Isolationnisme et la géoéconomie des états-Unis d'Amérique sous Donald Trump. Enjeux et perspectives.par Raphael Mbumba Muamba Université de Lubumbashi(UNILU) /RDC - Licence en Relations Internationales 2018 |
Section III : LA POLITIQUE ETRANGERE DES USA SOUS DIVERS PRESIDENTCette section se propose d'analyser la politique étrangère des USA sous Georges Bush, Barack Obama et Donald Trump. §1. La politique étrangère des USA sous Georges Bush JuniorLa politique étrangère de Bush est l'inspirée de ce qu'il convient d'appeler la doctrine Bush qui est une expression utilisée pour décrire certains principes de politique étrangère mis en oeuvre par l'ancien président américain George Bush. Si sa première mention est attribuée à l'éditorialiste Charles Krauthammer dans un article paru en juin 2001137(*), en référence au retrait unilatéral des traités ABM et de Kyoto, elle a de fait été essentiellement codifiée en septembre 2002 dans un document du gouvernement intitulé The National Security Strategy of the United States of America138(*). Cette stratégie de sécurité nationale de l'administration Bush prône le maintien de la suprématie militaire américaine dans le monde et son usage, via la guerre préventive si nécessaire, pour entre autres empêcher la diffusion d'armes de destruction massive et favoriser la diffusion des droits de l'homme et de la liberté139(*). Elle vise, en particulier, la refondation du monde arabe en « Grand Moyen-Orient ». Unilatérale et souvent brutale dans le discours, la doctrine Bush s'est assouplie au cours du deuxième mandat présidentiel. 1.1. Le contexte et mise en oeuvre de la politique étrangère de BushAu lendemain des attentats du 11 septembre 2001, le président Bush et certains de ses conseillers néo-conservateurs tentent de répondre à la fièvre antiaméricaine qui s'est propagée dans le monde arabe, foyer désigné du fondamentalisme religieux (islamisme), du terrorisme et de la dictature.La « guerre globale contre la terreur » a pour objectif de traquer les organisations et réseaux terroristes et d'instaurer des liens étroits avec les gouvernements et populations des pays de cette zone. Cette doctrine implique la diffusion du modèle américain: liberté, démocratie, ... qui sont pour les États-Unis un gage de paix140(*). Ainsi, l'idée d'un remodelage du grand Moyen-Orient est progressivement apparue dans les projets du pouvoir américain.L'invasion de l'Irak correspond à la mise en oeuvre de cette doctrine. En effet le but est instaurer un pouvoir démocratique en Irak après avoir renversé le régime de Saddam Hussein afin que les pays voisins connaissent eux aussi une évolution démocratique. Pour Georges Bush : « tant que cette région sera en proie à la tyrannie, au désespoir et à la colère, elle engendrera des hommes et des mouvements qui menacent la sécurité des Américains et de leur alliés. Nous soutenons les progrès démocratiques pour une raison purement pratique : les démocraties ne soutiennent pas les terroristes et ne menacent pas le monde avec des armes de destruction massive141(*). » C'est donc un « Wilsonisme botté ». En mars 2003, un article de The New Republic parlait de George W. Bush comme le président « le plus wilsonien depuis Wilson lui-même », faisant référence à la pensée du président Woodrow Wilson. Cette comparaison ne visait naturellement pas le multilatéralisme de Wilson, chantre de la Société des Nations, mais bien son internationalisme et surtout la conviction que le modèle américain de démocratie libérale est moralement supérieur et doit être exporté (« make the world safe for democracy »), conviction partagée par George W. Bush. Cette conviction prend elle-même sa source dans l'exceptionnalisme américain qui remonte lui aux fondateurs puritains du XVIIe siècle (cf. notamment discours de John Winthrop, sur la nouvelle Jérusalem). Des premières années de la République à Wilson, cet exceptionnalisme s'était traduit par une politique isolationniste visant à se retirer d'un monde européen vu comme corrompu dont les principes sont inscrits dans le discours d'adieu de George Washington mais aussi dans la doctrine Monroe. Henry Kissinger voit dans la transition entre Theodore Roosevelt, le réaliste prudent, et Wilson, l'internationaliste idéaliste, la 'charnière' décisive dans l'évolution de la politique étrangère américaine vers l'internationalisme et le messianisme142(*).Poursuivant la comparaison, et afin de mettre en exergue les aspects interventionnistes et militaire du « wilsonisme » de Bush, le politiste Pierre Hassner, en 2003 également, parlé du « wilsonisme botté » du président Bush. La politique étrangère des États-Unis sous Bush est en effet marquée par une surprenante collision entre des racines idéalistes, une méfiance profonde à l'égard des institutions internationales et l'idée que la force est in fine un moyen légitime et efficace de parvenir à ses fins. En résumé, La politique étrangère de George W. Bush a poursuivi les trois grandes priorités qui, depuis la fin de la Guerre froide, ont dominé les relations des Etats-Unis avec l'étranger : éviter l'URSS disparue, de laisser la tentation isolationniste séduire un pays sans ennemi à sa taille désormais ; s'assurer que le nouveau système international la globalisation serve les intérêts américains, en promouvant la démocratie de marché ; préserver la position dominante d'Empire du Milieu », de puissance hégémonique unique à laquelle ils avaient été propulsés143(*). Dans ce cadre général, l'Administration Bush n'a cessé de clamer sa détermination à agir sans se sentir liée ni par les approches jusque-là privilégiées par ses prédécesseurs démocrates, ni par les pressions de ses partenaires et alliés ; dans le même temps, elle s'est efforcée d'éviter les retombées les plus négatives qu'une telle attitude était de nature à engendrer. Mais, la politique étrangère de Bush a buté sur la contestation intérieure de certaines de ses décisions. Si les attentats du 11 septembre 2001 ont modifié les modalités de la politique étrangère des Etats-Unis (constitution d'une coalition nouvelle et large soutien populaire au Président américain), George Bush n'en continuait pas moins de chercher à conserver la haute main sur la campagne militaire qu'il a déclenchée et de privilégier le seul intérêt national américain. * 137 Krauthammer, C., "The Bush Doctrine, ABM, Kyoto, and the New American Unilateralism", In Weekly Standard, 4 juin 2001, Vol. 6, n°36, p.23. * 138 Krauthammer, C., « Charlie Gibson's Gaffe », In Washington Post, 13 avril 2002, p.2. * 139 Bacharan, N., Faut-il avoir peur de l'Amérique ? , Paris, éditions du Seuil, 2005, p. 206 * 140Bacharan, N., Opcit., p. 209 * 141 http://webcache.googleusercontent.com/translate_c?hl=fr&u=https://georgewbushwhitehouse.archives.gov/news/releases/2006/10/200610142.html&prev=/search%3Fq%3Dhttps://georgewbushwhitehouse.archives.gov/%26hl%3Dfr%26lr%3D consulté le 13/01/2019 à 04h03. * 142 Charles Krauthammer, arcit. p.23. * 143 Pierre Melandri et Justin VAISSE, « politique étrangère de George W. Bush », in AFRI, Paris, Volume III, 2002, p.45. Sur Thttp://www.afri-ct.org/article/la-politique-etrangere-de-george-w/ consulté le O6/02/2019 à 16h03. |
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