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Villes de la Peur, Pratiques et Discours Sécuritaires au Brésil

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par Alix Macadré
Université de Bretagne Occidentale (UBO) - Master 2 Anthropologie 2018
  

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II/ Déplacement de la criminalité urbaine

Si le projet Vizinhança Solidária e Batalhão Participativo a permis une diminution de la criminalité dans le Conjunto dos Professores (Le Colonel Major Correia Lima parle d'une « réduction de 74% des indices de crimes contre le patrimoine dans certains quartiers » participant au projet) et une augmentation de la sensation de sécurité, ce n'est pas le cas dans le reste de la métropole dont les statistiques témoignent d'une situation préoccupante .

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Mais le projet n'a pas d'ambitions globales, comme en témoignent les dires de Ricardo :

85 Traduction de l'auteur

86 2405 homicides en 2017 dans un État de 3,4 millions d'habitants. 1995 en 2016. 1670 en 2015. La grande majorité ont lieu dans la capitale. Données OBVIO (Observatório da Violência Letal Intencional no Rio Grande do Norte).

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« En termes pratiques, je n'ai jamais pensé, ce n'est pas à ma portée, ça ne m'intéresse pas et je sais que je ne suis pas capable, aujourd'hui, d'éliminer la criminalité ou de résoudre de manière complète et totale la criminalité ici. Du coup, en vérité, nous sommes très pratiques et très conscients que ce que nous faisons: c'est éloigner de nous la criminalité. [...]. Le voleur, il sort pour voler et il va voler. Mais s'il voit qu'ici c'est difficile, il va voler dans d'autres quartiers et pas ici. Donc ce que nous faisons, c'est une migration des bandits vers d'autres quartiers. Et ça c'est très clair pour la police ou pour les statistiques. Plus on travaille ici, plus les crimes augmentent dans les quartiers voisins. C'est fantastique, le bandit il va toujours vers le facile. C'est la caractéristique même du bandit. »

Et un peu plus loin il ajoute cette phrase (qui assimile d'ailleurs consommateur de drogue et individu pratiquant des vols) :

« Le voleur quand il voit les caméras, il pense : «non, je ne vais pas utiliser de la drogue ici, je vais chercher un autre endroit.» Et la drogue est vraiment un problème. Parce que quand il y a un consommateur, il va y avoir un trafiquant et ça augmente le nombre de vols et d'agressions dans la communauté. Du coup on essaye au maximum que la drogue sorte d'ici et qu'elle aille en périphérie. »87

Entretien avec Ricardo, 38 ans, Directeur d'école et Vice-Président du Conseil communautaire du Conjunto dos Professores octobre 2017

Les mots sont clairs et se passeraient presque de commentaires : l'objectif, selon le Vice-Président du Conseil communautaire de sécurité, n'est pas d'éliminer la criminalité mais bien de la déplacer, la relayer vers les autres quartiers, notamment pauvres de la ville.

Factuellement, c'est effectivement ce qu'il est possible d'observer : dans le Conjunto dos Professores, grâce aux différents mécanismes de contrôle mis en place depuis la naissance du projet communautaire de sécurité, les taux de criminalité urbaine chutent tandis que le sentiment de sécurité augmente. « Les bandits n'osent même plus venir ici, ils savent que c'est dangereux pour eux ici », m'ont affirmé plusieurs enquêtés. Toutefois, au niveau de la ville, les chiffres de la criminalité et les taux d'homicides augmentent chaque

87 Traductions de l'auteur

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année au point que Natal est maintenant souvent citée comme une des villes les plus dangereuses du Brésil et du monde par les ONG ou par les instituts d'étude de la criminalité .

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Et il faut mettre cette observation en relation avec les statistiques : parmi les 4 grandes divisions administratives de la métropole (Zone Sud, Zone Nord, Zone Ouest, Zone Est), la Zone Nord, qui est celle dont les revenus par habitant sont les plus faibles, est aussi celle qui possède la plus grande population (environ 355 000 habitants ) et la plus faible

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quantité d'effectifs de policiers militaires par habitant, alors que c'est celle qui affiche les plus forts taux d'homicides (266 homicides recensés en 2017). La Zone Sud, au contraire, dont la population n'excède pas les 175 000 habitants et dont les taux d'homicides sont bien inférieurs (47 homicides en 2017 ), est sous la protection d'environ 200 policiers du 5ème

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Bataillon de Police Militaire.

Outre les inégalités économiques et sociales, outre les inégalités dans l'accès aux soins, à l'éducation ou à la justice, ce sont donc également des inégalités dans le domaine de la sécurité et de la protection de l'intégrité physique et patrimoniale qui se dessinent chaque jour un peu plus au Brésil.

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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite