6.3.12 Séjour prolongé des expulsés
d'Algérie à Agadez
Ville de transit depuis plusieurs décennies, Agadez
n'est pas habitué au séjour prolongé des étrangers
qui passent. Mais depuis le début de la crise libyenne, il est
constaté le retour de plusieurs milliers de migrants qui transitent par
Agadez. Dans cette perspective, H Mounkaila fait remarquer que « le
phénomène de migrants «bloqués» se
développe de plus en plus à Agadez. Il s'explique principalement
par les expulsions, déportations et refoulements. D'après les
résultats des enquêtes, 56 % des migrants enquêtés de
retour de Libye ont fait l'objet
32 Issouf Ag Maha, maire élu de Tchirozérine et
porte-parole des élus de la Région à l'occasion de la
3ème édition de la journée nationale de mobilisation
contre la traite des personnes, les collectivités territoriales de la
région d'Agadez
33
https://reliefweb.int/report/niger/44-migrants-d-c-d-s-apr-s-la-m-diterran-e-le-d-sert-au-niger-se-transforme-son-tour-en#:~:text=Les%20corps%20de%2044%20migrants)
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d'arrestation, de même que 80 % des migrants dont le
dernier pays de résidence est l'Algérie » (Mounkaila,
2014, 155). Au séjour prolongé des retournés de la Libye,
on adjoint ceux des expulsés d'Algérie. En effet, le gouvernement
algérien procède à l'expulsion des milliers de migrants
africains sur le territoire nigérien. Deux types d'expulsions sont
à noter. Il s'agit des « expulsés piétons » que
l'Algérie expulse sur le territoire nigérien notamment sur le
point zéro qui est la borne frontière entre le Niger et
l'Algérie. Ces expulsés sont le plus souvent des migrants non
nigériens qui doivent faire le trajet de 15 km à pied jusqu'au
poste de police d'Assamaka (Niger). C'est là que l'OIM les profile avant
leur acheminent dans son centre d'Arlit.
Le second type d'expulsés d'Algérie est
communément appelé « officiel ». Il s'agit des migrants
nigériens que l'Algérie expulse au Niger à la suite d'un
accord verbal avec le gouvernement. Pour ces cas précis le gouvernement
algérien organise des convois pour leur acheminement jusqu'à
Agadez, d'où l'appellation officielle. À Agadez leur
séjour varie de 1 à 10 jours. Le tableau ci-dessous
présente les statistiques des Nigériens acheminés par les
convois officiels. On note que plus de la moitié des expulsions ont eu
lieu au cours de l'année 2018.
Tableau 7 : Statistique sur les expulsions des Nigériens
en provenance de l'Algérie
Phase de refoulement
|
Périodes
|
Nombre de vagues accueillies
|
Nombre de refoulés
|
Phase I
|
2014
|
5
|
1347
|
|
20
|
5966
|
|
23
|
11 167
|
|
17
|
11 188
|
Phase II
|
2018
|
70
|
26 645
|
|
Total
|
135
|
56 313
|
|
Source : DRPGCC/AZ
174
Photo 19:Migrants nigériens expulsés
d'Algérie, Crédit photo : B Ayouba Tinni, Agadez septembre
2019
Ces expulsés, essentiellement Nigériens, ne
bénéficient pas des mêmes conditions d'accueil et de
transit que les migrants internationaux. Pour cause le HCR et l'OIM disent
qu'ils ne relèvent pas de leur mandat. Ce sont les autorités
régionales qui se mobilisent avec leurs maigres ressources pour les
assister. Cela constitue également une source de tension et de
frustration. Pour beaucoup d'observateurs, il est inconcevable que dans la
région d'Agadez les humanitaires puissent mettre en place des
dispositifs qui accordent protection et assistance aux étrangers mais
qui excluent les nationaux.
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