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Isolationnisme et la géoéconomie des états-Unis d'Amérique sous Donald Trump. Enjeux et perspectives.


par Raphael Mbumba Muamba
Université de Lubumbashi(UNILU) /RDC - Licence en Relations Internationales 2018
  

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§2. La politique étrangère des USA sous Barack Obama

Obama a été régulièrement critiqué pour sa politique étrangère en Syrie, en Irak ou en Ukraine. Pourtant, estime Roland Lombardi, si son bilan est certes mitigé, il a su globalement résister aux influences «va-t-en-guerre» des néoconservateurs144(*).

Le bilan de la politique étrangère du président Obama est plus mitigé au vue des analystes. Quoiqu'il en soit, il est vrai qu'au Proche et Moyen-Orient comme en Europe d'ailleurs, les Etats-Unis d'Obama semblent s'être progressivement désengagés de ces régions. En ces temps de fin de règne, les détracteurs d'Obama déplorent qu'en matière de politique étrangère, le président américain se soit contenté, durant ses deux mandats, de réagir timidement aux événements, au lieu d'adopter une stratégie beaucoup plus proactive. C'est cette relative «passivité» et ses retenues qui lui sont reprochées. Certains évoquent même un bilan pitoyable vu que l'Amérique paraît avoir reculé sur tous les fronts. Pour notre part, même si par le passé certains ont souvent critiqué le président américain, tout compte fait, nous dirions que ce bilan est finalement mitigé et moins négatif qu'on pourrait le croire.

D'abord, car Obama a, finalement, respecté tant bien que mal la plupart de ses promesses électorales de 2007, comme le retrait stratégique du Moyen-Orient (grâce à l'indépendance énergétique américaine), en mettant fin aux opérations en Irak et en Afghanistan mais tout en poursuivant la lutte contre le terrorisme, le rééquilibrage de la présence militaire et l'investissement stratégique américain en Europe et au Moyen-Orient au profit de l'Asie-Pacifique pivot vers l'Asie et enfin, la fin des antagonismes avec les adversaires et les ennemis du passé reset.

Et en effet, il faut rappeler qu'en 2015, Obama a conclu d'importants accords commerciaux en Asie et négocié notamment un grand traité de libre-échange, le Partenariat trans-pacifique (TPP), avec Brunei, le Japon, le Vietnam, la Malaisie, Singapour, la Nouvelle-Zélande, l'Australie, le Chili, le Pérou, le Mexique et le Canada (la Chine étant exclue bien sûr). Celle-ci couvre 40% de l'économie mondiale.Obama a également normalisé les relations avec Cuba (2014) et surtout, signé, en juillet 2015, l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien qui est en train d'ouvrir l'Etat phare du chiisme et la puissance émergente du Moyen-Orient. Ceci, tout en accordant une aide militaire record de 38 milliards de dollars à l'Etat hébreu145(*).

Seul signe dans sa politique étrangère des reset, c'est qu'avec la Russie, ça n'a pas abouti... Loin de là! Il suffit pour cela de se remémorer l'expulsion du territoire américain, à la fin de l'année 2016, des 35 diplomates russes faisant suite aux récentes et quasi hystériques accusations de la part de l'administration démocrate sortante à propos de l'espionnage et de l'ingérence russes dans la politique étasunienne.L'autre déception concerne la paix promise, notamment lors du célèbre discours du Caire de juin 2009, au Moyen-Orient et notamment entre Israéliens et Palestiniens146(*). Le statu quo dans le dossier israélo-palestinien durant huit années et l'affaire de la dernière résolution onusienne contre Israël, où les Etats-Unis se sont spectaculairement abstenus, (mais qui, là encore, n'aura aucune incidence majeure pour l'avenir) en sont la triste illustration.

Certes, l'élimination au Pakistan du chef d'Al-Qaïda, Oussama ben Laden, en mai 2011, est l'un des succès du président américain. Par ailleurs, l'administration Obama a intensifié sa lutte contre le terrorisme en privilégiant le renseignement, les forces spéciales et les drones (51 frappes par des drones sous Bush et plus de 500 sous Obama). Mais en Irak et en Afghanistan, il s'est avéré que le retrait militaire de la région a peut-être été prématuré. Et effectivement, Obama a été obligé de renforcer les troupes américaines en Irak (surtout des forces spéciales) et de plus, relancer des frappes aériennes contre Daech en Syrie et en Irak depuis septembre 2014. Au vue de Tshiyembe M., Barack Obama a mis en application le réalisme comme point de repère de sa politique étrangère147(*).

