Isolationnisme et la géoéconomie des états-Unis d'Amérique sous Donald Trump. Enjeux et perspectives.par Raphael Mbumba Muamba Université de Lubumbashi(UNILU) /RDC - Licence en Relations Internationales 2018 |
Section II. LA GEOECONOMIEAvec la fin de l'antagonisme bipolaire et l'effondrement du communisme sur l'échiquier international, les chercheurs, les chefs politiques et les Etats devraient se trouver une nouvelle stratégie leur permettant d'expliquer la domination du monde. C'est la géoéconomie. Ainsi, cette section se veut une lecture d'une approche définitionnelle de la géoéconomie, de son contenu et son évolution et ses précurseurs. §1. L'approche définitionnelleSelon Pascal Lorot, « la géoéconomie analyse les stratégies d'ordre économique notamment commerciales, décidées par les États dans le cadre de politiques visant à protéger leur économie nationale ou certains pans bien identifiés de celle-ci, à aider leurs "entreprises nationales" à acquérir la maîtrise de technologies et/ou à conquérir certains segments du marché mondial relatifs à la production ou à la commercialisation d'un produit ou d'une gamme de produits sensibles, en ce que leur possession ou leur contrôle confère à son détenteur « État ou entreprise « nationale » un élément de puissance et de rayonnement international et concourt au renforcement de son potentiel économique et social »40(*).Il précise que « La géoéconomie s'interroge sur les relations entre puissance et espace, mais un espace "virtuel" ou fluidifié oùses limites bougent sans cesse, c'est-à-dire donc un espace affranchi des frontières territoriales et physiques caractéristiques de la géopolitique41(*).La géoéconomie est en outre une analyse des stratégies économiques diligentées par les États dans le cadre de la défense ou de l'aide au développement au sens de protégerleurs entreprises nationales vis-à-vis du contexte concurrentiel mondial42(*). Selon Nicolas Firzli, directeur du Forum Mondial des Fonds de Pension, la géoéconomie opère à l'aide des «lois de la gravitation géoéconomique» qui régissent les rapports entre les nations depuis la fin de la Guerre froide, s'articulant autour de cinq éléments essentiels : autosuffisance financière, existence d'infrastructures de transport modernes et d'unsystème de retraite solide , attractivité territoriale et capacité à projeter le `soft power ' diplomatique et culturel au-delà des frontières nationales et/ou régionales43(*). Edward Luttwak quant à lui, la cerne comme étant «l'analyse des stratégies d'ordre économique décidées par les Etats qui peuvent agir en liaison avec les entreprises de leur pays, pour protéger et développer leur économie nationale et maitriser les technologies sensibles, améliorer leur compétitivité commerciale, conquérir des marchés extérieurs et définir les secteurs d'activités économiques considérés comme stratégiques44(*) ». Pour notre part, la géoéconomie est une guerre des Etats menée au moyen du commerce par la conquête des marchés étrangers et la protection des marchés locaux. Après l'avoir définie, nous passons en revue de son contenu dans les lignes qui suivent. * 40 Pascal, P., « la géoéconomie, nouvelle grammaire des rivalités internationales », in Annuaire français des Relations Internationales, Vol. 1, Bruxelles, éditions Bruyant. En ligne sur http://www.afri-ct.org/La-geoeconomie-nouvelle-grammaire, consulté le 24 décembre 2018 à 12h25. * 41 Idem. * 42Ibidem. * 43 Nicolas, M. et Firzli ., « G20 Nations Shifting the Trillions: Impact Investing, Green Infrastructure and Inclusive Growth », in Revue Analyse Financière, Paris, 7 juillet 2017, pp.4-5. * 44 Luttwak, E., geopolitics to geoeconomics, Washington, National interest, 1990, p.23. |
|