5.2- Instabilité
socio-politique
Depuis son indépendance, le 1er janvier
1804, Haïti a connu une succession de coups d'Etat et de conflits
politiques. Une façon de dire que dès sa création le pays
connaît de l'instabilité. Un large consensus existe concernant
l'influence négative de l'instabilité sociopolitique sur la
croissance des pays en développement. Ce phénomène
engendre un environnement incertain peu favorable à l'investissement et
freine ainsi la croissance. Si, pour une large part, l'investissement dans les
pays en développement provient de l'APD, on comprend vite que
l'instabilité socio-politique interne est très susceptible
d'influencer l'efficacité de l'aide en matière de croissance. A
ce sujet, Chauvet et Guillaumont (2004) estime après analyse que l'aide
est plus efficace dans les pays politiquement stables. Pour eux, un
environnement politiquement instable, avec des changements fréquents de
gouvernement et de la violence politique, affecte négativement l'effet
de l'aide sur la croissance.
Le départ de Jean-Claude Duvalier a marqué le
début d'une période de grande instabilité politique. Entre
1986 et 2014, le pays a changé 18 fois de président et a subi
d'importants changements de régime politique. En outre, selon la
Cross-National Time Series Data Archive, Haïti a connu 20 changements de
gouvernement entre 1986 et 2006 (changements de premier ministre ou de la
moitié du portefeuille ministériel). Des études empiriques
ont montré que de tels changements nuisent à la croissance (Aisen
et Veiga, 2013). Elles indiquent que la croissance d'Haïti aurait
progressé 1,2 % plus vite si le pays avait connu un niveau moyen de
stabilité politique
Cette instabilité s'est souvent accompagnée de
violence, d'un affaiblissement constant des institutions de l'État et de
la primauté du droit, et d'une détérioration du climat de
l'investissement qui ont miné la confiance des investisseurs.
L'incertitude entourant la capacité des investisseurs d'obtenir un juste
rendement de leurs investissements constitue un des principaux obstacles
à la croissance en Haïti. L'instabilité politique a aussi
conduit à l'imposition, au cours de la première moitié des
années 90, d'un embargo qui a paralysé les activités du
secteur privé.
Les instabilités peuvent se présenter sous
plusieurs formes : manifestations, émeutes, grèves, assassinats
politiques, attaques armées, coup d'Etat, etc. Quel que soit la forme
considérée, elle a un impact sur la croissance.
L'instabilité engendre des dépenses qui ne permettent pas
d'accroître le tissu productif. Elle peut entraîner une
augmentation des dépenses militaires au détriment des
dépenses dans les secteurs de la santé et de l'éducation.
Ainsi, on pourrait dire que les pays fortement dépendant de l'aide et
qui souffrent d'instabilité chronique voient leur aide
détournée au profit des secteurs n'ayant pas d'impacts directs
sur le développement.
Il n'est pas surprenant de dire que le pays souffre d'une
déficience d'infrastructures de toutes sortes. Pourtant force est de
constater qu'à chaque période d'instabilité, on perd une
partie de ce qu'on avait déjà construit. Soit des
véhicules de l'Etat incendiés, des bâtiments publics
vandalisés et des tronçons de routes détruits par des
pneus enflammés. Très souvent, ces acquis sont en partie
financés par l'aide ou tout simple des dons venant de
l'extérieur. Ces actes ne contribuent aucunement en une
efficacité de l'aide puisqu'ils amènent toujours à refaire
ceux qu'on a déjà comme acquis.
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