La région d'Agadez se particularise par la richesse de
son sous-sol. En effet, depuis les années 1970 le groupe français
Areva exploite à travers ses deux filiales Somaïr et Cominak des
mines d'uranium dans le nord du Niger. Pendant des décennies l'uranium a
constitué la principale ressource d'exportation du Niger et ses revenus
occupent une place de choix dans le budget national. Durant la décennie
1990, ces revenus n'ont cessé de dégringoler avant de reprendre
au milieu des années 2000 plaçant de ce fait le Niger au coeur
des enjeux énergétiques des grandes puissances.
Au niveau local la population n'ayant pas les qualifications
requises est faiblement impliquée dans la gestion stratégique de
ces deux entreprises. Les locaux sont recrutés dans les emplois
subalternes et doivent faire face à la pollution qui constitue leur
quotidien. La société civile locale et nationale s'organise pour
défendre les intérêts de la population victime des
activités de l'industriel français.
En 2007, dans le cadre de la diversification des partenaires
dans l'exploitation de l'uranium, les Chinois s'engagent dans le domaine avec
la Société minière d'Azelik (SOMINA) à Ingall
où ils exploitent l'uranium. En termes de gestion environnementale et
normes sociales, les Chinois ne feront pas mieux que les Français.
Travailleurs et populations locales dénoncent
régulièrement les conditions d'exploitation de l'uranium dans
cette zone « Au nord du Niger, dans la mine d'uranium d'Azelik, les
600 travailleurs nigériens se sont mis en grève illimitée
le jeudi 21 mars. Une mine exploitée par la société
chinoise China National Nuclear Corporation (CNNC) dont les dirigeants
pratiqueraient une double politique de traitement entre salariés
21
https://www.google.com/search?q=rebelllion+MNJ+Niger&rlz=1C1CHZL_frNE722NE722&ei=Xw-
CYe3TEoGVlwSO-oDQDg&oq=rebelllion+MNJ+Niger&gs_lcp=Cgxn
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chinois -au nombre d'une centaine- et nigériens.
Selon Alassane Idrissa, délégué du personnel, un
technicien nigérien serait payé 200 000 francs CFA (305 euros)
quand son homologue chinois toucherait cinq fois plus. Par ailleurs, les primes
de rendement et indemnités en zone désertique ne seraient pas
versées ».22 Ces tensions ont toujours
été au coeur de l'exploitation de l'uranium avant que la mine ne
ferme en 2013 laissant sur le carreau des nombreux travailleurs et
sous-traitants.
C'est dans ce contexte que la découverte du gisement
d'Immouraren (2ème potentiel plus grande mine d'uranium dans
le monde) redonne espoir à tout un peuple frustré et
déçu par l'exploitation des mines de Somaïr et Cominak mais
aussi mis au chômage par la chute du tourisme conséquence de
l'insécurité dans la région. Cette mine a fait l'objet
d'importants enjeux entre la France et le Niger qui a fini par octroyer
l'exploitation au groupe Areva. Ce dernier sous la pression des
autorités a commencé par explorer et débuter un
aménagement du site avant de reporter cette exploitation
jusqu'après la transition militaire consécutive au coup
d'État qui a évincé le Président Tandja du pouvoir.
Une nouvelle fois encore des travailleurs et des sous-traitants se retrouvent
sur le carreau. Cela ouvre une nouvelle ère de contestation dans cette
région contre la filiale Areva.
En décembre 2017, mettant en avant la chute du
coût de l'uranium à l'international les filiales du groupe
français Areva (Somaïr et Cominak) reviennent à la charge
avec un projet de licenciement économique. Là aussi, une nouvelle
de plus ce sont les travailleurs locaux et les sous-traitants qui seront
concernés. Ainsi, près de 7000 personnes se retrouvent au
chômage dans un environnement qui offre peu d'opportunités en
termes d'emplois et surtout dans une région où 42% des jeunes
actifs vivent dans les grandes agglomérations. Ce qui explique une forte
demande en termes d'emploi (PDR, Agadez).