SIGLES ET ABREVIATIONS
ADJM : Action pour le développement de la jeunesse et de
la femme ;
AFEM : Association de Femmes de Média ;
Av.JC : Avant Jésus-Christ ;
CADHP : Commission Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples
;
CAFCO : Cadre de Concertation de la Femme du Congo ;
CCF : Commission de la Condition de la Femme ;
CEDEF : Convention pour l'Elimination de toutes Discriminations
à l'Egard des
Femmes ;
CENI : Commission Electorale Indépendante ;
CNS : Conseil National Souverain ;
CONAFED Comité national femme et développement ;
ECOSSOC : Conseil Economique et Social ;
FABACO : Femmes de l'Alliance des Bakongo ;
FAF : Femme Au Fone ;
DIH : Droit International Humanitaire ;
DIP : Droit International Public ;
DUDH : Déclaration Universelle de Droit de l'Homme ;
IPPF: International Planned Parenthood Federation;
MGF : Mutilations Génitales Féminines ;
MNC : Mouvement National du Congo ;
ONG : Organisation Non Gouvernementale ;
ONU : Organisation des Nations Unies ;
OUA : Organisation de l'Unité Africaine ;
UA : Union Africaine
RDC : République Démocratique du Congo ;
SCAEM ; Conférences Episcopales d'Afrique et de
Madagascar
1
INTRODUCTION
1. PRESENTATION DU SUJET
Ce travail porte sur les actions de plaidoyers des
organisations féminines du Sud-Kivu pour l'application effective du
protocole à la charte africaine des droits de
l'homme et des peuples relatifs aux droits des femmes ; dit
protocole de Maputo.
Il porte également sur les droits de la femme au
Sud-Kivu. Il s'assigne un objectif global qui consiste à étudier
les mécanismes mis en place par ces organisations et mouvements des
femmes en vue de défendre les droits de la femme au Sud-Kivu
relativement aux garanties que fourni le protocole de Maputo.
A ce titre, cette étude est une contribution à
la théorie de défense des droits de la femme. Il est pour nous
question de montrer en quoi les actions des mouvements des femmes du Sud-Kivu
contribuent, dans leurs actions de plaidoyers, dans l'application dudit
protocole mais aussi dans la promotion politique, économique et sociale
de la femme sur toute l'étendue de la province.
2. ETAT DE LA QUESTION
Nous ne sommes pas avouons-le, le premier à aborder un
sujet sur le protocole de Maputo. Ce protocole a déjà fait
l'objet des divers ouvrages, quand bien même la présente analyse
revêt une originalité propre.
En effet, plusieurs travaux, mémoires, revues,
conférences, émissions ont porté sur le protocole de
Maputo. Il nous revient de mener une démarche différente et
complémentaire qui s'est orienté dans différents aux
plaidoyers des organisations féminines, qui fait ainsi l'objet de notre
recherche.
En lisant certains travaux, revues, articles, accords ayant
trait à notre sujet de recherche, certains auteurs, travaux,
mémoires, revues et publications des ONG ont particulièrement
attiré notre attention. C'est entre autre :
- Henri Mendras1 montre
qu'étudier la différence entre un homme et une femme est l'un des
problèmes majeurs de toute civilisation et les solutions sont
extrêmement variées. Selon l'argument de sens, la
différence biologique est la cause de la différence sociale et il
ne faut pas chercher plus loin : partout les femmes sont des
1 H. Mendras, Eléments de sociologie,
Paris, éd. Armand Colin, 2004, p.31.
2
femmes et les hommes sont les hommes ; il est donc naturel que
les sociétés reconnaissent et institutionnalisent cette
différence biologique. Les tenants du biologisme argumentent que les
modèles sexuels nous viennent des primates qui étaient des
chasseurs, or les premiers hommes ayant vécu de la chasse pendant de
millions d'années, le dix mil ans récents où la chasse
n'est plus le seul moyen de se nourrir, ont été trop courts pour
modifier les différences physiques acquises précédemment.
Pour l'auteur, c'est un fait que dans toutes les sociétés connues
les hommes et les femmes n'accomplissent pas les mêmes taches et
n'assument pas les mêmes responsabilités. Le plus souvent, la
séparation est totale.
Homme et femme peuvent remplir des rôles
complémentaires mais ne coopèrent dans une même tache.
