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Externalisation des politiques migratoires européennes au Niger: reconfigurations des lieux et des trajectoires des migrants


par Bachirou AYOUBA TINNI
Université Abdou Moumouni de Niamey - These de Doctorat  2021
  

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7.4.2 Recourir au retour volontaire assisté

Bâti sur un espace de plus de 6 ha, le centre de transit de l'OIM à Agadez est devenu un passage obligé pour de nombreux migrants africains. Ces personnes pour la plupart rejoignaient la ville dans l'intention de continuer en Afrique du Nord. En ce printemps 2017, les entretiens avec 30 migrants au centre de transit de l'OIM montrent que pour l'essentiel ils n'ont pas de bonnes informations sur le contexte migratoire de la région marqué par une répression de la migration dite irrégulière. Cela s'explique en partie par le fait que les informations qu'ils possèdent proviennent de leurs compatriotes et amis qui ont réussi la traversée et se retrouvent au Maghreb ou en Europe. Leurs informations ne sont donc plus d'actualité compte tenu de l'application récente de la loi à partir de septembre 2016. Ce n'est qu'une fois à Agadez qu'ils découvrent la réalité comme l'illustrent les propos d'Abdallah, migrant sénégalais : « je vais retourner parce que les informations que j'ai reçues des gens qui sont revenus de la Libye ou de l'Algérie ne sont pas bonnes. Parce que d'après eux ; tu payes ton argent, arrivé à la Libye, on t'enferme, on te frappe. Et puis encore en Libye, comme il n'y a pas de président, il n'y a pas de loi, c'est le désordre total. C'est arrivé ici que j'ai su qu'il n'y a pas de président en Libye. »

A partir d'août et septembre 2016, les forces de défense et de sécurité, la justice, la chefferie traditionnelle, les autorités locales se sont engagées de manière coordonnée en vue de combattre le transport dit irrégulier de migrants vers l'Afrique du Nord en application de la loi 2015-36.

Photo 25 : Dormir une façon d'attendre dans le centre OIM Agadez Crédit Photo : B Ayouba Tinni, Agadez, mai 2016

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Dans cette dynamique, des acteurs se sont vus confisqués leurs véhicules et d'autres mis sous mandat de dépôt.

Dans ce contexte marqué par la répression de la migration en direction de l'Afrique du Nord l'Organisation Internationale pour les Migrations met en oeuvre avec l'appui de l'UE, un projet de « retour volontaire assisté » des migrants. Elle dispose d'un centre de transit d'une capacité de plus de 1000 places. Ce centre constitue l'un des espaces d'attente des migrants à Agadez. En l'absence de perspective, les migrants se tournent vers l'OIM pour s'inscrire sur la liste des candidats au retour volontaire assisté (RVA). Le RVA est un mécanisme « visant à faire partir les demandeurs d'asile déboutés et les immigrés clandestins en les faisant retourner dans leurs pays d'origine. Ce type d'initiatives, qui a débuté en Allemagne en 1970, a été largement développé (en nombre et en portée) par l'OIM au fil des années. En 2004, l'organisation a mené vingt programmes de RVA, poussant ainsi au départ des migrants dans dix-huit pays européens. » (AndRijAsevic, Walters). C'est donc cette expertise d'isolement et d'éloignements des migrants loin des frontières européennes que l'OIM met en oeuvre au Niger avec le soutien financier de l'Europe. L'analyse du profil des occupants du centre indique la présence de migrants ayant tenté la traversée du Sahara. Abandonnés en plein voyage par les passeurs à la suite de panne mécanique ou de la rencontre avec la patrouille des FDS, ils sont par la suite convoyés à Agadez où ils doivent choisir entre le « retour volontaire » de l'OIM ou l'auto-prise en charge. Les informations reçues des migrants de retour de la Libye dissuadent également certains d'y aller comme l'indiquent ces propos de Claude, Camerounais : « Les migrants qui vont vers la Libye disent qu'aller là-bas c'est se sacrifier la vie car c'est mourir dans le désert ou se faire emprisonner. Ils disent qu'arriver en Libye, même si on pense que ça va, le chauffeur qui vous a amenés, est attrapé, tapé, emprisonné et taxé par des bandits. Après t'avoir bastonné, on te remet le téléphone pour que tu appelles ton parent. Ils vont te dire la somme que tu vas lui dire d'envoyer sinon tu vas mourir en prison. Beaucoup de gens ont vécu cette situation. ».

Le second groupe qu'on retrouve à l'OIM c'est celui des migrants internationaux refoulés d'Algérie. Ils sont de deux types : les « refoulés piétons » et les « refoulés officiels ». Les premiers arrivent à pied à Assamaka généralement le vendredi et sont automatiquement pris en charge par l'OIM qui a fait construire un hangar à Assamaka pour la circonstance. Elle met également à la disposition des « piétons » des véhicules pour les amener à Arlit dans son centre de transit pour les mettre dans le circuit du retour volontaire. C'est d'Arlit qu'ils rejoignent ensuite le centre d'Agadez.

Les retournés officiels eux sont transportés d'Algérie jusqu'à Agadez par des véhicules algériens. Les non Nigériens sont triés pour être mis dans le circuit du retour dit volontaire et rejoignent le centre OIM d'Agadez. Parmi eux on note des migrants de retour de la Libye ou de l'Algérie qui faute de moyens s'inscrivent dans ce programme.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille