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Conclusion partielle
L'analyse de l'économie de la migration sous le
concept de petit commerce de la migration a mis en relief une floraison
d'activités qui tirent des revenus substantiels avec le transit des
migrants. Il s'agit du connecteur international, le coxeur, le gérant de
ghetto, les transporteurs, les vendeurs de bois, turban, lunettes, des taxis
motos. Ces activités ainsi que les acteurs qui l'animent sont durement
touchés par la mise en application de la loi 2015-36 qui criminalise le
transport, l'hébergement et le convoyage des migrants. Cette loi a fait
chuter le nombre de migrants qui transitent par Agadez et de facto
réduit le nombre de voyageurs et donc de clients des acteurs du petit
commerce de la migration.
Au même moment, on note l'émergence d'une
nouvelle économie de la migration portée par des acteurs
humanitaires et de développement intervenant dans le domaine de la
migration. Ces acteurs par le volume financier qu'ils mobilisent sont les
promoteurs de cette nouvelle économie. Une cartographie rapide montre
que ces budgets sont investis dans la location des bureaux ou de
résidence, le marché local, le personnel. Cette économie
est une inter action entre l'humanitaire-le développement et une
élite économique et intellectuelle pouvant mettre à
disposition des maisons en location, exécuté des appels d'offres
ou ayant le profil pour se faire recruter dans une agence humanitaire.
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Chapitre 6 : Dynamique des lieux dans un contexte
d'externalisation des politiques migratoires européennes au
Niger
Le présent chapitre analyse les reconfigurations en
cours au Niger en lien avec les politiques d'externalisation en prenant comme
porte d'entrée la région d'Agadez, ville où convergent les
flux ascendants et descendants et où l'essentiel des programmes et
politiques en matière de migration et d'asile sont mis en oeuvre. Il
s'agit à travers cette démarche de voir comment les politiques
migratoires influent le parcours des migrants, les changements dans
l'organisation des départs et des retours, dans les lieux qu'ils
traversent, et les acteurs que cela implique.
En amont, il est important de mettre le sujet dans son
contexte à travers une présentation du Niger comme carrefour
migratoire et de contact entre le Maghreb et l'Afrique centrale et de l'ouest.
Notre approche vise à saisir à l'échelle globale du Niger
la manière dont les migrations internationales sont prises en charge par
les acteurs des postes de police transfrontaliers jusque dans les villes de
transit, Niamey, Zinder et Diffa. Un accent particulier sera mis sur la
traversée du territoire nigérien jusque dans la région
d'Agadez point de convergence des différents flux avant de remonter au
Maghreb. Il sera également mis en exergue les tensions suscitées
dans cette région par la mise en oeuvre des politiques
d'externalisation.
6.1 Une position géographique
particulière
Le Niger partage 5 697 km de frontières avec ses 7
voisins : le Tchad (1 175 km), le Nigeria (1 497 km) , l'Algérie (956
km), le Mali (821 km), le Burkina Faso (628 km), le Bénin (266 km) et la
Libye (354 km). Cette position le place au coeur de la mobilité entre
l'Afrique subsaharienne et le Maghreb depuis les années 1990. Plus
récemment la crise sécuritaire en cours dans le bassin du Lac
Tchad fait du pays une zone de transit privilégiée entre
l'Afrique centrale (Tchad et la Centrafrique) et l'Afrique de l'Ouest
(Nigéria). Mais cette mobilité est moins connue, car non
médiatisée contrairement à la première qui
présente beaucoup d'enjeux pour les partenaires européens du
Niger.
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