9.5.1 Opter pour la réinstallation
Interroger sur la manière dont ils envisagent leur
avenir, certains répondants indiquent qu'en cas d'octroi de l'asile ils
ne souhaitent pas rester à Agadez comme le souligne Sidik, demandeur
d'asile, Sud Soudanais : « Je ne peux pas rester à Agadez, car
nous sommes plus de 100 dans une seule maison. C'est toujours le même
repas. Quand j'étais en Libye j'avais de l'argent pour envoyer à
ma famille. Là, je suis là, depuis six (6) mois sans argent, mes
enfants ont besoin d'aller à l'école. C'est surtout ça mon
problème. Je suis très fatigué » (Sidik,
demandeur d'asile, Agadez, 24-07-2020). Cette ville n'offre pas à leurs
yeux les conditions permettant leur installation durable : l'école pour
les enfants à cause de la barrière linguistique, des
opportunités économiques et surtout la rudesse du climat sont
présentés comme autant de facteurs répulsifs. Ils optent
beaucoup plus pour le souhait d'une réinstallation en Europe. Pour cela
ils confient
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au HCR le soin de trouver un pays en mesure de leur assurer la
protection internationale comme l'attestent ces propos « Maintenant
mon père et ma mère c'est le HCR. C'est le HCR seulement qui peut
décider où m'amener » (Djibril, demandeur d'asile,
Agadez, 23-07-2018). Les plus optimistes indiquent vouloir aller en France pour
poursuivre leurs études. Cette idée de confier son destin au HCR
traduit l'incertitude qui caractérise l'offre d'asile dans la migration
mixte. Les requérants ont peu d'information sur l'évolution de
leur dossier et les choix qui s'offrent à eux. Même le HCR et
l'État du Niger ne semblent pas avoir une solution prête. Ils
jouent sur le temps en prenant la précaution de ne pas créer un
appel d'air en cas d'ouverture des places pour la réinstallation
à Agadez. À cela s'ajoute l'ambiguïté de la
population locale quant à la présence des étrangers. Dans
ce contexte, les demandeurs d'asile font face à leur destin en trouvant
refuge dans leur croyance religieuse pour justifier le prolongement de leur
présence à Agadez, mais aussi leur disponibilité à
s'installer là où le HCR leur proposera. Certains envisagent
même de se faire venir leur famille si le statut est attribué. Il
est prévu par un répondant de rester au Niger pour poursuivre ses
études. Les possibilités offertes aux enfants déterminent
le choix du pays où s'installer pour une partie des
répondants.
Dans leur majorité les ressortissants du Darfour
n'envisagent ni de repartir en Libye ni de vivre à Agadez ni dans leur
pays d'origine non plus. Pour ce groupe la réinstallation est
ciblée comme un objectif à atteindre.
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