3. PROBLEMATIQUE
Pour qu'il y ait problématique, il faut que l'on se
soit entendu sur l'existence d'un problème à solutionner.
Raymond Quivy et L.V Campenhoudt12
définissent la problématique comme une annonce de projet de
recherche sous forme d'une question de départ par laquelle le
10 I. Jacquet, Développement au
masculin/féminin : le genre outil d'un nouveau concept, Paris, Le
Harmattan, 1995, p.27.
11 P. Kaganda Mulumeoderhwa, Violences sexuelle
envers la femme et la stabilité de la famille en période de
guerre en RD Congo, in Analyses sociales, Vol.12, Numéro
unique, janvier-décembre 2004.
12 R. Quivy et Campenhoudt, Manuel de recherche en
sciences sociales, Paris, Dumond, 1988, p.22.
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chercheur doit exprimer le plus exactement possible, ce qu'il
cherche à savoir, à évaluer, à étudier et
à mieux comprendre.
De nos jours, l'épineuse question du droit de la femme
constitue une préoccupation majeure.
En effet, par son ampleur et sa progression rapide mais aussi
par la menace sérieuse qu'il fait peser sur la stabilité
socio-économique, le droit des femmes constitue l'un de tous premiers
défis du continent africain. Cette question de la femme est
traitée avec dextérité partout dans le monde car c'est un
élément de la famille, base de la société et source
de toute vie, dont la constitution et les instruments juridiques internationaux
des droits des femmes font l'objet de priorité en matière de
protection et d'assistance.
En RDC, tout comme sur le continent africain en
général, la femme a été l'objet d'une chosification
durant plusieurs années, surtout pendant la colonisation. La situation
des femmes de la province du Sud-Kivu est encore plus grave et ne peut
être comparée avec celle des femmes des Etats unis
d'Amérique, du Canada ou de la France en raison de viol, violences
sexuelles et autres pratiques néfastes dont elles sont victimes dans
différents coins et village de la province. Ces problèmes
paraissent dans la plupart de cas comme les héritages des guerres
successives survenues dans la région et dont malgré tout, le
gouvernement congolais était censé s'impliquer pour mettre fin
à ces pratiques dont les femmes du Sud-Kivu sont victimes, et cela tel
que garanti par le protocole de Maputo.
La femme et la fille Sud-Kivutienne sont prises dans cet
engrenage dans la mesure où certaines personnes pensent par exemple que
scolariser une fille, c'est perdre inutilement son économie. Cela dans
le cadre de la célèbre expression très vécu
à Bukavu « la scolarité de la jeune fille a comme
finalité à la cuisine ».
Plusieurs femmes n'accèdent pas aux instances de prise
de décision vu leur statut de femme. D'autres par contre, se
sous-estiment elles-mêmes de part ce que dit la société
bukavienne sur la femme qu'elle ne peut rien, qu'elle est incapable.
Se référant à tout cela, une analyse
exhaustive et systématique des faits permettra de comprendre la
situation actuelle des femmes, leurs plaidoyers pour qu'elles puissent
bénéficier de la protection et du droit consacrés par le
protocole à la charte africaine des droits de l'homme et des peuples
relatif aux droits des femmes et autres lois et conventions internationales
tels que ratifiés par la RDC.
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Dans le cadre de notre étude sur le protocole de Maputo
certaines questions s'imposent à nos investigations.
Elles peuvent être formulées de la manière
suivante :
- La question qui se pose est celle de savoir comment est-ce
que les femmes de la RDC en général et celles du Sud-Kivu en
particulier militent pour l'application effective du protocole de Maputo ?
-L'autre question découle de la
précédente et vise à savoir quelle lecture faire du
protocole de Maputo quinze ans après son adoption par l'Union Africaine
face aux instruments juridiques congolais des protections des droits de la
femme ?
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