9.4 Itinéraire des demandeurs d'asile et
refugies
L'analyse de l'itinéraire des demandeurs d'asile et
réfugiés à Agadez permet de mettre en évidence
quatre types de parcours.
9.4.1 Des camps des déplacés internes du
Darfour à Agadez
C'est le parcours type des ressortissants du Darfour. Il
commence par une installation dans un camp de déplacés internes
à la suite des représailles liées à la guerre. On
peut noter celui de Kalma. En effet, la persistance des attaques des Janjawid
dans ces espaces depuis 2003 auxquelles s'ajoutent les mauvaises conditions de
vie vont pousser les occupants à franchir les frontières. Alors
que certains se dirigent vers les camps de réfugiés au Tchad,
d'autres continuent en Libye à la recherche de meilleures conditions de
vie afin de soutenir la famille. Cependant, avec la crise libyenne, les
opportunités de travail se réduisent. Les violences, le
kidnapping et le refus de payer les travailleurs prennent de l'ampleur.
Le témoignage de Boubacar illustre ce parcours :
« la première vague était venue au mois
de novembre 2017. La majorité vient de la Libye, mais on en trouve
quelqu'un venu du Tchad et du Soudan. C'est la guerre qui nous a poussés
à quitter le
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Soudan pour la Libye. À notre arrivée
là-bas ; nous avons été surpris par
l'insécurité. C'est pourquoi, nous sommes venus au Niger pour
chercher la protection. Certains ont appris la présence du HCR par les
médias d'autre part d'autres sources notamment internet.
Nous étions dans les prisons en Libye. Il y a des
organisations humanitaires qui viennent négocier et faire sortir les
gens pour les amener au Niger. C'est à travers cela que nous avions su
qu'il y a la protection au Niger. C'est un voyage long le fait de quitter la
Libye pour Agadez. À Agadez, nous avons trouvé une population
gentille qui nous a bien accueillis. Certains venaient de Gatroun, Sebha,
Tripoli. Nous avons quitté la Libye avec l'accentuation des
problèmes sécuritaires (emprisonnement, séquestration,
torture). Certains ont voulu prendre la mer pour l'Europe. Nous savons que
c'est dangereux, mais nous n'avons pas d'autres choix. Nous bravons le danger
de la mer pour chercher refuge en Europe. La situation au Darfour, la guerre au
Darfour nous a fait quitter notre pays pour la Libye depuis 2015-17. Mais en
Libye la situation est devenue chaotique. C'est pourquoi nous sommes venus au
Niger chercher la paix, la santé, l'éducation et la
sécurité. Mais il reste toujours un besoin non couvert en termes
de santé et éducation. Au Niger, nous sommes rassurés
même si nous sommes dehors, nous nous sentons en sécurité.
Mais en Libye même dans les chambres ; nous craignions les balles »
(Boubacar, demandeur d'asile, Agadez 20-07 2020).
L'analyse du parcours montre que les Soudanais ont fui la
violence pour se retrouver d'abord au Tchad ensuite en Libye. Avec l'ouverture
du bureau du HCR à Agadez suivi de la case de passage pour
héberger les demandeurs d'asile, une partie des Soudanais se trouvant en
particulier dans le sud de la Libye vont poursuivre leur errance à
Agadez. Là, ils seront d'abord, dans le site d'habitation solidaire,
puis quelques-uns les cases de passage avant de se retrouver dans le centre
humanitaire régional.
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