D'où l'on tire la conclusion selon laquelle la prééminence
masculine est universelle. L'argument du pouvoir dans le groupe domestique, les
lignages, le travail et la vie sociale et politique doivent être pris en
compte et le meilleur inducteur du rapport d'inégalité entre
homme et femme est sans doute les coutumes successorales : transmission de
biens et de l'identité. Dans toutes les sociétés connues,
les taches masculines et féminines sont complètement
séparés ; jamais un homme n'accomplira une tache féminine
et réciproquement.
La société contemporaine est la première
à établir en principe que, que tous les rôles sociaux
peuvent être accomplis indifféremment par les hommes et les
femmes. L'auteur a le mérite d'avoir souligné l'influence
biologique sur le social même si aujourd'hui dans la
société actuelle avec les idéologies féministes
l'on veut dire qu'il y a des taches réservées aux hommes et
celles réservées aux femmes.
-Monique Piettre soutient que pendant des
longs siècles, c'est la femme qui assumant la plupart des travaux
agricoles. Tout d'abord parce que c'est elle qui avait été
l'investigatrice, mais plus encore de la puissance de vie dont elle
était dépositaire et qui ne pouvait qu'être favorable
à la fertilité des champs.2 Le rapport qui existe
entre cette étude et les écrits de Monique est d'ordre
antimonique, car l'auteur doit savoir qu'avant de cultiver un champ, un grand
travail est celui de fourrage réservé dans la plupart des cas aux
hommes, l'on ne peut pas cultiver un champ en pleine forêt où il y
a beaucoup d'arbres. Il n'est pas valide de vouloir justifier la
marginalisation de la femme africaine par ses activités champêtres
qui faisaient sa fierté et son identité sociale dans son
milieu.
2 M. Piettre, les conditions féminines
à travers les âges, Paris, France-Empire, 1974, p.17.
3
-Resohazy R., revient essentiellement sur
l'article 5 du protocole de Maputo ; l'élimination des pratiques
néfastes par les Etats contractants et formule des mesures en vue de
l'éradication de ces pratiques.
Il cite notamment la sensibilisation du public par des
campagnes et programmes d'information, d'éducation formelle et
informelle et de communication, l'interdiction par des mesures
législatives assorties de sanctions de toutes formes de mutilations
génitales féminines, y compris l'exécution de telles
interventions par du personnel médical, l'apport de soutien aux victimes
sous forme de service de santé, assistance juridique et judiciaire,
conseils et encadrement psychologiques et formation professionnelle et la
protection des femmes qui courent le risque de subir des pratiques
néfastes ou toutes autres formes de violence, d'abus et
d'intolérance.3
-Dans la déclaration de Maputo sur l'affirmation de
l'égalité entre l'homme et la femme et la participation effective
de celle-ci au sein de l'UA, l'Union Africaine affirme que sa politique sur la
question de l'égalité entre l'homme et la femme, ainsi qu'une
stratégie d'affirmation de la question de l'égalité entre
l'homme et la femme et une structure de coordination soient mises en places le
plus tôt possible4.
Une fois mise en place, cette structure permettra que cette
égalité homme-femme, tel qu'envisagé par l'Union Africaine
soit effective. Cette égalité reste jusqu'à maintenant un
idéal.
-Françoise Gaspard revient aussi sur
quelques dispositions du protocole de Maputo essentiellement en ses articles 3,
8 et 13 affirmant le droit de la femme à la dignité, à
l'accès à la justice mais aussi elle a droit à une
protection sociale.5 Selon l'auteure, les femmes doivent jouir les
mêmes droits que les hommes, jouissent également de la même
protection devant la loi. Aux Etats de mettre en oeuvre des mesures
législatives et autres mesures visant à garantir aux femmes
l'égalité des chances en matière d'emploi,
d'avancement dans la carrière et d'accès à
d'autres activités économiques6.
3 R. Rezohazy, « Le protocole de Maputo de l'Union
Africaine, un instrument pour la promotion des droits des femmes en Afrique
», Bruxelles, 2009
4 ACHPR, « La déclaration de Maputo »,
23 juin 2003
5 G.Françoise, « de la parité,
genèse d'un concept, naissance d'un mouvement ; nouvelles questions
féminines », vol.15, n°4,
2004.
