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La république démocratique du Congo et le protocole de Maputo. Plaidoyers des organisations féminines du sud-Kivu.


par Paulin AGANZE NKALIRWA
Université officielle de Bukavu (UOB) - Licence en Relations internationales 2017
  

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CHAPITRE DEUXIEME : LE PROTOCOLE DE MAPUTO SECTION I. APERCU HISTORIQUE ET AGENDA DU PROTOCOLE

1.1 Aperçu historique

1.1.1. De la CCF à la CEDEF

Au sein de ce qu'on a longtemps appelé « les droits de l'homme », ceux de la femme sont restés en retrait. En 1945, la communauté internationale admet dans la Charte des Nations Unies : le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion. Cette déclaration quoique très intéressante ne suffisait pas pour aligner les droits des femmes sur ceux des hommes : il fallait que des mécanismes de contrôle pour la réalisation et l'application du principe énoncé soient mis en place.53

L'ONU, après débats, a considéré que ces questions devaient être examinées dans des instances dédiées, d'où la création de la sous-« Commission de la condition de la femme », érigée en commission de plein exercice en 1947 (en anglais, CSW : Commission on the Status of Women ; et CCF pour l'abréviation du français : Commission de la condition de la femme). La Commission de la Condition de la Femme réunit 15 membres à sa création. Elle est chargée de présenter au Conseil économique et social de l'ONU (Ecossoc) des recommandations et rapports sur les voies et les moyens de promouvoir les droits des femmes et d'améliorer leur situation.

En 1948, la déclaration universelle des Droits de l'Homme confirme que Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans ladite déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.

La CCF est à l'origine de plusieurs conventions soumises à la ratification des États membres : 1952 (droits politiques des femmes) ; 1957 (nationalité des femmes mariées) et 1979 (élimination des discriminations). La CCF a également déclaré l'année 1975 comme étant l'année de la femme et elle a organisé la Conférence de Mexico qui fut suivie par celles de Copenhague (1980), Nairobi (1985) et de Pékin (1995), puis enfin en 2000 et 2005, par des manifestations plus modestes. Parallèlement les ONG s'organisent et exercent des pressions sur les gouvernements et auprès de la CCF.

53 C. Stewart, Présentation de la convention sur l'élimination de toutes formes de discrimination à l'égard des femmes, Cambridge, Harvard Unirversity Press, 2006.

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1.1.2. De la CEDEF au protocole de Maputo

La Convention sur l'Elimination de toutes formes de Discrimination à l'Egard de la Femme, CEDEF fut donc préparée par la CCF et elle fut adoptée par l'Assemblée générale de l'ONU en 1979. Elle est mise en oeuvre depuis 1981 (après sa ratification par 20 États). Elle constitue une véritable synthèse des politiques encouragées par les féministes au cours des 3 décennies précédentes. Elle envisage la promotion de l'égalité dans l'ensemble des droits : civils, politiques, sociaux, économique et de nationalité et prévoit des engagements concrets de la part des gouvernements nationaux pour en garantir l'exercice. En 2005, elle était ratifiée par 180 États sur les 191 représentés à l'ONU et son Protocole facultatif additionnel, adopté en 1999 et mis en oeuvre depuis 2001, par 70 États.54

Outre la production de la CEDEF, la CCF a préfiguré, dans les années 1970, dans les instances intergouvernementales et nationales, la mise en place de services ou de ministères chargés des droits ou de la condition des femmes, par exemple à la Commission européenne et au Conseil de l'Europe, ainsi que dans les divers pays siégeant à l'ONU. On sait qu'en fonction des moyens qui leur sont accordés, leur influence est plus ou moins importante... Aujourd'hui on parle d'inclure dans toutes les politiques la notion de genre. On le doit à la CCF qui continue actuellement à travailler sur de nouveaux droits.

Les États qui ont ratifié la convention doivent remettre au secrétariat de l'ONU, dans l'année qui suit la ratification, un rapport dit rapport initial sur la situation de l'État au regard de ses engagements conventionnels et ensuite un rapport périodique, tous les 4 ans. Après consultation de ces rapports, le comité d'experts de la CCF liste les principaux sujets de préoccupation et formule des recommandations générales aux États.

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