9.2.2 Baisse de l'assistance dans les camps
L'inscription dans la durée du conflit a
prolongé le séjour de ces personnes dans les camps de
déplacés internes (IDPs) au Soudan et de réfugiés
au Tchad. Ayant tout perdu, ces personnes se trouvent loin de leurs capitaux
productifs (terre, troupeaux et relation sociale). Elles restent
dépendantes de l'aide humanitaire au quotidien. Or, plus le conflit
s'inscrit dans la durée, plus il est noté une baisse des
ressources humanitaires et par conséquent une baisse de l'assistance
comme le soulignent ces propos : « le Darfour a quitté le devant de
la scène médiatique et diplomatique internationale. Le
gouvernement de Khartoum parachève impunément le nettoyage du
Jebel Marra, tandis que la population déplacée reste
cantonnée dans les camps surpeuplés, où l'aide humanitaire
se raréfie, sans qu'une solution politique ne se dessine »
(Lavergne, 2011). Il est même noté le départ de certaines
organisations humanitaires faute de financement ce qui a eu pour
conséquence sla traversée de la frontière tchadienne par
certaines personnes déplacées internes à la recherche de
revenus pour prendre en charge la famille comme le souligne Koulbou :
« Attaqué par les
Janjawid en 2003, nous avons rejoint le camp de Kalma avec toute la famille. De
2003 à 2017, nous étions au camp de Kalma. J'ai quitté le
camp à cause de l'insécurité née du départ
des ONG et de l'absence de travail. J'ai quitté seul le camp de Kalma
pour passer par le Tchad et rejoindre la Libye. J'ai choisi d'aller en Libye
pour deux raisons : la sécurité et la possibilité d'aller
en Europe. Mais une fois en Libye, j'ai trouvé que la situation
était pareille avec le Soudan en termes d'insécurité.
J'étais pris en otage par les milices à Sebha. J'ai passé
6 mois en prison sans arriver à payer la rançon. Après
j'ai travaillé pour eux pendant trois mois avant de recouvrer ma
liberté et je suis revenu m'installer à Gatroun »
(Koulbou, demandeur d'asile, Agadez, 23-07-2018 »)
La durée du conflit a placé au second rang la
question du Darfour dans les priorités de la communauté
internationale, ce qui se traduit par une baisse des ressources
mobilisées par les acteurs humanitaires. Cette situation a eu un impact
négatif sur la population assistée. En l'absence
d'opportunités locales, Kouboul et d'autres familles abandonnent le
Darfour pour le Tchad. La baisse des capacités d'intervention des ONG
est donc un élément qui peut motiver des déplacements
secondaires et tertiaires.
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