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8.1.1 Les « revenus » de la Libye
L'essentiel des migrants interrogés a
séjourné en Libye. La durée de séjour varie de 8
mois à 4 ans. L'âge varie de 25 à 40 ans. Ces migrants ont
tous travaillé dans le bâtiment comme ouvrier, peintre ou soudeur.
Certains avaient pour ambition d'aller en Italie mais ils ont
échoué à l'image de Diouf migrant sénégalais
de 24 ans, dont 4 ans, au Gabon comme pompiste. C'est de ce pays qu'il prend
l'avion pour Cotonou puis le bus pour la Libye en passant par le Niger. En
Libye, il séjourne 8 mois, dont 4 tentatives ponctuées
d'échec pour aller en Italie. À deux reprises il est jeté
en prison à Baní Walid, ville située dans le district de
Misrata. Il passe chaque fois à peine une semaine en prison et son
père envoie l'argent pour le faire libérer. Ainsi, à sa
première arrestation il paye 600 000FCFA pour recouvrer la
liberté. À la seconde, il paye 250 000FCFA. Fatigué il
paye son billet d'avion de Tripoli pour Niamey puis se rend à l'OIM
qu'il connait bien et se fait rapatrier. À la main, il tient des
téléphones portables qu'il a payés en
Libye pour sa mère et ses frères. Célibataire, il affirme
que l'aventure n'est plus bonne. Une fois au pays il va rester pêcher du
poisson avec son père.
Notons toutefois que la majorité des migrants
était en Libye à la recherche de travail et ont été
témoins d'ignobles atrocités. La durée en prison varie
d'une semaine à 3 mois.
Constatant l'échec d'une installation en Libye ils ont
décidé de rentrer au pays. Ceux qui sont restés longtemps
en Libye, à l'image d'Abakar et Yacouba sont reconnaissables par les
importants bagages qu'ils transportent, deux à trois valises par
personne. Ils payent eux-mêmes leur transport retour jusqu'à
Agadez car incapable de rejoindre l'OIM en Libye à cause de
l'insécurité. Par contre, les rapatriés Issoufoulé
et Fataou ont eu recours à la famille (dans le pays de départ)
pour financer le voyage retour à Agadez. Ces migrants se font
transporter généralement de la Libye à Agadez sans
difficulté majeure. Le coût du transport varie entre 30 000 et 40
000FCFA. Toutefois, on note de plus en plus d'abandons de migrants lors du
voyage retour dans le Sahara nigérien. Cette pratique est le plus
souvent l'oeuvre de chauffeurs de véhicules Hilux. C'est pourquoi bon
nombre de candidats au retour préfèrent les véhicules dix
roues dont le risque d'abandon dans le désert est faible mais dont
l'inconvénient est le temps de voyage très long. Le choix de la
ville d'Agadez s'explique par le fait qu'elle se trouve sur la route de retour,
la sécurité qui y règne et l'opportunité de
bénéficier du RVA.
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