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Les changements climatiques et insécurité.


par Mohamed Assaleh Ag Mohamed Alkhamis
Université de Bamako  - Maîtrise de sociologie 2017
  

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5.1.1.2 Impacts des changements sur le pastoralisme

La baisse des précipitations dans les régions sahéliennes reconnue comme zones de pastoralismes par excellence entraîne à la fois un problème 18 de sous-production fourragère et un manque d'eau pour l'abreuvement du bétail. Aussi les impacts négatifs sur la dynamique spatiotemporelle des mares, perturbent les axes de transhumance, les sites de campement des éleveurs et l'équilibre des écosystèmes.

Cette situation entraîne une transhumance assez importante caractérisée par un déplacement massif du bétail vers les zones plus humides. Tous ces facteurs concourent à exacerber les conflits entre exploitants agricoles et éleveurs. Par ailleurs, ce nouvel environnement climatique serait favorable à la recrudescence de maladies animales climato-sensibles.

Les sécheresses fréquentes, plus que tout autre facteur, ont contribué à fragiliser davantage les écosystèmes, les rendant plus vulnérables à la moindre perturbation et accélèrent le rythme de dégradation des ressources biologiques.

Les déficits hydriques qui en ont résulté, ont entraîné une réduction de la production primaire, une modification de la structure du couvert végétal et une réduction massive de la faune sauvage et du cheptel.

Des raids de bétail meurtriers ont toujours périodiquement été menés entre groupes d'éleveurs

transhumants pour l'accès aux pâturages ou aux points d'eau stratégiques ; certains affrontement pouvant faire jusqu'à une dizaine de morts. Bien que directement liés aux pratiques pastorales et aux conséquences des changements climatiques qui qui engendrent un climat de plus en plus hostile, ils sont souvent traités en termes identitaires voire instrumentalisés par quelques leaders politiques au sein de débats nationaux fortement marqués par l'ethnicité.

Avant que les conditions ne deviennent difficiles à cause des changements climatiques ces dernières décennies, les pasteurs nouaient des alliances avec les autorités traditionnelles des agriculteurs pour s'approvisionner en céréales et faciliter leurs transhumances et ceci n'est plus possible à cause de la rareté des ressources naturelles.

Cependant, tandis que les agriculteurs ouvrent davantage de fronts de colonisation sur les espaces pastoraux et capitalisent plus dans l'élevage, les pasteurs diversifient leur économie en s'impliquant désormais dans l'agriculture. Cette intégration modifie les termes des échanges socio-économiques, constitue par endroit une contrainte majeure à la mobilité animale, et est à l'origine d'une compétition relativement inédite entre agro-pasteurs et agriculteurs.

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18 Voir le bulletin mensuel (octpbre 2010) du centre regional selon par Issa GARBA, expert en pastoralisme, Centre Régional AGRHYMET

Les changements climatiques ont engendré des nouveaux types de conflits, sur lesquels les institutions traditionnelles n'ont aucune prise, apparaissent avec plus d'intensité.

Ces dernières années, le Nord Mali a connu une crise sans précédent et face aux crises sécuritaires, les pasteurs modifient soudainement leurs parcours vers des couloirs qu'ils connaissent peu, dans lesquels ils ne disposent pas de réseaux sociaux ou d'alliances négociées avec les communautés résidentes, multipliant les risques d'affrontements.

Les CC accentuent la concentration des cheptels et la pression sur les ressources.

Ce dialogue de sourd qui existe entre éleveurs et agriculteurs exacerbe les tensions déjà vives à cause des disputes des terres arables qui sont de plus en plus limitées à cause des changements climatiques sans précédents.

En 2017, des tensions entre les pasteurs de village de Gargando et les agriculteurs de la lac Horo ont éclaté, à cause de la descente des pasteurs de la commune rurale de Gargando plus au Sud dans le horo (suite à une mauvaise pluviométrie) à la recherche de pâturages.

Les changements climatiques avec leur de conséquences ont poussé les pasteurs à s'armer pour protéger leur bétail qui sont pris constamment pour cibles par des voleurs. Cette militarisation des transhumances contribue à l'escalade de la violence, ou du moins renforce le sentiment d'insécurité et l'instabilité dans des zones déjà fragiles. De grands troupeaux sont désormais escortés par des professionnels, lourdement armés, équipés de technologies modernes de communication, qui font fi des codes pastoraux traditionnels et des accords établis localement, et menacent les agriculteurs comme ce fut le cas très récemment au Faty où les éleveurs armés ont contraint sous la puissance de leurs armes à paître leurs animaux de force dans les champs et ce qui conduisit les antagonistes à un affrontement sanglant.

La récente diffusion d'armes à feu parmi les transhumants fait craindre le trafic d'armes, la banalisation de leur location aux criminels et rebelles, et augmente encore la demande chez les pasteurs. Poussés par l'insécurité, ils ont tendance à s'orienter vers certaines zones grises et espaces frontaliers enclavés, vastes territoires longtemps marginalisés, caractérisés par de faibles densités de population et où les États exercent un contrôle extrêmement faible.

Les pasteurs armés sont difficiles à distinguer des groupes armés, et leurs interactions présumées avec les groupes rebelles les désignent comme protagonistes actifs des conflits.

Cependant, il faut analyser l'adaptabilité s institutions traditionnelles, qui (compte-tenu des changements de climatiques, de la pression démographique et du rythme de renouvellement générationnel des populations de pasteurs) doivent pouvoir répondre aux aspirations des nouvelles générations d'éleveurs, en termes de gouvernance, de services et de représentativité, pour retrouver une légitimité fondée sur de nouvelles compétences et sur leur capacité à dialoguer avec les administrations.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault