4.2.2 Reconduire les migrants à la
frontière
La reconduite à la frontière est une pratique
visant en majorité les migrants ayant eu accès au territoire du
Niger frauduleusement et sur lesquels la police arrive à mettre la main
de diverses manières notamment lors des contrôles qu'elle effectue
aux postes. Elle concerne les migrants qui n'ont pas de documents valides de
voyage ou dont le passeport n'a pas les cachets d'entrée attestant
qu'ils sont bien passés par les postes de police officiels. Quelle que
soit la variante à partir des postes de décompte ces migrants
sont mis à disposition en fonction de la proximité
géographique soit à la DRPN soit à la DDPN qui ont en
charge les reconduites au point d'entrée.
La mise à disposition des migrants par la police
obéit à un modus vivandus non écrit avec les
compagnies de transport. Ainsi, la compagnie ayant transporté les
migrants jusqu'au poste de police frontalier est tenue d'utiliser le même
billet pour une mise à disposition à la police. À partir
des DDPN de Gaya pour la frontière Bénin, Birni N'Konni pour la
frontière du Nigéria et Tikim, Mai Moujia pour le Nigéria
ou Makalondi pour le Burkina Faso les migrants sont reconduits au poste
frontalier des pays voisins par lesquels ils sont entrés au Niger.
Lors des patrouilles dans les gares routières ou lors
de opérations de démantèlement des réseaux de
migrations irrégulières, il est fréquent que des cas
soient mis à la disposition de la DST ou de ses services
déconcentrés pour procéder à la reconduite à
la frontière. Dans l'ensemble en 2017, « les reconduites aux
frontières ont visé sept mille six cent quatre-vingt-huit (7.688)
personnes toutes nationalités confondues. » (Rapport bilan, 2017, p
50).
La police exécute très vite cette action pour
ne pas à avoir à prendre en charge les besoins quotidiens
(nourriture, hébergement) des migrants. Souvent sans ressources, les
migrants sont une charge financière pour l'administration. Pour faire
face, les agents des postes frontaliers utilisent les amendes forfaitaires pour
payer le transport de ces personnes et même la prise en charge
alimentaire. On voit donc que la lutte contre la migration
irrégulière au-delà de ses implications négatives
sur les droits de l'homme réduit les ressources internes. Les maigres
ressources que le trésor public arrive à mobiliser à
l'interne sont dépensées en partie pour satisfaire les besoins
des partenaires externes du Niger. De l'avis des agents de la police aux
frontières, les ressources pour effectuer ces tâches manquent. Les
DDPN sont contraintes de se
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débrouiller pour accomplir les missions au quotidien
que leur impose la collaboration du Niger avec l'UE.
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