5.3- Catastrophes
naturelles
Les catastrophes naturelles sont étroitement
liées au processus de développement de l'homme. De ce fait, il
n'est pas douteux de dire que les acquis de développement sont
menacés par des catastrophes naturelles. Depuis des décennies, le
nombre de catastrophes naturelles et l'ampleur de leurs incidences sur le
développement économique et humain ne cessent d'augmenter.
Dès lors, les acteurs de développement se mettent à
analyser les dégâts que peuvent causer les catastrophes naturelles
et mesurer ses impacts sur l'économie. Selon les recherches actuelles,
les effets secondaires des catastrophes peuvent avoir de sérieuses
répercussions sur le développement humain et économique
à long terme. En effet, l'analyse des pertes économiques
causées par les catastrophes naturelles se présentent
généralement sous 3 formes : Les coûts directs (les
dommages matériels), les coûts indirects (l'interruption de la
circulation des biens et services) et les effets secondaires (Les incidences
des catastrophes sur l'ensemble de l'économie et des conditions
socio-économiques, qu'elles soient limitées ou de longue
portée).
Généralement, les pays en développement
sont plus exposés aux catastrophes naturelles, et les personnes les plus
pauvres en sont plus souvent les grandes victimes. Ces dernières ont
parfois causé des destructions d'infrastructures, des pertes de moyens
de subsistance, des blessures, de la maladie, des pertes en vie humaine etc. En
effet, les catastrophes naturelles impactent toujours négativement le
niveau de vie des victimes et les rendent beaucoup plus vulnérables.
Un pays, le fait d'être vulnérable face aux
catastrophes naturelles peut être une source de motivation en
matière d'aide publique au développement auprès des
bailleurs. C'est-à-dire plus il est vulnérable, plus il peut
recevoir d'aide. Par contre, en matière d'efficacité, plus le
pays est vulnérable face aux catastrophes naturelles, plus l'aide peut
être sujet à l'échec. Car les pertes causées par les
catastrophes risquent de produire d'autres chocs et d'aggraver d'autres crises
comme les crises financières, les conflits sociaux ou politiques, les
maladies, et la dégradation de l'environnement. L'incidence de ces
pertes dues aux catastrophes risque de compromettre en effet les efforts visant
à réduire la pauvreté et la famine ; à fournir
l'accès à l'éducation, aux logements salubres, à
l'eau potable et aux systèmes d'assainissement ; ou à
protéger l'environnement et les investissements financiers qui
génèrent l'emploi et les revenus. C'est en ce sens que le rapport
mondial du PNUD sur la réduction des risques de catastrophes en 2004
affirmait que : «Les pertes économiques occasionnées par
les catastrophes naturelles entravent les efforts déployés par de
nombreuses communautés et pays en vue d'atteindre les Objectifs de
développement de l'ONU pour le Millénaire (OMD)» (P.9).
De ce fait, les catastrophes naturelles constituent des obstacles à
surmonter dans la lutte contre la pauvreté.
En ce qui a trait aux catastrophes naturelles, Haïti est
un des pays les plus vulnérables de la planète - Cyclones,
inondations et séismes. De tous les pays de la Caraïbes, Haïti
est celui qui subit le plus grand nombre de catastrophes par kilomètre
carré (Singh and Barton-Dock 2016). Dans le pays, une goutte d'eau de
pluie suffit pour qu'il y ait morts, des blessés et des
dégâts matériels. Parler de cyclones, ouragans et
tremblements de terre est pire. Cette situation ne date pas d'hier, mais elle
s'aggrave de jour en jour. Notre position géographique nous met sur la
trajectoire des catastrophes naturelles. Avec le changement climatique, le
passage des catastrophes naturelles est devenu plus fréquent. On se
rappelle qu'en 2008, le pays avait été frappé par trois
cyclones consécutifs. Deux ans plus tard, le 12 janvier 2010, il allait
être frappé par l'une des plus grandes catastrophes en termes de
pertes économiques connues depuis son existence. Cette catastrophe a
causé une perte en vie humaine estimée à 200 000 personnes
et un déplacement massif de 1.4 millions de personnes et une perte de
valeur estimée à 120% du PIB national (BM, 2016).
En somme, on dirait qu'entre la pauvreté haïtienne
et les pertes énormes au passage des catastrophes naturelles, il y a une
relation de cause à effet. Donc les effets des catastrophes naturelles
peuvent ne pas être nuls sur l'échec de l'APD en Haïti.
Les faits relatés dans ce chapitre, surtout les
indicateurs macroéconomiques et les OMD en Haïti, laissent penser
que l'aide est inefficace. Ne pouvant pas se focaliser uniquement sur les faits
pour conclure sur la non-efficacité de l'aide dans le pays, une
démarche empirique sera présentée dans le chapitre qui
suit pour corroborer les faits. Cette démarche nous permettra de mieux
conclure sur la problématique de l'efficacité de l'aide en
Haïti.
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