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Externalisation des politiques migratoires européennes au Niger: reconfigurations des lieux et des trajectoires des migrants


par Bachirou AYOUBA TINNI
Université Abdou Moumouni de Niamey - These de Doctorat  2021
  

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9.4.4 Quitter le Nord Nigéria pour se retrouver à Agadez

Un autre parcours prend sa source au nord du Nigéria. En effet, à la suite d'une explosion de bombe dans une mosquée lors de la prière de vendredi une panique générale se crée en périphérie de Kano. Les habitants désemparés se sauvent. Dans ce contexte un groupe de femme quitte Kano passe par Daoura au Nigéria puis arrive à Maimoujiya, ville frontalière avec le Niger. Sur la base des ressources de la mendicité, elles continuent leur chemin à Zinder. Dans cette ville elles pratiquent la mendicité qu'elles continuent à Agadez. Les enfants travaillent comme domestiques. Après sensibilisations des équipes d'APBE, elles sont enregistrées comme demandeuses d'asile.

9.5 Chercher la protection internationale à Agadez

Les Soudanais interrogés indiquent avoir été orientés vers APBE et la DREC à leur arrivée à Agadez afin d'accomplir les formalités de demande d'asile. Mais pour ceux passant par APBE, leurs cas doivent être soumis au HCR. C'est à l'agence onusienne d'apprécier la nécessité ou pas de poursuivre le référencement. Il en est de même des cas provenant du centre OIM, même si dans la pratique ceux qui sont référés par l'OIM ont plus de facilités dans l'accomplissement de la demande d'asile du fait du protocole qui lie le HCR à l'OIM. Un mécanisme de référencement existe entre les deux agences et la direction générale de l'état civil, des migrations et des réfugiés dont l' objectif est d'établir « un mécanisme de référencement entre l'OIM et l'UNHCR et la Direction Générale de l'État civil, des Migrations et des Réfugiés (DGECMR), à travers les procédures opérationnelles (POS) ; à charge pour la DGECMR d'assurer par la suite le référencement des personnes concernées vers les procédures étatiques d'éligibilité au statut de réfugié. Ces procédures visent à fixer et à formaliser l'identification et le référencement des demandeurs d'asile entre les trois parties, en vue de faciliter leur prise en

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charge et leur accès aux procédures d'éligibilité au statut de réfugié au Niger » (SOP, 2017, P2).

Le référencement est envisagé si la personne ne souhaite pas retourner dans son pays d'origine pour des craintes de persécution, liées à sa race, religion, appartenance à un groupe marginalisé, opinion politique ou de violences généralisées. La demande d'asile doit s'inscrire soit dans la convention de Genève de 1953 soit dans celle de l'OUA de 1969 sur les aspects propres des réfugiés en Afrique.

Une fois ces fondements ressortis dans les propos du requérant lors de l'écoute, ce dernier est appuyé pour écrire et déposer à la DREC sa demande. À cette étape, normalement un numéro et une attestation sont délivrés pour indiquer que la personne a demandé l'asile afin de pouvoir jouir de ce droit. En fonction de la vulnérabilité, la personne bénéficie d'une prise en charge alimentaire, de l'hébergement, de la santé.

À Agadez, la DREC/M/R centralise les demandes d'asile puis les transmet à la commission nationale d'éligibilité au statut des réfugiés pour évaluation lors des sessions. C'est cette structure qui est habilitée à accorder le statut de réfugié conformément à la loi de 1997. Mais de novembre 2017 à juillet 2018, il est à noter un statuquo sur les dossiers des Soudanais. L'État voyant leur nombre augmenter du jour au lendemain voulait comprendre davantage les motifs de leurs arrivées avant de commencer à examiner les dossiers. Cette situation a créé une d'attente prolongée des Soudanais à Agadez sans aucune nouvelle du traitement de leur dossier. Cela a eu pour conséquence l'organisation des marches de protestation des Soudanais au bureau du HCR à Agadez pour dénoncer la lenteur qui caractérise le traitement de leur dossier. L'attente se traduit par une absence d'information sur le dossier et l'incertitude quant à son aboutissement comme le souligne ce demandeur d'asile soudanais « J'ai été identifié et référé par APBE au HCR qui à son tour m'a orienté vers la DREG pour le processus de demande d'asile. Je fais l'interview et j'ai un numéro d'enregistrement. Mais à présent, je n'ai aucune information sur mon dossier. » (Yasser, demandeur d'asile, Agadez, 25-07-2018).

Aux marches et meetings organisés en guise de protestation sur la lenteur administrative dans le traitement de leur dossier, on peut ajouter d'autres formes de protestation. Il s'agit de la renonciation à l'asile. Elle se caractérise par des départs spontanés vers la Libye dans la majorité des cas. Il s'agit en majorité des départs pour le Sud libyen ou à la suite de l'arrêt des combats la vie semble reprendre son cours. Il y a donc des opportunités économiques à saisir. D'autres indiquent également repartir en Libye afin de prendre les bateaux pour se rendre en Europe.

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Des départs spontanés sur les sites aurifères de la région d'Agadez sont également notés. Il s'agit du groupe qui est optimiste sur l'aboutissement de leur dossier. Ils choisissent de se rendre sur les sites à la recherche d'opportunités économiques en attendant le traitement de leur dossier. Ce groupe refuse l'oisiveté et l'attente qui caractérisent la demande d'asile. Il importe de souligner que les demandeurs d'asile n'ont pas le droit de travailler au Niger.

Le tableau ci-dessous indique pour la période de mars 2018 à mars 2019 que les départs spontanés ont concerné 757 demandeurs d'asile ou réfugiés. Ces données sont collectées lors des vérifications mensuelles ou par des signalements de cas. On note qu'en juin 2018, 60 départs spontanés ont été enregistrés donc juste 4 mois après l'afflux de l'année. Cette progression va baisser pour atteindre 55 en septembre puis le taux record de 447 individus en septembre. Cette variation dénote un abandon de la requête d'asile pour sa lenteur, l'absence d'activité génératrice de revenus à Agadez. En un mot le départ est synonyme dans ce cas précis de déception vis-à-vis du système en place.

Tableau 16:Départs spontanés des demandeurs d'asile et réfugiés à Agadez : mars 2018-mars 2019

Année 2018 (mois/nombre)

Année 2019 (mois/nombre)

Mars

Avril

Mai

Juin

Juillet

Aout

Sept

Oct

Novem

Déc

Janv

Fév

Mars

1

26

14

60

35

16

55

447

10

8

2

48

34

Source : HCR Niger

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci