8.3.1.3 Deuxième étape du rapatriement : la
traversée du Burkina Faso
8.3.1.3.1 Similitudes de pratiques administratives
à la frontière entre le Burkina Faso et le Niger
Le bus arriva à Seytanga, premier village du Burkina
Faso après la frontière avec le Niger. La gendarmerie demande
à nouveau aux passagers de descendre pour un contrôle. Les
rapatriés rechignent et demandent au convoyeur de l'OIM de
présenter leur laissez-passer aux gendarmes.
Un consensus est trouvé entre l'agent OIM et les
gendarmes. Les rapatriés restent dans le bus et les gendarmes passent
siège par siège pour le contrôle. Chacun doit
présenter son sauf-conduit. Les autres passagers quant à eux
descendent du bus et remettent leurs pièces aux gendarmes qui les
collectent. À ce niveau aussi les documents d'identité sont
triés. Ainsi, les fonctionnaires sont exemptés de « faux
frais » tandis que les autres passagers doivent payer 1000 FCFA pour
défaut de carte et 1000 FCFA pour défaut de carnet de
vaccination.
La route reprend et quelques kilomètres plus loin, le
bus se retrouve au poste de police de Seytanga. Ici, la technique de
contrôle utilisé est le rang ou « l'entrée en classe
» pour citer les rapatriés. Il s'agit d'aligner les passagers en
deux rangs parallèles : l'un pour les rapatriés et l'autre pour
les passagers ordinaires.
À partir de leur rang, les rapatriés passent un
à un au niveau de l'agent de contrôle pour présenter le
laissez-passer et obtenir le quitus de rejoindre le bus. Ce contrôle se
passe sans contrainte.
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Quant aux passagers ordinaires, ils passent le contrôle
un à un. Les fonctionnaires sont à nouveau triés et
invités à rejoindre le bus tandis que les autres doivent payer
entre 1000 à 2000 FCFA comme « faux frais ».
Tout de même une interaction se produit entre les
rapatriés et les gendarmes lors du contrôle. « Tu es
sénégalais ? » le rapatrié hausse la
tête.
· « On sait qu'il y'a du travail chez vous,
poursuit le gendarme, tu viens d'où ?
· Libye
· Tu as eu la chance on ne t'a pas tué
»
Un autre migrant passe, Ouédraogo, s'adressant à
son compatriote l'agent de la gendarmerie lâche : « tu laisses
le travail ici, pour nous revenir avec la honte ??? »
Le constat général est que de part et d'autre de
la frontière entre le Niger et le Burkina Faso, les mêmes
pratiques de corruption existent aux postes de contrôle. Fait nouveau qui
mérite d'être souligné c'est qu'au Burkina Faso la
gendarmerie procède au contrôle des pièces
d'identité des voyageurs, ce qui n'est pas le cas au Niger. Comme
similitude de part et d'autre de la frontière, c'est la ressemblance des
pratiques administratives.
On peut aussi noter que la mobilité est entravée
par les nombreux postes de contrôle (gendarmerie, police, douane) le long
de la route qui relie le Niger au Burkina Faso. Cette nouvelle situation est
une réponse à la crise sécuritaire née des
différentes attaques terroristes dans ces pays.
Dans les deux pays, le convoyage de l'agent OIM, les
laissez-passer délivrés par le Niger à la demande des
ambassades et consulats ont plus de valeur juridique sur le terrain que la
carte d'identité délivrée par les mêmes
États. Les candidats au retour volontaire se considèrent par
leurs comportements comme des super voyageurs à cause du laissez-passer
dont ils disposent. En effet, ils montrent de la résistance pour se
soumettre au contrôle du fait qu'ils sont convoyés par l'OIM.
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