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Proposition d’un modèle d’intégration de la marque employeur pour travailler l’attractivité employeur. Exemple d'un cabinet de recrutement.


par Benjamin Leconte-Caseau
ICN Business School - Master 2015
  

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a. Un consensus sur la nécessaire attractivité

Signaux de la marque employeur

Nous avons vu précédemment que la construction (ou le maintien) d'une bonne image de Marque employeur est primordiale dans la mise en place de ce type de stratégie d'attraction de candidats. Il est d'autant plus important d'effectuer des recherches pour repérer les composants essentiels à la création de signaux adéquats avec les valeurs que l'entreprise souhaite mettre en avant pour résulter d'une attraction positive.

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La marque se transmet par des signaux à destination des candidats. Ceux-ci influent sur la perception des employés potentiels concernant la crédibilité de la marque et l'attraction de l'entreprise. Si les signaux semblent crédibles, alors la proposition de valeur associée à l'entreprise sera crédible et perçue comme telle (Hoeffler & Keller, 2002). On constate ainsi une dépendance entre la fiabilité des signaux envoyés et la façon dont les employés potentiels la percevront. Erdem & Swait (1998) ponctuent cette observation en constatant que la perception est dépendante de la volonté et de l'habilité de l'entreprise à délivrer ce qui est promis au candidat. Buss (2002) affirme que les signaux envoyés au candidat pendant la période de recrutement, affectent les attentes et les évaluations ultérieures de l'emploi par les prospects. Ces derniers formulent ainsi de promesses subjectives par interprétation des signaux envoyés. La consistance et la crédibilité des signaux sont donc primordiales dans le concept de marque employeur.

? l'attraction positive de candidat est le but principal d'une marque employeur.

? l'entreprise communique sur son attractivité par l'émission de signaux en direction des candidats.

Consistance et crédibilité

Il a été précédemment démontré que la marque employeur est divisée en composantes qui servent de fondations pour la mise en place de cette stratégie. L'attraction des candidats à hauts potentiels s'effectue ainsi par l'émission de signaux spécifiques vers ce public cible. Le schéma conceptuel modifié par d'Erdem & Swait (figure 1 ci-dessous) informe de l'importance que les deux auteurs donnent à la crédibilité et à la consistance des signaux dans leur vision du concept d'attractivité.

Figure : 1 Modèle intégrateur des signaux d'une marque employeur par d'Erdem & Swait (1998)

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Si l'on concentre notre attention sur la partie « signaux de la marque employeur », on comprend qu'un signal est consistant lorsqu'il est crédible et clairement défini.

? la proposition de valeur communiquée aux candidats doit être consistante et crédible.

Pour acquérir cette consistance, la clarté et la crédibilité doivent être inscrites dans une logique bidimensionnelle, composée des dimensions substantielles et temporelles.

La dimension substantielle désigne le fait que les signaux de la marque employeur dépendent de la façon dont les valeurs communiquées sont alignées par rapport aux valeurs présentes au sein même de l'entreprise et de ses produits. (Backhaus &Tikoo 2004 ; Mitchell en 2002)

La dimension temporelle reflète la capacité de l'entreprise à pérenniser dans le temps la force de sa marque employeur et de ses signaux délivrés (Park, Jaworski & Macinnis, 1986).

De plus, Erdem & Swait réaffirment en 2004 que plus les signaux de la marque employeur seront consistants, plus grande sera la crédibilité du futur employeur aux yeux de ses prospects. Il s'agit ici d'oeuvrer pour que l'évolution dans le temps d'une marque employeur coïncide avec celle de l'entreprise qui la met en place. Celle-ci et sa marque employeur doivent évoluer temporellement et substantiellement ensemble pour atteindre leurs objectifs communs : les conséquences positives sur l'attractivité de l'entreprise. De mauvaises promesses peuvent conduire à un mécontentement des salariés, un « turn over » plus important, résultant d'une communication orale négative ; l'engagement des employés peut rapidement décroitre (Miles & Mangold, 2004). On observe ainsi une création d'un contrat psychologique entre le candidat et l'entreprise dû à l'envoi de signaux et leurs interprétations par les candidats.

