Source : Direction régionale de l'état civil,
des migrations et des refugies, réunion de la COCORAT d'Agadez,
le 27 août 2019
Il s'agit des effets connexes de ces politiques qui touchent
positivement certains aspects de l'économie par exemple l'immobilier,
l'hôtellerie, la restauration et l'emploi. L'objectif est de saisir sur
la base des projets en lien avec la migration observés comment ces
politiques ont des impacts positifs sur les secteurs en question.
En analysant les effets des politiques migratoires dans la
ville d'Agadez, l'on peut dire de manière relative qu'elles ont
contribué plutôt à rendre dynamique le secteur de
l'immobilier par la forte demande en logement et en bureau.
En effet, de 2015 à 2019, Agadez a vu s'installer
nouvellement dans cette commune plus d'une dizaine d'organisations
internationnales et d'ONG (APBE, HCR, Medu, AIRD, IRC, MDM, DEDI, COOPI,
Karkara, CISP, Adkoul, CRS). La GIZ a étendu son intervention avec la
mise
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en oeuvre de nouveaux projets spécifiques : PROGEM et
PRO-EMPLOI. L'OIM a fait de même avec les projets IDÉE, MRRN et
Rescue. L'afflux des ONGs a nécessité une forte demande
immobilière pour servir de bureaux aux organisations. C'est donc
près de 20 maisons louées à Agadez servant de bureaux
à ces organisations.
Photo 7 : Bureau de l'OIM à Agadez
Crédit photo : B Ayouba Tinni, Agadez, mars
2019
En termes de situation géographique, ces bureaux sont
localisés dans le quartier administratif de la ville. Ceci répond
aux standards de sécurité et de proximité avec
l'administration publique. En termes de prix de location, la moyenne est de 500
000 FCFA par mois pour au moins 12 organisations.
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Photo 8: Bureau du HCR à Agadez
Crédit photo : B Ayouba Tinni, Agadez, mars
2019
Ainsi, au moins 6 millions de FCFA sont versées aux
propriétaires de ces maisons qui sont pour l'essentiel des
ressortissants de cette ville ; ces revenus sont surtout injectés dans
l'économie locale. Toujours en termes de location, il est important de
souligner que dans la phase primaire de l'accueil des demandeurs d'Asile
à Agadez le HCR et son partenaire COOPI ont eu recours à la
location. Six villas ont donc été louées pendant 9 mois
pour un coût unitaire minimum de 1 million de francs par mois. Devant
l'afflux massif des demandeurs d'asile soudanais en janvier et février
2018 le recours à un logement solidaire a permis de louer près de
4 parcelles de 400 m2 et de les aménager afin d'accueillir ces
personnes.
Comme corolaire à la forte présence des agences
humanitaires et de développement, il y a naturellement la forte demande
en logement du personnel. Qu'il s'agisse des natifs d'Agadez, des
ressortissants des autres régions du Niger ou des expatriés,
cette communauté a souvent recours à la location pour se loger.
Ils doivent donc s'insérer dans le marché local de production de
logement pour pouvoir se loger. Cette forte demande a contribué à
créer une pénurie de logements dans cette ville. Elle a par
ailleurs contribué à une hausse du coût de la location
à but de logement. Dans le quartier administratif très
sollicité par les expatriés à cause des impératifs
sécuritaires la location varie de 200 000 FCFA à plus. Les
nationaux non Agadéziens désirant louer les villas doivent
débourser au moins 100 000 FCFA tandis que l'essentiel des natifs s'ils
ne sont pas logés en famille loue des maisons variant de 30 000 FCFA
à plus. C'est en général des maisons en banco ou en
semi-dur.
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Cet argent qui est versé dans l'économie
d'Agadez via l'immobilier tient à la seule présence de ces
organisations sous-traitantes des politiques de lutte contre la migration
irrégulière et d'offre d'asile qui pour le besoin de bureaux ont
recours à la location. Les personnels de ces institutions pour se loger
ou loger leurs bénéficiaires doivent aussi louer. Cet argent de
l'immobilier est redistribué dans la ville puisque les
propriétaires sont des gens du terroir. La critique qu'on peut
valablement formuler c'est que cet argent est destiné à une
classe moyenne ou supérieure constituée d'élites
politiques ou économiques disposant de moyens pour construire et mettre
en location des logements ou des bureaux. Cette situation exclut une bonne
partie de la population des revenus de cette nouvelle économie de la
migration.
La nouvelle économie de la migration cible donc une
proportion réduite de la population locale contrairement à
l'économie classique. C'est une économie exclusive, de la
spéculation et rend souvent la vie chère aux autres couches de la
population incapable souvent d'accéder à certains logements de la
ville.