8.3.1.6 Entre usage abusif de la note verbale et mauvaise
coordination
Tout au long du trajet Niamey-Dakar, on note un abus de
l'usage du sauf-conduit qui est fait. Ainsi, à chaque passage de douane
ou autre poste de contrôle les chauffeurs du bus ou le convoyeur tentent
d'user de ce document pour soustraire les candidats au retour volontaire
à tous contrôles. La coordination entre les équipes
nationales de l'OIM pour l'organisation du retour est aussi faible. Ainsi, au
Burkina Faso par exemple les rapatriés arrivés un weekend
à Ouagadougou sont contraints de passer la nuit dans cette ville avant
de rejoindre leur village. Or, aucune disposition en matière
d'hébergement n'est prévue à cette fin.
À toutes les étapes, la mauvaise organisation
impose aux rapatriés des dépenses inutiles et du temps perdu. Ils
sont obligés d'aller jusqu'à la capitale pour être
profilés par l'OIM du pays et recevoir les frais d'installation. En
effet, du Burkina Faso au Sénégal en passant par le Mali, de
nombreux rapatriés n'ont pas nécessairement besoin d'aller
à la capitale : quelqu'un de Ségou au Mali que l'on dépose
à Bamako doit payer encore 6000 FCFA dans ces 52 000 FCFA pour retourner
dans cette ville, que le bus traverse pourtant lors du voyage. Il en est de
même des gens de Kolda au Sénégal qui sont
déposés à Dakar. En outre, la mauvaise coordination fait
qu'aucun dispositif d'accueil n'est prévu pour les migrants
sénégalais arrivés au cours de la nuit. Ils sont
contraints d'improviser leur hébergement, tout comme l'agent de
l'OIM.
L'autre constat général que l'on peut faire de
l'itinéraire Niamey-Dakar c'est la persistance des tracasseries
routières et l'ampleur des « faux frais » qu'on impose aux
passagers. Ainsi, le Niger et le Burkina Faso s'illustrent par la soustraction
des fonctionnaires et scolaires au paiement de ces « faux frais »
hormis à la frontière Burkina Faso-Mali.
Le Burkina Faso se particularise par le nombre de postes de
contrôle, la juxtaposition des postes de police et de gendarmerie, le
contrôle des pièces d'identité par la gendarmerie qui
n'hésite pas à imposer des « faux frais » aux
passagers. Cette situation fait du pays des hommes intègres l'espace
où les passagers souffrent le plus tout au long de leur
itinéraire. Au Mali, les mêmes pratiques corruptives existent.
Cependant, elles sont l'apanage de la police uniquement. Les gendarmes ne
contrôlent pas les pièces d'identité. Le
Sénégal semble être un grand boulevard de la libre
circulation. De Guidara à Dakar un seul contrôle des pièces
d'identité au poste de police frontalier a été
sanctionné par le paiement de 1000 FCFA ; aucun contrôle n'a lieu
pendant tout le reste du voyage. Les passagers ayant préalablement
dédouané leurs bagages à la frontière doivent se
contenter d'un cachet au fil des postes de douane, ce qui ne prend en
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général que quelques minutes. L'autre constat
est le respect tout au long de l'itinéraire des sauf-conduits par les
agents de contrôle.
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