quotidiennes et de savoir quelles sont les raisons qui les
poussent à recourir à cette méthode
(néologisme).
Ainsi, les questions se répartissent comme suit :
? Faites-vous recours aux créations lexicales
(néologismes) ?
Il s'agit de savoir si les enquêtés en questions
emploient des néologismes dans leurs conversations ou non. Dans le cas
échéant il serait inutile de remplir le questionnaire car seuls
les enquêtés qui font recours aux créations lexicales, font
objet de notre étude.
? Si oui, lesquelles ?
Ceci, permettrait de recueillir toutes les lexies
utilisées par nos enquêtés. Celles-ci, sont censées
être des mots nouveaux (néologismes) pratiqués par les
enquêtés et qui vont nous servir de corpus d'étude.
? Qu'est-ce qui vous contraint (pousse) à les employer
?
Selon cette question, l'idée est de connaître la
raison de l'émission de ces lexies nouvelles dont se servent les
étudiants. Est-ce dans le but de faire passer un
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message ; par manque de compétence linguistique ou par
simple jeu de mots ? De ce fait, nous avons rencontré plusieurs raisons
émanant des réponses données par les enquêtés
:
Pour les enquêtés (E1 ; E2 ; E3 : E16 ; E18 ; E19
; E23 et E25), le recours aux créations lexicales rend le contenu de
l'énoncé plus drôle et amusant. Ils avancent ainsi :
E1 : « pour le fun, ça permet de plaisanter entre
amis ».
E2 : « [...] amusant et facile pour moi...
»
E3 : « pour une communication plus amusante
»
E16 : « [...] j'utilise ces mots car c'est amusant,
mais des fois pour éveiller la curiosité de mon interlocuteur
(pour des nouveaux mots)... »
E18 : « [...] quand il m'arrive de les utiliser, je
trouve ça magnifique et très amusant »
E19 : « [...], d'un autre côté pour rendre
le contenu plus drôle »
E23 : « par le simple plaisir, nous le faisons pour
rigoler, souvent aussi nous le faisons juste pour avoir notre propre langage
»
Pour les enquêtés (E2 ; E6 ; E7 ; E20 ; E22 ; E24
; E25), il s'agirait d'un moyen assurant l'intercompréhension entre les
amis/es et servant également d'identification entre les individus de la
nouvelle génération. Cela, leur permet de rester à jour
dans leur époque et simultanément de faire obstruction à
la norme.
Les enquêtés (E8 ; E9 ; E11 ; E17), trouvent la
création lexicale facile d'emploi « ils sont facile à
employé [...] »61, et qu'il est question de mots
codés que l'on communique sans qu'ils ne soient compris par les autres
« c'est des mots codés la plupart de temps pigés par les
initiés »62, « [...] et aussi pour pouvoir
communiquer sans que les autres ne puissent comprendre ce que nous disons...
»63. Et dont ils se servent pour restreindre leur cercle
d'amis/es « je les utilise pour limiter mon cercle
62 Termes employés par
l'enquêté « E8 »
61 Termes employés par
l'enquêté « E11 »
63 Termes employés par
l'enquêté « E17 »
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d'interlocuteurs [...] »64, ce qui
permettrait également une compréhension rapide « [...],
et pour une compréhension rapide »65. Les
enquêtés (E4 et E5), ajoutent à ces raisons :
E4 : « pour mieux passer le message. Se sentir
à l'aise avec les gens. Pour passer un message clé entre nous
»
E5 : « quelques fois c'est pour faire passer le
message à bien, afin que mon interlocuteur me comprenne »
D'après ces enquêtés (E10 ; E13 ; E14 ;
E15), la société et l'entourage ne passent pas inaperçu
face aux créativités lexicales. L'une des raisons qui incitent
les étudiants à faire recours aux néologismes serait le
milieu côtoyé et l'influence sociale.
E10 : « le milieu et les personnes avec lesquelles je
suis amené cottoyé quotidiennement »
E13 : « primo, c'est la société, mais
on fait aussi recours à la comédie visionner dans les chaines de
télévision »
E14 : « l'entourage, la société
»
E15 : « l'évolution sociétale de la
linguistique, l'influence du rap, le niveau de compréhension de
l'interlocuteur, l'influence de la jeunesse sur le rap »
En dépit des raisons de créations lexicales
citées supra, diverses contraintes peuvent paraître comme chez ces
enquêtés : E16 « [...] pour paraître juste cool
(pour les mots inversés) auprès d'un groupe de personnes
» ; E19 « pour diversifier et enrichir mon vocabulaire
» ; E21 « ça permet le développement et
l'enrichissement d'un dialogue entre les individus et aussi de s'exprimer
librement ».
65
64 Termes employés par
l'enquêté « E9 »
«E11», op. cit. p.23
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