? la proposition de valeur doit être pérenne et substantielle aux yeux des candidats pour renforcer la bonne perception de l'entreprise par ceux-ci.

La conséquence d'une bonne proposition de valeur est une augmentation de la qualité de perception des employés prospects pour l'entreprise en tant qu'employeur. Une marque employeur doit être clairement définie et communiquée pour observer une attraction positive de l'entreprise pour les candidats.

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b. Une doctrine partagée sur les conséquences Variables individuelles

L'attractivité d'une entreprise pour un candidat selon Bakchaus dépend de la similarité entre les valeurs que l'un affirme et que l'autre revendique. On parle alors de « congruence » ou d'alignement des valeurs entre la personne et l'organisation (Cable et Graham, 2000 ; Lievens, Decaesteker, Coetsier et Geirnaert, 2001 ; Lievens et Highhouse 2003 ; Backhaus et Tikoo, 2004). « L'image ou les traits similaires attireraient ainsi les candidats vers les employeurs partageant leurs valeurs » 7 rajoutent Lievens & Highhouse, 2003.

Devendorf et Highhouse (2008) examinent, pour leur part, l'effet de la similarité entre le candidat et les employés (futurs collègues décrits par une série d'adjectifs) sur l'attractivité de l'employeur. Leurs résultats montrent que la similarité perçue et la similarité dite « prototypique » sont corrélées à l'attraction de l'employeur (respectivement r = .67 à .79 et r = .15 à .28). Dans cette étude, la similarité perçue du candidat avec les salariés de l'entreprise est mesurée avec deux items : « Je pense que les employés de cette entreprise me ressemblent » et « Je m'intégrerais bien avec les employés de cette entreprise ». La similarité prototypique est évaluée à partir d'une liste de 81 adjectifs pour dire comment les autres décriraient le répondant. Les auteurs mesurent par ailleurs l'attraction employeur par trois items dont le fameux : « Pour moi, cette entreprise serait un bon endroit où travailler ».

? le partage de valeurs communes permet au candidat de se projeter dans l'avenir au sein d'une entreprise.

Des aspects de la personnalité du candidat, notamment l'estime de soi et le besoin d'accomplissement, auraient un impact sur l'effet de caractéristiques organisationnelles composant l'attractivité selon Turban et Kéon (1993). Ils ponctuent leurs observations en démontrant qu'un étudiant dont l'estime personnelle est haute, aura tendance à être attiré par les grandes entreprises décentralisées. A contrario, l'étudiant ayant un fort besoin d'accomplissement serait plus attiré par les entreprises dont les stratégies de rémunération du personnel sont basées sur le mérite.

7 Lievens, F et Highhouse, S. (2003) the relation of the instrumental and symbolic attributes to a company attractiveness as an employer. Personal Psychology, vol 56, n°1, p 75-102

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Dans le même contexte, l'étude menée par Lievens et ses collègues (2001) auprès de jeunes

diplômés montre que les traits de personnalité des candidats
modèrent les effets de certains attributs organisationnels perçus sur l'attractivité de l'entreprise. Ils mettent en lumière, le degré de « conscience professionnelle » (conscientiousness) du candidat qui aurait pour effet de modérer l'effet de la taille de l'organisation sur l'attractivité. C'est-à-dire que les étudiants aux caractères définis comme consciencieux -respect de la discipline et des obligations- s'avèrent plus attirés par de grandes entreprises. D'un autre côté, les candidats ayant une ouverture forte aurait tendance à préférer les organisations multinationales.

Ces résultats de cette étude sur les traits individuels d'attraction rejoignent l'argument de Schneider, Smith, Taylor et Fleenor (1998). Les individus seraient attirés différemment par des entreprises en fonction de plusieurs facteurs : leurs intérêts, leurs besoins, leur préférences et de leurs personnalités.

