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8.1.2 Les victimes des politiques restrictives du
Niger
Le second profil est celui de migrants coincés ou
abandonnés dans le Sahara nigérien 34. Ces personnes
pour la plupart ont quitté les pays d'Afrique de l'Ouest et centrale
pour rejoindre la Libye dans l'espoir ou pas de rejoindre l'Italie.
Ressortissants d'Afrique de l'Ouest pour la plupart, ces migrants en raison de
leur appartenance à la CEDEAO accèdent non sans grande
difficulté au Niger qui est leur couloir de passage. Arrivés
à Agadez, dernière ville à la porte du Sahara, ils doivent
faire face à l'application de la loi 2015-36 qui criminalise le
transport illégal des migrants vers l'Afrique du Nord. Ils se trouvent
ainsi pris entre la clandestinité des ghettos à Agadez, la
rigidité de l'application de la loi et l'absence de scrupule des
passeurs : « Les refoulements et la chasse des candidats au
départ vers le Nord par les forces de sécurité obligent
une partie d'entre eux à se jeter dans les bras de marchands
transnationaux de transport parfois criminels communément appelés
passeurs. » (Rapport AEC, 2016). Depuis l'application de la loi
2015-36, les migrants se retrouvent coincés dans la ville sans
possibilité d'effectuer le voyage. Le séjour prolongé dans
les ghettos impacte aussi leur budget puisqu'ils doivent se prendre en charge
(restauration, hébergement, communication). C'est d'ailleurs dans les
ghettos que les mobilisateurs communautaires de l'OIM sensibilisent les
migrants sur les possibilités qu'offre cette institution en termes de
retour volontaire. En l'absence de toutes perspectives de voyages vers
l'Afrique du Nord, ils choisissent de retourner dans leur pays d'origine
malgré l'immense espoir suscité par leur départ.
Néanmoins certains migrants réussissent à quitter Agadez
pour la Libye malgré l'important dispositif sécuritaire.
Cependant, ils sont abandonnés dans le Sahara nigérien au cours
de la traversée. En effet, lors de la 5ème réunion de
concertation sur les migrations, le Directeur de la Surveillance du Territoire
a présenté le tableau (8) ci-dessous concernant les Migrants
abandonnés et retrouvés. Ils sont alors secourus par la
patrouille des FDS ou l'équipe de l'OIM. Ils se retrouvent alors
rapatriés au centre OIM de Dirkou ou vers celui d'Agadez où on
leur propose le retour volontaire. Psychologiquement faibles et sans ressource
les migrants adhèrent au retour dit volontaire malgré eux.
34 Notons au passage que les abandons ne datent pas
d'aujourd'hui
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Tableau 10:Migrants abandonnés et
retrouvés
Années
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Personnes retrouvées
|
2017
|
2317
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2018
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442
|
2019
|
55
|
2020
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15
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Source : Direction de la Surveillance du Territoire 8.2
Les motivations du recours au retour volontaire assisté
Selon le profil, on distingue trois motifs qui motivent le
recours des migrants à l'OIM pour leur retour au bercail : l'absence de
document de voyage, les contraintes financières et les facilités
de mouvement qu'offre l'OIM.
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