Toutefois, beaucoup reprochent encore à Obama, l'absence de réaction lorsque la ligne rouge des armes chimiques a été franchie en août 2013. A l'inverse de l'inconséquent président français qui était alors prêt à en découdre (et qui fut encore pitoyablement humilié par la suite), peut-être que le locataire de la Maison Blanche, devant aussi le désistement des Britanniques, a préféré, à une intervention aux conséquences incontrôlables, une négociation avec les Russes et ce pour une issue beaucoup plus raisonnable.

Ce sursaut de réalisme salvateur du président américain était peut-être aussi dû à trois principales raisons. D'abord, au souvenir du désastreux épisode libyen, avec une intervention (où il avait suivi Cameron et Sarkozy) qui fut dramatique pour la Libye et aussi traumatisante pour les Etats-Unis, puisque, on a oublié cet évènement, l'ambassadeur américain à Benghazi, Chris Stevens, avait été assassiné en septembre 2012.Ensuite, sa méfiance vis-à-vis de l'Arabie saoudite et surtout, les premiers rapports alarmistes du Pentagone, faisant état de l'inéluctable échec de leur soutien aux rebelles syriens, ont, en l'occurrence et sans aucun doute, fini de refroidir le président Obama. Par exemple, la CIA avait prévu d'organiser, de former et d'armer une unité de 5000 rebelles «modérés». Elle n'a pu en recruter qu'une centaine qui, pour une part, se sont fait tuer, et pour l'autre, sont passés avec armes et bagages chez les djihadistes.

Certes, les intelligentsias occidentales ont beaucoup critiqué la passivité et la politique mesurée d'Obama en Syrie (comme en Ukraine). C'est vrai que nos belles âmes va-t-en-guerre sont toujours très courageuses...mais avec le sang des autres! Le prix Nobel de la paix de 2009 a, quant à lui, choisi la prudence et c'est tout à son honneur. Plus qu'ailleurs, en politique internationale, mieux vaut souvent ne rien faire que faire n'importe quoi148(*).

Nous pensons que l'histoire nous dira peut-être que le président Obama a résisté tant bien que mal, durant ses mandats, aux influences néfastes et aux diverses pressions. Pressions des différents lobbies (notamment anti-russes, pro-saoudiens...), de certains stratèges et responsables de la CIA, encore bloqués sur les vieux logiciels de la Guerre Froide et «de la carte islamiste», et enfin, des dangereux idéologues de son parti et de son administration. Ainsi, Barack Obama n'aura pas seulement juste été qu'un simple « extraordinaire communicant au charisme ravageur», comme nous l'avions souvent nous-même décrit. En définitive, il nous a sûrement évité le pire149(*).

* 144Lombardi, R., La politique étrangère de Barack Obama nous permet d'éviter le pire », in le figaro vox, jemvier 2017. Retrouvable sur www.lefigaro.fr/vox/monde/2017/01/17/31002-20170117ARTFIG0014062008-2016-la-politique-etrangere-de-barack-obama-nous-a-permis-d-eviter-le-le-pire.php consulté le O1/01/2018 à 14h16.

* 145 Lombardi, R., op.cit, p.3.

* 146 L'extrait du discours d'Obama à la notion prononcé à l'académie militaire de West point, 1décembre 2009 repris par Mwayila Tshiyembe, op.cit, p.136.

* 147 Mwayila Tshiyembe, op.cit, p.136.

* 148 Barack Obama est docteur en Relations internationales de l'Université de Harvard. Il a fondé sa politique étrangère sur la phrase suivante : « Plus qu'ailleurs, en politique internationale, mieux vaut souvent ne rien faire que faire n'importe quoi ». Il était le président des USA de 2008-2016(deux mandat). Il est aussi idéaliste-réaliste en politique étrangère de son règne.

* 149 Lombardi, R., op.cit, p.5.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote