9.6.2 Blocage et intégration
Plusieurs facteurs limitent l'intégration à
Agadez des réfugiés et demandeurs d'asile dont le principal est
la langue. C'est un facteur de rejet et de blocage comme le souligne Alhassane
: « Le problème principal à Agadez c'est la langue qui
est la principale raison de blocage. On ne peut pas trouver du travail, car on
ne parle seulement que l'arabe » (Alhassane, demandeur d'asile,
Agadez, 24-07-2018). En effet, les Soudanais ne parlent ni les langues locales
du Niger ni le français langue officielle du pays. De même la
population d'Agadez parle peu l'arabe du Soudan ; seuls, quelques-uns ayant
séjourné en Libye sont en mesure de comprendre ce dialecte. C'est
donc une inaptitude à communiquer qui freine les interactions entre les
Soudanais et la communauté hôte.
L'intégration des demandeurs d'asile et
réfugiés à Agadez est aussi limitée par les
difficultés de trouver du travail sur place. L'environnement
économique offre moins de possibilités pour des travailleurs non
qualifiés. L'écosystème de l'emploi offre peu de
perspectives même dans l'emploi informel comme le souligne Ibrahim
« Je serai prêt à travailler ici, mais je ne vois pas
s'il y a du travail ici. Je peux rester au Niger si j'ai le statut de
réfugié ». (Ibrahim, demandeur d'asile, Agadez,
19-07-2018). Même dans ce cas les conditions de travail sont
difficiles et peu rémunérées. La majorité des
Soudanais espèrent trouver à Agadez un travail permettant,
à l'image de la Libye à une époque, de se prendre en
charge et d'envoyer régulièrement des ressources à la
famille restée dans les camps. Cela est accentué par l'absence
d'opportunité économique qu'offre le Darfour.
D'autres acteurs réfugiés ne souhaitent pas
s'intégrer à Agadez à cause des mauvaises conditions
sécuritaires. Ils notent des descentes fréquentes de la police
dans les ghettos. De là, ils sont mis en garde vue au commissariat avant
de se voir proposer d'intégrer le programme de retour volontaire. Ce
climat de suspicion et de méfiance réciproque entre police et
migrant n'est pas de nature à favoriser l'intégration de cette
population.
En outre, une partie de cette population n'envisage même
pas une intégration à Agadez. Ils sont bloqués faute de
moyens financiers pour continuer le voyage ou à cause de la
répression de la migration de transit.
9.6.3 Travailler à Agadez
Malgré ce contexte de morosité économique
à Agadez certains demandeurs d'asile se battent pour trouver du travail.
Il s'agit principalement des femmes originaires de Kano. Auto-logées
257
au quartier Pays-Bas ces femmes vivent de la mendicité,
du balayage des rues et de la domesticité dans les maisons.
Notons également que les Subsahariens notamment
Nigérians, Camerounais, Ivoiriens se distinguent pour les femmes par le
travail dans les bars en qualité de serveuses. Les hommes sont moins
enclins à chercher du travail bien qu'ils se plaignent de
l'oisiveté. Les Soudanais hommes et femmes ne cherchent pas de travail
et attendent l'appui des organisations humanitaires.
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