Si l'on met en aparté le niveau d'expérience du candidat, il s'avère que l'appartenance à une cohorte générationnelle influencerait les attentes à l'égard de la position ou de l'entreprise convoitée. Cet effet d'appartenance a déjà été avancé dans des travaux sur le domaine du Marketing, notamment en ce qui concerne les préférences de consommation des acheteurs (Schewe et Meredith, 2004). Les praticiens et les chercheurs montrent également un intérêt grandissant et des questionnements spécifiques sur les attentes des nouvelles générations face aux précédentes (génération Y contre X ou Y contre Z). Dans cette perspective, Moroko et Uncles (2009) proposent des critères de segmentation des différentes stratégies de gestion de la marque employeur vecteurs de modérateurs potentiels : l'âge ou appartenance à une cohorte organisationnelle - Baby boomers, génération X, Y ou Z. .-, le statut familial -célibataire, marié avec des enfants. .-, le« niveau » hiérarchique - jeune diplômé, junior, senior, cadre dirigeant -, le type d'emploi - technique, ressources humaines, marketing, comptabilité, finance. .-, le type de contrat - CDI, CDD, stage -, l'ancienneté - moins de 6 mois dans l'entreprise, entre 6 mois et 1 an, plus d'1 an. .-, la localisation géographique - au siège/filiale, ville, région, pays - ou encore le choix de carrière - volonté de travailler dans un secteur/une industrie particulière par exemple-.

? les besoins du candidat influencent sa décision de rejoindre ou non une entreprise.

? les types de besoins différents en fonction de l'appartenance du candidat à un type de génération.

Collins et Stevens (2002) ont emprunté la théorie de l'image de marque du marketing, l'ont appliquée au recrutement. Les chercheurs ont essayé de déterminer l'impact des aspects suivants sur l'attitude des chercheurs d'emploi à l'égard de l'organisation : les informations diffusées au

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sujet de l'organisation (dont la source n'est pas l'entreprise), les commandites, le bouche à oreille et les publicités corporatives. Ils ont nommé cette approche « l'image de marque de l'employeur»

:

« [...} consumers use brand image to make comparisons and discriminate among similar products or services.[. ..} On the basis of the finding in the marketing literature, we expected that individuals' application decision regarding firms in their decision set (i.e., those firms about which they are making application decisions) may be affected by employer brand image, which we define as potential applicants' attitudes and perceived attributes about the job or organization. » 8

Contrairement à la majorité des recherches en attraction, Collins et Stevens ont interrogé des étudiants qui s'étaient préalablement inscrits à un centre de placement. En conséquence, les 133 répondants étaient activement en recherche d'emploi au moment de l'enquête. Les conclusions ont démontré qu'il existait une relation entre les perceptions du chercheur d'emploi vis-à-vis de l'organisation et trois des quatre variables à l'étude, soit les informations diffusées au sujet de l'organisation (dont la source n'est pas l'entreprise), le bouche à oreille et les publicités corporatives. De plus, les auteurs ont observé que les attitudes du chercheur d'emploi (par exemple, son degré d'appréciation à l'égard de l'organisation) ainsi que les attributs organisationnels qu'il perçoit (image de marque de l'employeur) avaient un effet médiateur entre les pratiques du recrutement et la décision de soumettre une candidature.

? le candidat se forge une idée de son potentiel employeur en fonction des informations dont il dispose. ? plus une entreprise communique vers les candidats, plus elle peut influencer la prise de décision en sa faveur.

