3.3.2 Mise en place d'un dispositif de répression
de la migration irrégulière
Boyer et Mounkaila (2017) soulignent une entrée timide
du Niger dans la coopération internationale en matière de gestion
de la migration. Toutefois, en 2010 le pays légifère à
travers l'ordonnance 2010-86 du 16 décembre sur la traite de personnes.
Dans cette logique le décret 2012-82/83 du 21 mars crée
respectivement la Commission nationale de lutte contre la traite de personnes
comme organe de conception et le second décret crée l'Agence
nationale de lutte contre la traite des personnes comme cadre
opérationnel dédié à cette activité. Cette
démarche s'inscrit, dans la logique de mise en place du dispositif en
charge du contrôle de la migration.
Selon Abdou Adam (2016) « Face à
l'ineffectivité du cadre multilatéral de l'accord de Cotonou,
l'Union européenne va décider unilatéralement de modifier
le cadre bilatéral de ses relations avec le Niger en faisant
évoluer les missions d'EUCAP Sahel Niger, qui intègreront
dorénavant la lutte contre l'immigration illégale (1). Cette
évolution opère un tournant stratégique dans les relations
entre l'Union et le Niger essentiellement fondées sur l'aide publique au
développement. Le modèle de prévention de l'immigration
illégale s'opère principalement à Agadez (2), dans le Nord
du Niger en raison de la proximité avec la Libye ».
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Il y a donc un passage d'un cadre de coopération
multilatérale à un cadre bilatéral dans les relations
entre l'UE et le Niger dans le domaine de la sécurité. En effet,
Eucap Sahel Niger est une mission civile de l'UE de lutte contre le terrorisme
qui prendra à partir de 2015 en charge la lutte contre la migration dite
irrégulière. Désormais, le traitement de la question
migratoire prend une dimension sécuritaire.
Le 26 mai 2015, le Niger ayant adopté le protocole de
Palerme sur le trafic illicite de migrants le traduit dans son ordonnancement
juridique à travers la loi 2015-36 qui criminalise le trafic illicite de
migrants. Adoptée, la loi n'est pas appliquée jusqu'à la
participation du Niger au Sommet de La Valette en novembre 2015. Pendant ce
temps le transport de migrants via Agadez pour l'Afrique du Nord continue avec
une augmentation importante des candidats. Toutefois, on peut noter
l'installation progressive des bases militaires le long des routes migratoires.
Ainsi, Français, Américains et Allemands installèrent
respectivement des bases militaires à Madama20, Agadez et
dans la région de Tahoua. Officiellement, ces bases militaires sont
là pour lutter contre le terrorisme et la criminalité
transfrontière. Mais il n'est pas exclu qu'ils fournissent des
informations aux FDS du Niger et à leur hiérarchie concernant les
flux migratoires. Elles participent de ce fait à la lutte contre la
migration dite irrégulière.
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