Isolationnisme et la géoéconomie des états-Unis d'Amérique sous Donald Trump. Enjeux et perspectives.par Raphael Mbumba Muamba Université de Lubumbashi(UNILU) /RDC - Licence en Relations Internationales 2018 |
§2. L'impact sur l'ordre économique et industriel régionalL'isolationnisme n'est pas à nos yeux sans conséquence dans l'ordre géoéconomique des USA au niveau de la région que çasoit sur le plan industriel, qu'économique. Au plan industriel, l'industrie du pétrole pourrait subir les conséquences d'un retrait des États-Unis de l'ALENA a déclaré à presse canadienne Larry MacDougal187(*). Pour lui, le retrait des États-Unis de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) aurait des conséquences importantes sur le secteur énergétique en Alberta, selon des experts.Cette possibilité devient plus imminente pour cette industrie qui a beaucoup bénéficié de cet accord. Pour Christophe Bertosssi et Mathieu Tardis, l'isolationnisme trumpien impacte sur la géoéconomie américain sur cinq lignes comprises en termes d'objectifs: un contrôle renforcé à la frontière mexicaine, une conception sécuritaire de la politique d'asile, un renvoi des migrantsclandestins par l'embauche des nationaux et enfin, la priorité donnée à des critères de mérite de la domination américaine188(*). Depuis l'entrée en vigueur de l'ALENA, en 1994, la production canadienne de pétrole a plus que doublé. L'industrie de l'énergie a été transformée au cours des 20 dernières années, et l'entente a aidé à renforcer les relations commerciales entre le Canada et les États-Unis.« L'ALENA a permis, entre autres, le développement de chaînes de production dans l'industrie pétrolière, très intégrée entre les deux pays », explique le doyen de la Faculté d'administration de l'Université de l'Alberta, Joseph Doucet189(*).Selon lui, l'entente a aidé à réduire les barrières pour ces entreprises. « Les entreprises canadiennes et américaines ont vu un champ beaucoup plus libre pour leurs activités économiques. Il y a donc eu la création de beaucoup plus d'efficacité, plus de concurrence et de développement dans ce secteur. » Pour Joseph Doucet, doyen de la Faculté d'administration, Université de l'Alberta, c'est un avis partagé par le vice-président de l'Association canadienne des producteurs de pétrole. « La quantité d'investissements dans le secteur de l'énergie, le nombre d'emplois qui ont été créés et la prospérité qui a été générée pour tout le pays témoignent tous du succès de cet accord », affirme Nick Schulz.Dans le cas d'un retrait des États-Unis de l'ALENA, les exportations canadiennes continueraient vers les États-Unis, selon les deux experts. Il y aurait toutefois des répercussions sur le marché. « Nous sommes très inquiets de perdre cette certitude que l'ALENA donnait, ainsi que le soutien pour les investissements et l'intégration dans le marché », explique Nick Schulz190(*). Selon lui, l'énergie, le secteur albertain le plus exposé au commerce avec les États-Unis. Les incertitudes font de l'ombre au Salon de l'auto de Détroit : « L'incertitude fait en sorte que les entreprises hésitent beaucoup plus à investir au Canada qu'aux États-Unis, et ce, parce que le marché américain de consommation est beaucoup plus important que le marché canadien », ajoute Joseph Doucet191(*).Ce dernier croit aussi que ce sont les producteurs canadiens qui pourraient subir une hausse des coûts en raison des possibles tarifs imposés aux douanes. Sur le plan de l'ordre géoéconomique, l'isolationnisme des USA face au traité transpacifique, laisserait une grande marge de manoeuvre à la chine à jouer un rôle de premier plan. Ce qui permet de limiter l'influence commerciale américaine sur ses ex-partenaires. Dans cet ordre d'idées, les USA se verront marginaliser avec leur ordre économique émaillé du protectionnisme, alors que la région est dominée par le libre-échangisme. Pour autant, nombre des ex-partenaires américains se sont vu obliger de conquérir et délocaliser leurs investissements en dehors du sol américain où les le climat des affaires et la politique commerciale restent les moins disant. Dans ces conditions, les USA ouvriront leurs portes au chômage et à la perte des zones régionales d'influence économiques. La Chine affiche son refus face l'isolationnisme et au protectionnisme que veut promouvoir Donald Trump. Ce n'est pas que Xi Jinping adore la mondialisation et ses effets pervers il note même qu'il veut "rééquilibrer" la mondialisation, mais il estime que le retour des barrières tarifaires, notamment à l'égard de la Chine, cela revient, selon sa formule, à "s'enfermer le noir".Autrement dit, si Trump persiste à vouloir s'enferrer dans l'isolationnisme et dans une guerre commerciale avec la Chine, "personne n'en sortira vainqueur". "L'économie mondiale", affirme le maître de Pékin, "c'est un grand océan auquel on ne peut échapper. Toute tentative de stopper les échanges de capitaux, de technologies et de marchandises est impossible et va à rebours de l'histoire"192(*). Ainsi, l'impact de l'isolationnisme sur l'ordre commercial mondial mérite d'être abordé dans le paragraphe qui s'annonce. * 187 Les analyses de Larry Macdougal retrouvable sur https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1077801/alberta-commerce-usa-exportation-importation-alena-energie, consulté le 29/12/2018 à 20h21. * 188 Bertosssi, C. et Tardis, M., le monde selon Trump, Paris, IFRI, 2017, p.47. * 189 Doucet, J. et ses analyses sur https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1077801/alberta-commerce-usa-exportation-importation-alena-energie, consulté le 29/12/2018 à 20h21. * 190 Idem. * 191 https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1077801/alberta-commerce-usa-exportation-importation-alena-energie, consulté le 29/12/2018 à 20h21. Artcit. * 192 François Clemenceau, « Davos, le président chinois prend Trump à contre-pied », in Europe 1, Davos, le 17 janvier 2017, p.1. |
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