5.1.1.2 Impacts des changements sur le pastoralisme
La baisse des précipitations dans les régions
sahéliennes reconnue comme zones de pastoralismes par excellence
entraîne à la fois un problème 18 de
sous-production fourragère et un manque d'eau pour l'abreuvement du
bétail. Aussi les impacts négatifs sur la dynamique
spatiotemporelle des mares, perturbent les axes de transhumance, les sites de
campement des éleveurs et l'équilibre des
écosystèmes.
Cette situation entraîne une transhumance assez
importante caractérisée par un déplacement massif du
bétail vers les zones plus humides. Tous ces facteurs concourent
à exacerber les conflits entre exploitants agricoles et éleveurs.
Par ailleurs, ce nouvel environnement climatique serait favorable à la
recrudescence de maladies animales climato-sensibles.
Les sécheresses fréquentes, plus que tout autre
facteur, ont contribué à fragiliser davantage les
écosystèmes, les rendant plus vulnérables à la
moindre perturbation et accélèrent le rythme de
dégradation des ressources biologiques.
Les déficits hydriques qui en ont
résulté, ont entraîné une réduction de la
production primaire, une modification de la structure du couvert
végétal et une réduction massive de la faune sauvage et du
cheptel.
Des raids de bétail meurtriers ont toujours
périodiquement été menés entre groupes
d'éleveurs
transhumants pour l'accès aux pâturages ou aux
points d'eau stratégiques ; certains affrontement pouvant faire
jusqu'à une dizaine de morts. Bien que directement liés aux
pratiques pastorales et aux conséquences des changements climatiques qui
qui engendrent un climat de plus en plus hostile, ils sont souvent
traités en termes identitaires voire instrumentalisés par
quelques leaders politiques au sein de débats nationaux fortement
marqués par l'ethnicité.
Avant que les conditions ne deviennent difficiles à
cause des changements climatiques ces dernières décennies, les
pasteurs nouaient des alliances avec les autorités traditionnelles des
agriculteurs pour s'approvisionner en céréales et faciliter leurs
transhumances et ceci n'est plus possible à cause de la rareté
des ressources naturelles.
Cependant, tandis que les agriculteurs ouvrent davantage de
fronts de colonisation sur les espaces pastoraux et capitalisent plus dans
l'élevage, les pasteurs diversifient leur économie en
s'impliquant désormais dans l'agriculture. Cette intégration
modifie les termes des échanges socio-économiques, constitue par
endroit une contrainte majeure à la mobilité animale, et est
à l'origine d'une compétition relativement inédite entre
agro-pasteurs et agriculteurs.
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18 Voir le bulletin mensuel (octpbre 2010) du centre regional
selon par Issa GARBA, expert en pastoralisme, Centre Régional
AGRHYMET
Les changements climatiques ont engendré des nouveaux
types de conflits, sur lesquels les institutions traditionnelles n'ont aucune
prise, apparaissent avec plus d'intensité.
Ces dernières années, le Nord Mali a connu une
crise sans précédent et face aux crises sécuritaires, les
pasteurs modifient soudainement leurs parcours vers des couloirs qu'ils
connaissent peu, dans lesquels ils ne disposent pas de réseaux sociaux
ou d'alliances négociées avec les communautés
résidentes, multipliant les risques d'affrontements.
Les CC accentuent la concentration des cheptels et la pression
sur les ressources.
Ce dialogue de sourd qui existe entre éleveurs et
agriculteurs exacerbe les tensions déjà vives à cause des
disputes des terres arables qui sont de plus en plus limitées à
cause des changements climatiques sans précédents.
En 2017, des tensions entre les pasteurs de village de
Gargando et les agriculteurs de la lac Horo ont éclaté, à
cause de la descente des pasteurs de la commune rurale de Gargando plus au Sud
dans le horo (suite à une mauvaise pluviométrie) à la
recherche de pâturages.
Les changements climatiques avec leur de conséquences
ont poussé les pasteurs à s'armer pour protéger leur
bétail qui sont pris constamment pour cibles par des voleurs. Cette
militarisation des transhumances contribue à l'escalade de la violence,
ou du moins renforce le sentiment d'insécurité et
l'instabilité dans des zones déjà fragiles. De grands
troupeaux sont désormais escortés par des professionnels,
lourdement armés, équipés de technologies modernes de
communication, qui font fi des codes pastoraux traditionnels et des accords
établis localement, et menacent les agriculteurs comme ce fut le cas
très récemment au Faty où les éleveurs armés
ont contraint sous la puissance de leurs armes à paître leurs
animaux de force dans les champs et ce qui conduisit les antagonistes à
un affrontement sanglant.
La récente diffusion d'armes à feu parmi les
transhumants fait craindre le trafic d'armes, la banalisation de leur location
aux criminels et rebelles, et augmente encore la demande chez les pasteurs.
Poussés par l'insécurité, ils ont tendance à
s'orienter vers certaines zones grises et espaces frontaliers enclavés,
vastes territoires longtemps marginalisés, caractérisés
par de faibles densités de population et où les États
exercent un contrôle extrêmement faible.
Les pasteurs armés sont difficiles à distinguer
des groupes armés, et leurs interactions présumées avec
les groupes rebelles les désignent comme protagonistes actifs des
conflits.
Cependant, il faut analyser l'adaptabilité s
institutions traditionnelles, qui (compte-tenu des changements de climatiques,
de la pression démographique et du rythme de renouvellement
générationnel des populations de pasteurs) doivent pouvoir
répondre aux aspirations des nouvelles générations
d'éleveurs, en termes de gouvernance, de services et de
représentativité, pour retrouver une légitimité
fondée sur de nouvelles compétences et sur leur capacité
à dialoguer avec les administrations.
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