6 Françoise G., Idem, p.2
4
-Munyerenkana Irenge Charlotte7,
montre que dans la société traditionnelle africaine, la femme a
souvent été confinée dans le rôle de reproductrice,
de ménagère et de main d'oeuvre familiale au cas où la
femme dispose d'u lopin de terre à cultiver. Cela a toujours et
longtemps constitué un blocage au processus de sa promotion
sociopolitique. Le grand renversement de l'élément féminin
et de son importance peut remonter les siècles jusqu'au
11ième millénaire avant Jésus pour trouver le
début d'un cycle qui se termine avec le judaïsme au Moyen-Orient et
avec la civilisation grecque en Occident (10000 av. JC). Elle note encore que
l'apparition de l'agriculture avait entrainé un mode nouveau
d'alimentation de la femme (et non à l'homme) apprenant à
distinguer les bonnes plantes et à prendre pouvoir sur elles à
les multiplier par la culture, à provoquer la germination.
-Heise L. Pitanguy relève le constat
selon lequel « la violence sexuelle met en péril la vie et affecte
en premier lieu les femmes et les jeunes filles. Au moins une femme sur trois
dans le monde a été abusée soit physiquement, soit
sexuellement au cours de son existence ».8 Le fait que la femme
soit toujours au second plan, derrière l'homme amplifie toujours cette
situation. Ceci fait que les démarches que fait la femme pour son
atomisation soit un véritable échec. L'auteur croit à une
montée du féminisme dans les dix décennies qui
viennent.
-Michel Kadoke Birato revient essentiellement
sur l'application du protocole de Maputo par les juridictions congolaises. Pour
lui, le juge congolais de par sa formation, manifeste une
préférence marquée par l'application des règles
nationales plutôt celles du droit international.9
L'application des règles internationales dans l'ordre juridique interne
n'est pas toujours nécessaire à leur mise en oeuvre. Toutefois,
ces regles, surtout celles conventionnelles et les actes qui en sont
dérivés, sont appelés à produire des effets
internes, c'est-à-dire à créer pour les particuliers des
droits et des obligations qu'ils puissent directement invoquer.
7 C. Munyerenkana Irenge, La problématique
de la promotion sociologique de la femme à Bukavu, mémoire,
ISP/Bukavu, option histoire, 2007-2008, p.30.
8 H. L. Petanguy, violence sexuelle faite aux femmes dans les
milieux ruraux, éd. Paris, PUF, 1999.
9 M. Kadobe B., De l'application du protocole de Maputo par
les juridictions congolaises : cas de l'article 11 sur la protection de la
femme dans les conflits armés, mémoire, faculté de
droit, UOB, 2010
5
-Isabelle jacquet nous montre que le
fossé entre genre « gender cap » constaté dans toutes
les sociétés repose en grande partie sur la différence
d'éducation. Dans les pays du tiers monde, la situation est plus
exacerbée puisque ce sont des femmes qui paient la lourde charge de
l'analphabétisme et du manque de formation. Les rapports de la Banque
mondiale et de l'Unicef contiennent des illustrations statistiques de cette
réalité ; en Afrique subsaharienne, on compte deux garçons
pour une fille à l'école primaire. Exemple, en 2000, plus de 20
millions de filles en âge scolaire n'étaient pas
scolarisées.10 En se souscrivant dans les pensées de
l'auteur, nous soutenons aussi que l'école n'est pas une
émanation africaine. En Afrique, les parents n'envoyaient pas à
l'école que les enfants turbulents et généralement celui
du sexe masculin. Il y a donc lieu d'imaginer le sort des enfants filles qui
n'attendaient que leurs futurs mariages.
-P. Kaganda Mulumeoderhwa met au centre de sa
réflexion la matière dont la violence sexuelle envers les femmes
en rendant cette décennie de guerre un facteur de perturbation de
l'équilibre familial et même un élément de
destruction de la culture11. Il souligne que la
déstabilisation de la famille dans son fond culturel ainsi que sa
structure et ses fonctions est un véritable choc à la culture.
A l'instar des travaux cités ci-haut, notre travail
s'inscrit dans les plaidoyers des organisations féminines du Sud-Kivu
pour l'application du protocole de Maputo. Ce qui nous permettra
d'étudier à fond ce protocole, aujourd'hui sujet de plusieurs
discordes entre plusieurs camps. Il évalue également l'impact des
actions de ces organisations face au bien être de la femme au Sud-Kivu
tel que garantie par le protocole de Maputo, surtout sur le plan politique,
économique et social.
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