Section 3 : L'eau au coeur des conflits du xxie
siècle
Cette section est consacrée à deux paragraphes
dont le premier portera sur les conflits autour de l'eau et le second sur les
fleuves et bassins versants incluant ainsi la question du partage de l'eau.
§1.Les conflits autour de l'eau
Les conflits armés ouverts entre les Etats autour de
l'eau sont bien rares, mais des tensions et des affrontements au sein des
Etats, entre des communautés autour de l'or bleu sont
fréquents.
Qu'ils soient des conflits internes ou interétatiques,
les enjeux en sont l'accès à l'eau pour des populations à
des multiples fins comme il est le cas des populations agricultrices s'opposant
aux peuples éleveurs. Des tels conflits intercommunautaires sont
reportés au Burkina Faso, au Niger, de plus en plus au Kenya et en
Tanzanie.
En RDC, le stress hydrique conduit à une situation
caractérisée par la permanence de cette crise silencieuse avec
deux effets qu'il sied de considérer, difficulté
d'approvisionnement en eau potable et pollution des sources d'eau. La
pénurie d'eau potable sévit au quotidien dans les centres urbains
où les effets « d'affalement », « une véritable
architecture mobile de l'être-ensemble urbain », entrainent des
conséquences qui sont des
47Rapport de l'assemblée nationale du
gouvernement indien de 2014, La géopolitique de l'eau, pp.91-92
A cela nous pouvons ajouter la situation qui se vaut entre la
RDC et les pays du bassin du lac Tchad qui veulent à tout prix se
procurer de l'eau de la RDC.
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catastrophes humaines : la croissance urbaine n'est pas suivie
par l'augmentation des capacités des infrastructures publiques pour la
prise en charge des besoins fondamentaux de la population urbaine (accès
à l'eau potable, à la santé etc). Les reportages
réalisés par des chaines de télévision locales sur
les difficultés d'accès à l'eau potable dans les centres
urbaines en RDC ne couvrent pas la réalité complexe des
souffrances indescriptible vécues dans le Congo profond.
Des bidons de couleur jaune, du moins dans le grand Katanga,
sont des containers utilisés par des populations à la recherche
de l'eau. Il y a des centres urbains où l'eau coule au robinet non pas
sept jours sur sept, mais deux fois par semaine. Dans d'autres lieux le jour
où l'eau coule au robinet est un jour de fête, car toutes les rues
sont inondées des gens alignés pour entrer dans une parcelle
où est placé le robinet.
Sur le plan interétatique, les conflits autour de l'or
bleu s'assoient sur un fond des rivalités séculaires, politiques,
idéologiques, religieuses ou frontalières qui les exacerbent par
la suite. Ainsi, on peut savoir que dans le conflit entre Israël et ses
voisins arabes, il y a un litige sur le partage des eaux du Jourdain, sur les
partages des aquifères souterrains, mais ce n'est pas le seul point de
litige. Il y a aussi tout le litige sur l'existence même d'Israël,
les territoires occupés, le statut de Jérusalem, les
réfugiés, les frontières etc. donc l'eau n'est qu'un des
éléments dans la nébuleuse des conflits entre Israël
et ses voisins c'est la même chose au Proche-Orient entre la Turquie, la
Syrie et l'Irak où le partage des eaux de l'Euphrate et du Tigre est une
cause de conflit. Là aussi l'eau se mêle à d'autres
rivalités, dans d'autres facteurs de conflits entre les trois pays : la
révolté des Kurdes instrumentalisée par la Syrie pour
essayer d'affaiblir la Turquie parce qu'il y a un litige des frontières,
le litige entre la Syrie et l'Irak sur le partage des eaux de l'Euphrate qui se
double d'une vieille rivalité sur la domination du monde arabe.
En Afrique, il y a des conflits potentiels ouverts et
larvés autour du Nil entre l'Ethiopie et l'Egypte. Ce n'est pas que
l'Egypte veut prendre l'eau du Nil en Ethiopie. De toute façon, l'eau
s'écoule naturellement jusqu'en Ethiopie sur son territoire. Mais
l'Egypte veut empêcher l'Ethiopie de construire des barrages sur son
propre territoire.
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