Le pouvoir politique et ses mécanismes chez Michel Foucault et étienne de la Boétie.par MOSES BWALYA Université Loyola du Congo - Graduat 2019 |
II.5. La notion de la policeLa police est pour Michel Foucault : « l'ensemble des lois et des règlements qui concernent l'intérieur d'un Etat, qui tendent à affirmer et à augmenter sa puissance, à faire un bon emploi de ses forces »55(*). Mais il y a lieu de garder présent à l'esprit quela police, comprise comme une certaine manière de faire croître au maximum les forces de l'Etat, tout en maintenant son bon ordre, se retrouve un lien étroit avec l'équilibre européen avant la première Guerre mondiale évoluant en la formation des Etats nations.Cet ensemble de lois et de règlements a beaucoup contribué à maintenir l'ordre et l'unité en Europe. C'est dans ce contexte que l'on peut facilement comprendre l'autre définition de la police qui dérive d'après le dictionnaire français du latin politia et du grec politeia, venant de « polis » qui signifie : la cité. La police désigne alors dans ce cas, l'ensemble de règles imposées aux citoyens pour parvenir à maintenir l'ordre et la sécurité dans la cité.56(*) L'auteur évoque la notion de cité ou de Polis, en s'inspirant de trois philosophes qui ont abordé cette notion déjà dans l'Antiquité : Héraclite, Platon et Aristote. La police historiquement parlant était considérée comme un élément très nécessaire dans la Grèce antique. Car, selon Michel Foucault : le premier objet de la Police, était la conservation de la vie naturelle. Et, pour les Grecs, la vie était la substance d'où dérivaient tous les autres biens qui font l'objet de la Police. Voilà pourquoi, le rôle que jouait la police était perçu comme un rôle de splendeur dans un Etat dans le sens où elle est appelée à veiller à la croissance des forces de l'Etat dans des conditions telles que l'ordre même de cet Etat en soit non seulement pas compromis, mais renforcé ; savoir contrôler et prendre en charge l'activité des hommes en tant que cette activité peut constituer un élément différentiel dans le développement des forces de l'Etat. Pour Michel Foucault, splendeur est à comprendre à la fois comme la beauté visible de l'ordre et l'éclat d'une force qui se manifeste et qui rayonne. Voilà pourquoi, la cité ou la ville était pour les Grecs le principal lieu pour la police d'exercer sa mission. Michel Foucault énumère treize missions fondamentales de la police, à savoir : s'occuper de la religion, les moeurs, la santé et les subsistances, la tranquillité publique, le soin des bâtiments, des places et des chemins, les sciences et les arts libéraux, le commerce, les manufactures et les arts mécaniques, les domestiques et les manouvriers, le théâtre et le jeux, et enfin le soin et la discipline des pauvres, qui est considéré comme : « partie considérable du bien public 57(*). En effet, ces rubriques sont organisées en quatre principales missions. Delamare, selon Michel Foucault, regroupe ces treize rubriques selon un certain nombre de titres généraux, en suivant l'ordre fonctionnel plus général58(*). Cette ordre fonctionnel aide à ne pas confondre une mission à l'autre, car il les a classés selon les catégories classiques. Le premier, c'est quand la Police s'occupe de la religion et des moeurs, son but dit Foucault dans ce cas, est d'assurer ce qu'il appelle la : « bonté de la vie »59(*). Le deuxième, ce quand elle s'occupe de la santé et des subsistances. Sa fonction à ce niveau, est la « conservation de la vie »60(*). Le troisième ce quand à la tranquillité, le soin des bâtiments, les sciences et les arts libéraux, le commerce, les manufactures et arts mécaniques, domestiques et manouvriers, tout ceci se réfère à la « commodité de la vie »61(*). Enfin, le quatrième est le théâtre et les jeux qui renvoie aux « agréments de la vie ». Et quant à la discipline et aux soins des pauvres, c'est : « une partie considérable du bien public »62(*). A ce niveau, la police est appeléeà venir traiter chacun selon son rang, mais beaucoup plus en aide aux plus vulnérables dans le seul but que la justice et la paix règnent dans la cité. Voilà pourquoi, Cathartine estime que: « la Police a besoin de règlements que de Lois »63(*). Cette clarification rend sa mission dès lors rationnelle et distincte de celle du pouvoir judiciaire. Autrement dit, ces règles doivent être au centre de la mission pour la police pour marquer la différence entre elle et le pouvoir judiciaire. En outre, parlant de la police, Mabiala mentionne trois rubriques fonctionnelles principales : « lutte contre criminalité, maintien de la loi et de l'ordre public et contribution à la fonction de service social »64(*). C'est pour lutter contre toute antivaleur et chercher à donner le goût à la vie humaine. Le goût que la police ajoute à la vie, Foucault l'appelle le bien-être. Voici ce qu'il dit à ce propos : « Comme le disait Montchrétien dans son Traité de l'économie politique que non seulement il faut être, mais encore il faut « bien-être » »65(*). Ce bien-être dont il est question, l'auteur le dit clairement que la tâche première revient à l'Etat en communion avec la police de veiller, de contrôler et d'assurer ce bien-être à tout le monde. Poursuivant sa réflexion, Michel Foucault utilise l'exemple du nom Urban pour designer la ville ou cité dans l'Etat moderne. Cette expression d'urbanisation, Foucault, à la suite de Domat, l' entend au fond comme le fait de faire du royaume, de faire du territoire tout entier une sorte de grande ville ou cité, de faire en sorte que le territoire soit ordonné comme une ville, sur le modèle d'une ville et aussi parfaitement qu'une ville66(*). Cette tâche selon Foucault revenait au physiocrate et les mercantilistes. Et le mercantilisme, d'après Foucault, est à considérer ici comme une technique et un calcul de renforcement de la puissance des Etats dans la compétition européenne pour le commerce, par le développement du commerce et par la vigueur nouvelle donnée aux relations commerciales67(*). De ce qui prévaut, on peut donc dire que l'intervention de l'Etat et du gouvernement est une intervention qui se veut orientée dans la matérialité du bien-être.Mais pour y parvenir il faut une certaine transformation de la raison d'Etat. * 55Ibid, p.335. * 56P. ROBERT, Dictionnaire Le Nouveau Petit Robert, Paris, 1994. P. 1717. * 57Cf. M. FOUCAULT, Op. Cit.., p. 342. * 58Ibidem. * 59Ibidem. * 60Ibidem. * 61Ibidem. * 62M. FOUCAULT, Op. Cit., p. 342. * 63Ibid.,p.348. * 64 M. MANTUBA NGOMA, Police et reconstruction nationale, Kinshasa,MEDIASPAUL, 1999, p.11. * 65 M. FOUCAULT, Op. Cit. p.342. * 66Ibid.p.344. * 67Ibidem. |
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