Le pouvoir politique et ses mécanismes chez Michel Foucault et étienne de la Boétie.par MOSES BWALYA Université Loyola du Congo - Graduat 2019 |
CHAPITRE TROISIEME :LA RELATION ENTRE LE GOUVERNEMENT ET LA POPULATIONIII.0. IntroductionLa gouvernementalité politique des hommes que propose Foucault en comparaison avec le pouvoir pastoral en passant par les mécanismes de son effectivité qui sont la raison d'Etat, la police et les transformations de la raison d'Etat n'ont enfin de compte comme finalité que le bien-être de la population. Mais il arrive très souvent que bien que tous ces mécanismes soient mis en place, l'homme politique habité par la cupidité égocentrique, le souci intense de soi, se détourne de sa mission principale qui est, comme nous l'avons dit, de promouvoir le bien-être de la population. Voilà pourquoi, il faut qu'à un certain moment la population se prenne en charge pour revendiquer ses droits face à un gouvernement qui l'opprime. C'est ce que va tenter d'analyser ce chapitre en s'inspirant de Etienne de la Boétie. Cependant, quelques questions méritent d'être posées: quel rôle que la population peut jouer au regard d'un régime politique qui ne satisfait pas son bien-être? Comment fonctionne l'oppression ? Quels sont les mécanismes à mettre en pratique pour lutter contre un tel régime politique? Et comment dans un tel contexte aider la société civile à se maintenir autonome aussi longtemps qu'elle est surveillée et financée par le pouvoir en place ? C'est autour de ces questions que s'articuler ce chapitre. . Notre objectif consiste ici à montrer les mécanismes de contraindre un régime politique à revenir à la raison lorsqu'il ne sait pas répondre adéquatement à sa mission principale qui est celui de promouvoir le bien-être de sa population. Le plan se présente de la manière que voici : le rôle de la population dans un régime politique ; III.1. Le rôle de la population dans un régime politiqueDans la vraie raison d'Etat, ce qui compte, c'est le bien-être et la souveraineté de l'Etat. C'est dans ce contexte là qu'il convient de comprendre lorsqu'on dit que le contrat du pouvoir politique est signé en fonction de la faveur qu'il donne au de bien-être de tous. En effet, le peuple par sa liberté confie le pouvoir à celui qu'il veut, après avoir jugé bon les avantages qu'il espère avoir en retour. Cet exercice libre que la population pratique en tant que base de pouvoir politique et surtout dans un régime démocratique, lui donne le pouvoir de surveiller et de porter un regard toujours critique vis-à-vis de ce régime politique. Mais une telle attitude dubitative ne peut bien s'effectuer que dans un contexte où le peuple possède une liberté dans le sens où « une liberté sensée, est une liberté capable de franchir le seuil de l'institution, une liberté qui se coordonne avec des autres dans une institution »68(*). En clair, une véritable liberté est celle qui prenne sa responsabilité en main. Mais par quel moyen est-ce qu'on peut parvenir à réaliser le bien commun ? L'un de moyen pour parvenir au bien commun peut être l'organisation massive. Il revient à l'Etat d'organiser la population car« l'Etat est l'organisation rationnelle et raisonnable (morale) de la communauté ; il ne peut lui être assigné d'autre but que celui de durer en tant qu'organisation consciente de la communauté historique dont il est l'organisation et qui est ce qu'elle est dans cette forme d'organisation »69(*). Cette tâche fait en sorte que l'Etat soit reconnu comme l'institution organisatrice et comme force qui a la capacité d'organiser la population pour atteindre le bien commun. Autrement dit, l'Etat est une institution organisatrice dans le sens de disposer des moyens qui permettent d'atteindre le vivre-ensemble pacifique et harmonieux. Car l'Etat comme force est capable à la fois de rassembler et de séparer ceux qui sont en faveur de sa souveraineté et ceux ne le sont pas, il le sépare. Selon Michel Foucault : « si effectivement les choses marches, pourront coexister les uns avec les autres selon un équilibre qui empêchera justement la domination de l'un sur les autres »70(*). C'est dans cette idée qu'il pense que l'Etat doit d'abord rechercher l'égalité de tous ; cette égalité qui doit être symbolisée par le bien commun. Mais il arrive très souvent que l'Etat oublie sa tâche organisatrice de la population, en ce moment la tâche revient à la population de se prendre en charge en vue de rappeler à l'Etat ce qu'il doit faire. Mais comment est-ce que l'Etat oublie sa mission ? * 68P. RICOEUR, La philosophie et la politique devant la question de la liberté, dans la liberté et l'ordre social, Paris, 1984, Seuil p.17. * 69 E. WEIL., Philosophie politique, 4è éd., Paris, J. Vrin,1984, p.139. * 70 M. FOUCAULT, Op., Cit., p.266. |
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