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La géopolitique congolaise de l'eau. Mythe ou réalité?


par Faustin KYALA WAKABILA
Université de Kolwezi - Licence 2019
  

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§2.Fleuves et bassins versants : la question du partage des eaux

La pression démographique qui va peser sur cette ressource, couplée à son inégale répartition, fait donc plus que jamais apparaitre le XXIè siècle comme le siècle de l'or bleu.

Pour reprendre la définition de la ressource stratégique et vérifier si l'eau y répond ou non, il apparait bien que le caractère rare de l'eau est relatif en fonction de la situation géographique des populations) mais tendra à se généraliser compte tenu de la croissance démographique mondiale et de la pollution dégradant les réserves.48

Si nos modes de vie et de consommation (agricole, domestique et industrielle) n'évoluent pas vers la durabilité. Or, l'eau propre à la consommation est d'une telle nécessité pour la survie des êtres vivants qu'il se pose la question de reconnaitre l'eau comme un droit pour tous et pas seulement comme un besoin, ce qui, au niveau international, a une implication pour le règlement de tous les enjeux liés à l'eau.

L'eau pourrait donc bien être une ressource stratégique tant au niveau régional que mondial dans le futur. Il existe déjà à travers le monde de nombreuses situations de tensions entre deux ou plusieurs pays qui se cristallisent sur des enjeux hydriques. Les fleuves et le partage des bassins versants sont les principales raisons de ces crispations. Un fleuve ne représente pas seulement une source d'eau (nécessaire à l'irrigation, au développement industriel, également urbain et social) mais aussi une manne économique pour toutes les raisons évoquées précédemment, auxquelles s'ajoute le développement de l'énergie hydraulique.

Les tensions apparaissent donc entre pays en amont et en aval du fleuve et principalement lorsque le pays en amont décide de mettre en place des infrastructures (barrages, centrales hydroélectriques...) pour stocker, dériver, canaliser, drainer les eaux ou produire de l'énergie, le risque pour les pays et, en aval c'est la perte d'une partie conséquente du débit du fleuve, une dégradation de la qualité de son eau (avec une pollution liée aux activités humaines en avant), voire des catastrophes écologiques (comme la mer d'Aral) ou sociales (on peut citer, bien que ce cas n'implique pas un litige entre deux pays, le barrage des Trois Gorges, en chine, qui a entrainé le déplacement de 2 à 4millions de personnes).

48 Jeanine et Samuel ASSOULINE, op cit pp.90-98

75

La prévision du vice-président de la banque mondiale en 1995, Israël serageldin, se confirme-t-elle : « les guerres du XXIè siècle auront l'eau pour enjeu » fait-on la guerre pour l'eau ou l'eau est-elle un facteur aggravant des tensions ou conflits entre Etats ?

La question est essentielle car d'elle dépend la possibilité de résolution de la crise. Deux Etats qui n'ont pas d'autres raisons de se faire la guerre gagneront plus à coopérer et à partager intelligemment leurs ressources hydriques. Deux états en conflits ou ayant des tensions exacerbées auront les plus grandes difficultés à mettre en oeuvre une volonté politique de coopération.

Il faut à ce niveau de notre réflexion prendre un temps pour comprendre la dimension politique de l'eau, perception assez difficilement partagée en Europe où elle n'est pas en pénurie. Dans les zones semi-arides et arides, la problématique de l'eau est intimement liée au politique. Les grands fleuves (le Nil, l'Euphrate, le Yang-Tsé...) sont les foyers des premières grande civilisations agraires et urbaines. L'eau et sa maitrise ont pesé sur les constructions politiques et ont inspiré une analyse sur la nature des constructions politiques qui en découlent à des nombreux auteurs en l'occurrence de Montesquieu à Wittfogel en passant par Hegel. Pour illustrer cette thèse, prenons l'exemple du Pharaon qui tire son pouvoir du Nil. En effet, le contrôle de l'irrigation et de l'activité agricole concentrée sur la Valée du Nil pour assurer la survie du peuple égyptien imposa la mise en place d'un pouvoir centralisé, fort dans la personne du pharaon.

Quelle peut être aujourd'hui la réalité de cette thèse de l'hydro-politique ? l'eau ne peut bien entendu pas être le seul critère expliquant la nature des régimes politiques en place actuellement dans les pays en zones arides ou semi-arides. Ces régimes sont le résultat de facteurs multiples et d'une longue évolution historique. Néanmoins, l'eau reste un enjeu de politique interne et régionale incontournable pour quelques gouvernements du monde.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore