Le pouvoir politique et ses mécanismes chez Michel Foucault et étienne de la Boétie.par MOSES BWALYA Université Loyola du Congo - Graduat 2019 |
III.3. Les mécanismes de résistanceTrès souvent ce qui contribue à la durée des Tyrans au pouvoir c'est leur force qu'ils imposent aux gens. La peur de la mort suscite le silence absolu, peu importe les souffrances dans lesquelles les citoyens sont soumises. Bien sûr que leurs sujets vivent dans la misère, dans la dégradation absolue, les tyrans se soucient mieux de leur pouvoir que du bien-être social. Ils ne veulent pas qu'on parle de la misère qui entrave la population, ils ne veulent pas que l'on s'oppose à leurs ordres, à leurs décisions, à leurs conspirations secrètes. Mais si tel est le cas, pourquoi continuer à obéir ? Car, il faudrait mieux vouloir mourir débout que de vivre à genoux. C'est-à-dire, mourir en sa pleine dignité que mourir sous la servitude. C'est ce qui fait cependant que la population décide de se révolter. Ici, nous avons intérêt à considérer la révolution comme étant passage d'un régime politique despotique à un régime démocratique, voulu par tous et à l'intérêt de tous. Elle se veut une transformation de la manière de gouverner une société. La Boétie lui-même comme le témoigne Auguste Vermorel, constitue l'une des figures emblématiques de la révolution française du 1789. Au seul fait que sa pensée a beaucoup contribué au processus de la délibération de la France. Cette révolution avait en quelque sorte instaurée une nouvelle démarche socio-politique dans le monde entier au sens où « le monde, un instant mobile, allait reprendre sa marche majestueusement vers le progrès. Ce n'est pas à tort que l'on a appelé cette époque la Renaissance. Partout s'éveille la notion des droits de l'homme et de la pensée ; ladignité humaine, écrasée sous le despotisme, l'ignorance, se dresse »81(*). C'est dans cette dynamique que doit s'inscrire notre lutte pour la libération. En clair, dans un régime d'oppression, il ne suffit pas d'implorer Dieu tous les jours pour que nous puissions atteindre son bonheur, mais plutôt conquérir ce bonheur chaque jour de son existence par la désobéissance à toute forme de contrainte. Il importe plus de manifester une indignation totale contre le despotisme, contre tous les pouvoirs monarchiques.La France qui était à cette époque (16et 17e siècle), marquée par les disputes du pouvoir, des conflits politiques, et dominée également par des guerres et les conflits entre le protestantisme et le catholicisme, il fallait nécessairement une idéologie évolutionniste.C'est à cause de tous ces évènements étourdissant qui avaient dépravé l'histoire de la nation que va naitre un mouvement d'action et de pensée pour but d'affranchissement et d'instauration de la liberté, l'égalité et la fraternité. Dans cette lutte, La Boétie reste à considérer comme l'un des ancêtres de la révolution française du 1789. C'est en fait l'icône de la liberté, de l'égalité, de la fraternité. Son discours reste en effet une arme par excellence contre toutes formes de gouvernements qui prônent l'oppression, la marginalisation, l'assujettissement des peuples82(*). Quant à lui, de même que les bourreaux et les abrutis se complaisent dans leur ignorance, c'est de même que les citoyens se complaisent dans leur souffrance, dans leur misère. Cependant, la servitude d'un peuple dans un pays où règne la tyrannie, présente quelque chose d'étrange à concevoir. Obéir à la tyrannie c'est se faire complice de sa propre maltraitance. C'est encore une façon plus claire de faire perpétuer la tyrannie, car dit-il :« c'est avec le secours qu'on lui prête, avec l'argent, avec la force de chaque individu pris à part, qu'il les asservit tous. Lorsqu'un peuple a ainsi forgé ses propres chaînes, alors il se lamente dans sa bassesse et dans sa misère ; il voudrait se relever de sa dégradation, et il ne le peut plus. La rouille de l'esclavage a usé les ressorts de sa vie ; il se trémousse en vain sous les fers qui l'écrasent »83(*). Ces propos de La Boétie nous montrentle degré élevé du dédain qu'il a face à une nation qui n'est plus elle-même, mais conditionnée par un maître qui en jouit la propriété. Ces Tyrans, parce qu'ils jouissent de toute autorité suprême, de