1.1.3. Le protocole de Maputo
Le Protocole dit de Maputo qui est une juste émanation
directe de la CEDEF a quant à lui été adopté par
l'Union africaine (UA) le 11 juillet 2003 lors du second sommet qui s'est tenu
à Maputo, la capitale du Mozambique. Il est entré en vigueur le
25 novembre 2005, après ratification par 15 des pays membres de
l'organisation panafricaine. Petit à petit il a fait son chemin, en
2011, 49 pays sur les 53 que compte
54 CEDEF, Règles essentielles de
conventions de Genève et leurs protocoles additionnels,
Genève, Septembre 1983-1990.
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l'Union l'avaient signé et 31 ratifié. A ce jour,
seuls le Botswana, l'Egypte, l'Erythrée et la Tunisie ne l'ont ni
signé ni ratifié. Afin d'obtenir l'approbation d'un plus grand
nombre et face à la situation des femmes dans certains pays, des
associations de défense des droits des femmes ont estimé qu'il
était temps de sortir le texte de sa léthargie. L'association
Solidarité pour les droits des femmes africaines (Soawr) a pris la
tête de la relance le 11 novembre dernier. Le Protocole de Maputo est
«un outil puissant de changement qui a besoin d'être mieux connu de
tous », précise le jeune journalise nigérian Itodo Samuel
Anthony finaliste d'un concours d'articles sur les droits des femmes
organisé en mai 2011 entre autres par la Soawr. Le protocole exige de
tous les pays africains signataires l'élimination de toutes les formes
de discriminations et de violences à l'égard des femmes en
Afrique, ainsi que la mise en oeuvre d'une politique d'égalité
entre les sexes. Les gouvernements concernés sont en outre
invités à inclure dans leur constitution nationale respective et
dans leurs textes législatifs les principes fondamentaux de cette
égalité et de veiller à leur application. « Le
Protocole de Maputo est un instrument juridique crucial pour les droits des
femmes, élaboré par des Africains et pensé à la
lumière des préoccupations des femmes africaines »,
souligne l'Association pour les droits des femmes et le
développement (awid).
Le Protocole de Maputo relatif aux droits des femmes a
été conçu en complément de la Charte africaine des
droits de l'homme et des peuples. Il promeut le droit à la vie, à
l'intégrité physique et à la sécurité, le
droit de participer à la vie politique et aux processus de
décision, le droit à l'héritage, à la
sécurité alimentaire et à un logement décent, le
droit à la protection contre les pratiques traditionnelles dangereuses
et dans les conflits armés. Le texte prévoit aussi des
dispositions sur un accès égal à la justice et
l'égalité devant la loi et consacre le droit reproductif des
femmes.55 Le Protocole de Maputo est un instrument juridique crucial
pour les droits des femmes, élaboré par des Africains et
pensé à la lumière des préoccupations des femmes
africaines ».56
Ancéstralement, l'Afrique a construit tout un
système de discrimination dans lequel la femme occupe l'échelle
la plus grave et la plus basse, rien ne lui est épargné à
l'esclavage domestique à l'asservissement sexuel, et tout cela
paraissait aussi normal que la traite négrière à une
époque peu glorieuse de l'histoire... Portées par des
55 Déclaration de Maputo sur l'affirmation
de l'égalité entre l'homme et la femme et la participation
effective de celle-ci au sein de l'union africaine, Mozambique Juin 2003
56 Itodo Samuel Anthony, Les droits des femmes et
le développement, Bénin, 2016.
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organisations non gouvernementales africaines dont la mission est
de dénoncer ses abus et signifier aux hommes que la femme africaine est
comme toutes les autres femmes, c'est-à-dire revendiquant son droit
inaliénable à la dignité, le Protocole de Maputo fut alors
adopté dans ce concept par différents chefs d'Etats et de
gouvernements africains après plusieurs luttes des mouvements des femmes
en Afrique. C'est alors dans ce cadre qu'il vu jour, ce protocole qui vient
lever les barrières tant politiques, culturelles et légales qui
poussent la femme à recourir à ses droits.
Le 11 juillet 2003, l'Afrique est entrée dans l'histoire
pas comme ce continent qui se suicide comme le mentionne Stephen Smith dans son
célèbre ouvrage « Négrologie », encore moins
comme cet ailleurs étrange qui se caractérise principalement par
la violence, la morbidité et la calamité, mais comme un espace
capable de garantir les droits de l'ensemble de ses citoyens sans aucune forme
de ségrégation.
C'est ainsi qu'est sorti des fonds baptismaux, à Maputo,
sous l'égide des chefs d'Etats africains, le Protocole à la
Charte africaine des droits de l'homme et des peuples relatif aux droits de la
femme. L'Afrique sonnait alors le glas du confinement de la femme dans la
sphère des seconds rôles. Cet instrument juridique inédit
est venu matérialiser, de façon particulière, les
idées qui avaient longtemps été exprimées à
travers le Plan d'Action de Lagos en 1980, la Journée internationale de
la femme africaine et plusieurs autres outils juridiques comme la Convention
sur l'élimination de toutes formes de discrimination à
l'égard des femmes (CEDEF) et les Pactes internationaux relatifs aux
droits civils et politiques, ainsi qu'aux droits économiques, sociaux et
culturels.
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