L'entrepreneuriat agricole dans la province du Boulkiemdé. Analyse et perspectives.par P. Christian Abdoul Kader YAMEOGO Université Libre du Burkina (ULB) - Maitrise en gestion et administration des entreprises 2015 |
I.2.3. La synthèse des travaux sur les nouveaux acteurs et la promotion de l'entrepreneuriat agricoleUne étude réalisée par Moussa OUEDRAOGO49(*) sur les nouveaux acteurs et la promotion des activités agro-sylvo-pastorales dans le sud du Burkina Faso a identifié le statut des exploitations modernes. Selon l'auteur, le phénomène de création de fermes agro-pastorales concerne presque toutes les couches socioprofessionnelles considérées comme relativement aisées du pays sans qu'aucun indicateur économique ne puisse justifier cet engouement sur le processus actuel d'appropriation de la terre notamment par les salariés et les promoteurs économiques. Pour mieux caractériser ces exploitants modernes, l'auteur les regroupe en six (06) catégories. Ø les agents de l'Etat (AE) : communément appelés « fonctionnaires ». De façon générale, la base principale de leur capacité financière est constituée par leur salaire et les prestations diverses (appui/conseil aux projets de développement, conduite d'études diverses, prestations dans le privé, etc.). Ils sont actuellement les plus nombreux et représentent 40% des acteurs concernés ; Ø les agents des services parapublics (PP) : ils représentent environ 5% des nouveaux acteurs. Ce sont essentiellement des agents des sociétés d'Etat, des projets et programmes de développement. Leur capacité financière est essentiellement constituée de leur revenu salarial supérieur à celui des acteurs du groupe précédent ; Ø les salariés du secteur privé (SP) : cette catégorie regroupe les travailleurs des agences financières, des sociétés de transport et de transit, de l'aéronautique, etc. Leur capacité financière en termes de traitement salarial est nettement plus élevée que celle des agents de services de l'Etat et des institutions parapubliques. Ils représentent environ 14% des nouveaux acteurs ; Ø les promoteurs économiques (PE) : sont classées dans cette catégorie toutes les personnes qui ont constitué des entreprises et/ou ont des actions importantes qui leur procurent l'essentiel de leurs revenus. Il s'agit des commerçants, des entrepreneurs en bâtiment ou en construction de route, les directeurs généraux des institutions financières et des assurances, les architectes, etc. Ils représentent 19% des nouveaux acteurs ; Ø les hommes politiques (HP) : dans cette catégorie sont regroupés des ministres en fonction ou non, les députés en fonction ou non, les autorités administratives au niveau des provinces (Hauts commissaires et secrétaires généraux), les présidents des institutions, des secrétaires généraux des ministères, des chefs de cabinet des institutions, etc. Agents de l'Etat ou promoteurs économiques, ils ont des revenus liés aux fonctions qu'ils assument. Leur statut leur confère également certains égards et avantages auprès des communautés rurales et des services techniques. Ils représentent au total 17% des acteurs concernés ; Ø Graphique n°4 : Répartition des nouveaux acteurs de l'entrepreneuriat agricoles
Source : Ouédraogo, 2006. les autres nouveaux acteurs : dans cette catégorie, on retrouve les confessions religieuses, les associations locales de développement et les ONG. Ils représentent environ 5% des nouveaux acteurs. Toujours selon l'auteur, l'implantation des nouveaux acteurs se fait sous trois formes essentielles : Ø la première s'articule sur des idées bien précises et formalisées par un projet cohérent (choix du lieu d'implantation, études techniques et financières, recherche de financement : salaire, recours bancaire, appui financier externe). Ces « nouveaux acteurs » sont peu nombreux et ont des réalisations modestes car les coûts d'approche d'un tel projet sont importants et nettement au-dessus des possibilités salariales ; Ø la seconde se fonde sur des idées bien précises mais non formalisées en termes de projets concrets ; la principale contrainte de mise en oeuvre est la recherche de financement. Ces « nouveaux acteurs » sont souvent des salariés en activité ou à la retraite dont l'installation véritable est hypothétique ; Ø enfin, la troisième se base sur des idées imprécises, non formalisées et l'intervention est de type spontané sans une connaissance réelle des coûts de réalisation d'une ferme de grande dimension, ni des choix techniques, économiques et financiers. Ces « nouveaux acteurs » les plus présents dans la mise en oeuvre des exploitations se tournent après le défrichement soit vers une agriculture de type traditionnel, soit vers une installation à « grand frais » mais qui peut être inopportune au plan technique, économique et financier. La troisième forme d'implantation concerne la grande majorité des nouveaux acteurs. N'étant pas porteurs de projet bien précis, ils débutent leurs activités par le défrichement des terres concédées et la mise en culture pendant de longues années sans les mesures d'accompagnement telles que le reboisement, l'aménagement des terres par les sites antiérosifs, l'apport en matière organique. Cette pratique a des conséquences désastreuses sur le plan environnemental et contribue à accélérer la régression des potentialités naturelles des localités concernées. * 49 Contribution de l'agrobusiness au développement local : cas de la commune de Sapouy dans la province du Ziro, 2006. |
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