toute force, ils choisissent expressément parmi leurs sujets les hommes forts pour assurer leur sécurité. A ceux-ci, les tyrans ordonnent d'éliminer tous ceux qui s'opposent à leurs décisions, y compris même leurs frères, leurs soeurs, et leurs parents.Mais La Boétie ne cesse à inviter la population à la désobéissance civile, car celle-ci est une meilleure manière de combattre la tyrannie. Certes, La Boétie n'a pas tort, mais ce qui nous paraît un peu drôle à l'esprit : comment peut-on désobéir sous les peines horribles, comment désobéir dans un cadre de vie où les droits et liberté de l'homme sont bafoués ? Comment désobéir dans un environnement où l'on tue sans avoir de compte à ne rendre à personne ? C'est juste à ce niveau que se situe notre aspect critique de ce discours. Est-il possible de parler de la servitude volontaire dans un cas d'oppression ? Bien que La Boétie demande une désobéissance qui soit civile, il n'est pas du tout facile de faire face lorsqu'on gémit dans la famine, lorsqu'on traîne dans la misère absolue. Raison pour laquelle, les âmes les moins fermes se laissent facilement corrompre par les tyrans. Cette désobéissance ne peut être possible que dans la mesure où il y a l'acceptation de la liberté d'expression. Elle est également possible autant que tout le monde consent à cette quête de la liberté. Et il faudrait encore l'initiative des hommes forts, intellectuellement et physiquement, car les peureux, les ignorants n'y peuvent rien. La liberté est une de caractéristique véritable de l'égalité pour atteindre la base d'une vraie société, une société où les gens vivent dans la paix, dans la liberté. En dépit de la quête de la liberté des citoyens et de la justice dans la société, Foucault pense qu'on peut y arriver par le respect de la vraie raison d'Etat, et il y a en lui également ce désir d'instaurer l'égalité entre les hommes. Cette égalité, à notre humble avis est à saisir dans la perspective d'avoir les mêmes droits et devoirs dans la société. Et non pas que les uns soient considérés comme les maîtres et les autres comme esclaves. Mais sans ignorer la réalité de ce projet, qui semble difficile à atteindre. Parce que dans chaque société, la classe dirigeante est toujours considérée comme privilégiée de certains droits ou devoirs. Il y a aussi cette difficulté d'avoir un régime politique qui soit le meilleur des tous les autres. Cette même difficulté fait qu'il n'y ait pas une société, toute parfaite. L'égalité dont prône La Boétie et Foucault, elle est native et naturelle dans le sens où tous étant les êtres humains, nous avons tous les mêmes droits et devoirs mais chacun a sa position. Bien-même dans la nature face des uns, serviteurs des autres, pour La Boétie, cela doit être compris en termes d'affection fraternelle. Et puisque nous sommes tous égaux les uns et les autres, cette égalité doit tenir en compte du poste de chacun. Cette idée se manifeste dans la nature a fait des uns les esclaves des êtres. Ce que La Boétie cherche ici, le remplacement d'un régime despotique par un régime démocratique où la partie gouvernante doit respecter la justice, la liberté et l'égalité sociales. Mais encore, la démocratie a aussi ses avantages et ses désavantages qui sont parfois redoutables. Si non, la politique n'a pas toujours été quelque chose de parfait. elle est : « le programme, la méthode d'action ou l'action elle-même d'un individu ou d'un groupe, concernant un problème ou la totalité des problèmes d'une collectivité »84(*), elle est toujours susceptible des défaillances, aussi longtemps que les idées ou les opinions au sein de ce groupe d'homme ne correspondent plus. C'est en ce moment que le peuple prête conscience de sa misère et se met à la recherche de la stabilité, l'égalité, liberté etc. Bref, il se met à rechercher le bonheur. La recherche du bonheur demande l'unité et la collaboration, mais, la population parfois manque les stratégies, face à cela il faut une institution pour assumer la responsabilitépour unifier la population, c'est la société civile. * 81E. DE LA BOETIE, Op, Cit., p.60. * 82Cf. Ibid., p.61. * 83Ibid.,p.20. * 84R. ARON, Démocratie et totalitarisme, Gallimard, Paris, 1965, p.24. |
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