Selon la loi 2018-74 relative à la protection et
à l'assistance aux personnes déplacées internes, on entend
par personnes déplacées internes (PDI) :<< personnes ou
groupes de personnes ayant été forcées ou obligées
de fuir ou de quitter leurs habitations ou lieu habituels de résidence,
en particulier après , ou afin d'éviter les effets des conflits
armes , des situations de violences généralisées , des
violations des droits de l'homme et/ou des catastrophes naturels ou provoques
par l'homme et qui n'ont pas traverse les frontières territoriales du
Niger>>.
Le Niger a commencé à enregistrer des
déplacés internes sur son territoire depuis 2012 en lien avec la
dégradation de la situation sécuritaire au Mali. Il s'agit en
fait des populations nigériennes contraintes d'abandonner leur terroir
du fait des contraintes sécuritaires le long de la frontière avec
le Mali.
50
Dans l'extrême est du pays, la
généralisation du conflit et son inscription dans la durée
ont contraint les populations nigériennes notamment celles des
îles du lac Tchad à abandonner leur territoire. Ce
déplacement forcé se fait souvent sous l'injonction des
autorités qui leur demande d'évacuer les lieux afin de permettre
aux opérations militaires de pouvoir se tenir. Dans certains cas, les
populations prises de peur et de panique n'ont pas attendu l'injonction des
autorités pour se déplacer. Le déplacement forcé
est un phénomène peu connu qui a pris de l'ampleur avec les
opérations militaires et l'implantation des groupes armés dans
l'ouest et l'est du Niger. En effet, la carte ci-dessous indique qu'au 31 mai
2021, le Niger comptait 300 290 déplacés internes sur son
territoire reparti dans cinq (5) régions comme l'indique la carte (2)
ci-dessous.
Carte 1 : Répartition des déplacés
internes au Niger
Ainsi, à Diffa on dénombre 104 588 personnes
déplacées internes. C'est une mobilité forcée de
durée relativement longue variant entre 4 à 5 ans ou moins pour
certains. A l'inverse dans les régions de Tillabéri et Tahoua les
déplacements internes sont relativement récents. Ils sont
consécutifs aux opérations militaires en cours menées par
le G5 Sahel le long de la frontière
51
entre le Niger et le Mali à la suite de la
généralisation de l'insécurité (terrorisme et grand
banditisme) le long de cet axe. Sur ces espaces les déplacés
internes se retrouvent sur une bande de 20 à 50 km de la
frontière. Ainsi, dans la région de Tillabéri, il est
recensé 82 604 déplacés internes. A Tahoua ce sont les
départements de Tillia et Tassara qui sont concernés par les
déplacements internes avec 55 625 personnes (UNHCR Niger, 2021). A
Maradi, il est dénombré 17 252 personnes déplacées
internes.
En lien avec les inondations de 2020 la ville de Niamey a
enregistré 40 221 déplacés internes.
Sur le plan légal, le Niger a traduit dans son
ordonnancement juridique la convention de Kampala sur la gestion des
déplacés internes. Ainsi, le 8 juillet 2018, le pays a
adopté une loi sur la protection et l'assistance aux
déplacés internes.