Variables organisationnelles

Plusieurs auteurs se sont penchés sur les conséquences de l'attraction employeur d'une entreprise. En effet, d'après Cable et Turban (2001), les candidats potentiels développent des croyances sur des aspects objectifs de l'organisation. On y inclut la taille, la localisation, le niveau de décentralisation ou encore la dispersion géographique. Lievens, Van Hoye et Schreurs en 2005 ont conclu que ces croyances influencent la prise de décision des candidats potentiels de rejoindre une entreprise ou non, et, par conséquent ont un impact direct sur l'attractivité de l'entreprise. En 2001, l'étude de Lievens et ses collègues avaient déjà soulevé le fait que pour les

8 Collins, C. J. et Stevens, C. K. (2002). The relationship between early recruitment-related activities and the application decisions of new labor-market entrants: A brand equity approach to recruitment. Journal of Applied Psychology, vol. 87, n°6, p.1122

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jeunes diplômés, le degré d'internationalisation, jumelé avec les croyances citées ci-dessus, avait un impact positif sur l'attraction des entreprises. Ces futurs candidats seraient ainsi plus attirés par des organisations multinationales, décentralisées, de taille moyenne ou grande. La taille représente la caractéristique la plus visible de l'entreprise et la plus importante pour les individus, en conséquence elle serait vectrice d'attractivité (Lievens et al, 2001). L'importance de l'internationalisation s'explique par la volonté des générations Y et Z de vouloir s'expatrier, tout en assurant une sécurité financière et d'emploi. L'attractivité de l'entreprise est donc renforcée si celle-ci offre des opportunités de carrières à l'international.

? l'entreprise doit affiner ses signaux employeur en fonction de la génération des candidats ciblés.

De la même manière que les croyances précédentes forgent une projection imagée de l'entreprise par le candidat, le niveau de décentralisation est un autre élément important pour les candidats dans la prise de décision de rejoindre une organisation (Wanous, 1980). Lorsque l'on parle de décentralisation, on parle surtout de la culture, et des valeurs véhiculées par l'entreprise (Lievens et al., 2001 ; Turban et Keon, 1993). Le partage de valeurs communes entre le candidat et l'entreprise donne naissance à un contrat psychologique, aussi appelé promesse subjective, qui devient les fondations des futures relations entre les deux protagonistes. C'est-à-dire que la compréhension de l'image créée par l'entreprise, permet au candidat de se projeter au sein de l'entreprise et notamment d'y projeter son avenir professionnel à moyen et long terme. Ceci est possible par l'adéquation des valeurs personnelles du candidat avec celles communiquées clairement par l'organisation.

? le partage de valeurs communes est nécessaire à l'attractivité.

? le partage de valeurs communes permet une création d'un contrat psychologique entre le candidat et le l'entreprise.

L'image de marque et la notoriété de l'entreprise semblent également pouvoir être des variables intermédiaires importantes. La construction et le maintien de l'image de marque employeur, à l'instar de l'image de marque, passe en premier lieu par sa réputation. Ambler et Barrow (1996) rappellent que la réputation se développe sur la base de l'observation et le contrôle d'un comportement cohérent dans le temps. La réputation serait, selon O'Brien (1995), composée de trois dimensions : la compétence, la cohérence et l'intégrité. Venant compléter l'aspect qualitatif de la réputation à travers l'image de marque, la notoriété peut être considérée comme son corolaire quantitatif. La notoriété est définie comme le degré de présence dans l'esprit des

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individus, elle est notamment mesurée par la notoriété spontanée et assistée. Si la marque employeur ne bénéficie pas d'une forte notoriété ou d'une bonne image de marque, elle devrait par conséquent attirer moins de candidatures et/ou des candidats moins qualifiés. Autrement dit, il y a moins de chance qu'un candidat postule dans une entreprise qu'il ne connait pas ou dont il perçoit l'image comme étant mauvaise. La notoriété et l'image de marque constitueraient ainsi des variables modératrices entre la marque employeur et ses conséquences externes, en particulier l'attractivité de l'entreprise.

? L'image de marque et la réputation d'une entreprise influencent l'attractivité employeur.

Enfin, d'autres facteurs de contingences, plus « macro-économiques » peuvent être pris en considération tels que les conditions du marché du travail (Rynes et Barber, 1990). La marque employeur pourrait donc être déterminante en cas de pénurie de main d'oeuvre ou d'un manque de candidat.

? Nécessité de maintenir et de développer le capitale image de marque et réputation employeur au coeur de la stratégie d'attraction des candidats.

C. Une Réflexion sur les stratégies d'investissements

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault