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Le pouvoir politique et ses mécanismes chez Michel Foucault et étienne de la Boétie.


par MOSES BWALYA
Université Loyola du Congo - Graduat 2019
  

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III.4. Le rôle de la société civile dans un Etat d'oppression

La société civile a pour tâche d'éduquer la population sur ses droits, les mesures à prendre quand le gouvernement n'arrive pas à respecter ses droits et accompagner la population dans son application de droits. Bref, elle doit apprendre à la population sur ce veut dire être citoyen. Mais sa tâche éducative semble être problématique parce qu'elle est fondée sur un critère autonome. Notre intérêt est de savoir jusqu'où la société civile reste autonome surtout dans le continent qui est en voie du développement. Le premier aspect est basé sur l'infériorité de la société civile, il est vrai sans doute qu'elle assume une responsabilité suprême dans la vraie raison d'Etat, notamment, elle rappelle l'Etat sur le bien-être de la population mais malgré tout cet effort, elle reste toutefois médiatrice de la population à l'Etat. Ce qui fait qu'elle ne peut trop s'opposer à l'Etat. Le deuxième aspect se base sur la participation de l'Etat à la société civile. L'Etat participe directement ou indirectement au service que la société civile effectue, car à chaque retrouvaille publique de la société civile l'accord est donné par l'Etat selon les normes et parfois ses financements etsa sécurité viennent de l'Etat. Voilà pourquoi, la société civile est autonome dans le sens qu'elle est une vraie opposition du gouvernement politique en place. Elle s'oppose au non-respect des normes préétablies par l'Etat que Michel Foucault a appelé la raison d'Etat. La société civile est considérée comme une institution experte en matière des normes de l'Etat et des mécanismes d'oppressions qui empêchent la population à réaliser son plus grand bien. Cependant, elle est assigné le rôle d'éduquer la population.

Mais quelle type d'éducation peut-elle donner dans un pays despotique ? La société civile apprend à la population à prendre conscience de ses droits et devoirs, comme nous l'avons souligné ci-haut, elle enseigne ce qui veut dire être un bon citoyen et appelle la population à la responsabilité. Certes, « il est dans la nature de l'homme d'être libre et de vouloir l'être ; mais il prend facilement un autre pli, lorsque l'éducation le lui donne »85(*). Car, le but de cette éducation est que la population et l'Etat parviennent à l'entente parce que la révolution est très souvent l'oeuvre des érudits, des hommes bien instruits, ambitieux de la liberté, seuls sont ces hommes, civilisés, éveillés sont capables de faire face à un ordre social qui porte atteinte à l'humanité de l'homme.Mais quant aux ignorants, à ceux qui se contentent de la médiocrité, de la bassesse, ceux-ci ne se contentent que du manger et du boire, sans pourtant penser aux fondamentaux de leur existence et de la société toute entière. Quant aux souffrances qui les accablent, ils n'ont rien d'autres à faire que de s'y résigner. C'est en fait ce genre d'hommes que les tyrans en font souvent leurs véritables adorateurs. Ils font semblant de les aimer, mais en fond ce n'est qu'une façon de les endormir. Mais quant aux intellectuels, les tyrans cherchent la négociation, la collaboration de peur qu'ils ne soient dévoilés de leur méchanceté, de leur mauvaiseté devant tous. Pour éviter toutes sortes de solidarité entre les peuples, ils prennent l'initiative « d'empêcher les hommes de s'entretenir en des lieux, à des jours convenus, de leurs intérêts, de leurs voeux, de leurs espérances, de s'assembler même en nombre suffisant pour concerter une action commune, »86(*). Car, c'est en s'unissant que les hommes constituent une force. Mais lorsqu'ils séparés les uns des autres, il n'y a pas moyen de former une lutte commune, de communiquer les éléments de leur pensée qui peuvent aboutir au changement. Certainement, « lorsque chacun est sur ses gardes, lorsqu'aucune des ruses, aucun des pièges infâmes de l'espionnage n'est ignoré de personne, la police a beau jeter ses filets, elle n'en retire guère que quelques gens simples et quelques imprudents »87(*).

En outre, les tyrans peuvent contraindre les individus, mas jamais peuvent restreindre leur pensée, le pouvoir de leurs esprits. Il reste que dans sa nature, le despotisme cherche toujours à gouverner les hommes et leur liberté. Mais lorsqu'il lui semble difficile d'atteindre celle-ci, « il la poursuit dans son expression, dans sa manifestation extérieure, c'est-à-dire dans la parole et, là où elle existe, dans la presse, qui n'est que la parole dilatée et multipliée »88(*). Ce qui fait que lorsque la tyrannie rencontre les hommes éclairés par la lumière de la raison, elle cherche à affronter le courage de leurs convictions et à manipuler leurs opinions. Et lorsque le despotisme parvient jusqu'à étouffer la raison, cela excite presque tout le monde à la protestation, à la vengeance. Ainsi, les peuples se lèvent plus haut pour combattre corps à corps les tyrans jusqu'à les faire tomber au plus bas.

La conclusion

Ce chapitre avait pour but de scruter à fond la relation entre la population et le pouvoir gouvernemental qui, très souvent, n'est pas toujours à la hauteur de sa charge. Cette incompétence de la part de l'Etat appelle l'action de la population qui doit revendiquer sa liberté en passant par l'unité, la désobéissance civile, la quête de la stabilité et de l'efficacité. Mais la population ne peut bien mener combat de la lutte pour la liberté que lorsqu'elle maîtrise bien les mécanismes d'oppression établis par son oppresseur tels que montré par Etienne de la Boétie, à savoir : le chant, la danse, le théâtre, la boisson, la religion l'isolement, etc.

* 85E. DE LA BOETIE, Op, Cit., p.195.

* 86E. DE LA BOETIE, Op, Cit.,p.25.

* 87Ibid.,p.26.

* 88Ibid., p.27.

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