3.2.2 Le dialogue euro africain sur la migration
En septembre et octobre 2005 le monde témoigne des
drames humains de la migration africaine vers l'Europe via la
Méditerranée suite aux drames de Ceuta et Melilla où des
personnes périssent dans la mer aux portes de l'Europe. Sous la pression
de l'opinion publique, l'Europe voit les limites de sa politique externe de
migration. C'est dans ce contexte que la commission instruit le conseil de
faire des propositions de sortie de crise. En décembre 2005 le Conseil
européen adopte l'approche commune des migrations centrée sur
trois points : lutte contre la migration irrégulière, promotion
de la migration légale et migration et développement avec comme
priorité d'action les pays de la Méditerranée. La nouvelle
approche préconise un partage de responsabilité dans la gestion
des flux migratoires avec les pays de d'origine, de transit et de destination.
Par cette méthode, l'UE décide de bloquer en amont les flux en
partance vers l'Europe en confiant cette tâche à des États
tiers d'origine ou de transit. On est donc dans une volonté
d'externaliser la gestion des flux migratoires.
À la suite de l'adoption de l'approche globale une
offensive diplomatique de l'UE et de certains de ces États membres
s'ensuit en Afrique à la recherche de partenaires. A l'initiative de la
France et de l'Espagne le Maroc accueille les 10 et 11 juillet 2006 la
première conférence ministérielle euro-africaine sur la
migration et le développement17.
Cette conférence, à laquelle le Niger a
participé, a débouché sur une déclaration et un
plan d'action. Dans l'ensemble, la conférence de Rabat
a permis de mettre en place le cadre de partenariat le long de la route
migratoire ouest-africaine entre les pays d'origine, de transit et de
destination des migrants. Elle a également légitimé
l'externalisation des trois volets de
17
https://www.iom.int/fr/dialogue-euro-africain-sur-la-migration-et-le-developpement-processus-de-
rabat#:~:text=Le%20Dialogue%20euro%2Dafricain%20sur,questions%20que%20soul%C3%A8ve%20la%20mi
gration.
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l'approche globale des migrations de l'UE vers ses partenaires
africains à savoir la promotion de la migration légale, la
migration et le développement et la lutte contre la migration
irrégulière. Toutefois, avec la faible participation des pays
africains à la conférence de Rabat, l'UE déploie une
nouvelle offensive diplomatique en vue d'une nouvelle réunion avec
l'Union-africaine sur la migration. Elle aura lieu à Tripoli les 22 et
23 novembre 200618.
Celle-ci couvre un champ plus large que celle de Rabat. Elle
a réuni les pays de l'UE et un certain nombre de pays d'origine et de
transit d'Afrique du Nord, d'Afrique occidentale dont le Niger et d'Afrique
centrale en vue d'identifier des actions communes sur les migrations suivant
des itinéraires spécifiques. Elle a débouché sur
une déclaration conjointe Afrique/UE sur la migration et le
développement et l'adoption du plan d'action de Ouagadougou relatif
à la traite des êtres humains. Les textes prennent en compte les
préoccupations de l'UE sur l'approche globale en intégrant les
problématiques des migrations et du développement, des migrations
légales et de la lutte contre la migration légale et la traite
des êtres humains.
Par ces deux initiatives sur le sol africain la
volonté de l'UE d'externaliser la gestion des migrations avec les pays
tiers prend de plus en plus forme au moins sur le plan des politiques
migratoires. Des pays de transit comme le Niger y adhèrent dans la
dynamique des relations entre l'UE et l'Afrique. Dans la suite du processus de
la conférence de Rabat, Paris a accueilli le 25 novembre 2008 la
deuxième conférence ministérielle euro africaine sur la
migration et le développement. Des échanges de cette rencontre,
on note la mise en place d'un programme de coopération triennal
2008-201119 très inspiré de l'approche globale sur les
migrations de l'UE. Il est structuré comme suit :
· organisation de la migration légale (faciliter
l'émergence d'opportunités de migration légale, renforcer
la coopération institutionnelle et l'information sur la migration
légale ;
· lutter contre la migration irrégulière
:
· établir une approche générale de
lutte contre la migration irrégulière ;
· améliorer la qualité de l'état
civil et lutter contre la fraude documentaire ;
18
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2006/11/23/ouverture-d-une-conference-afrique-europe-sur-les-
migrations_837746_3212.html
19
https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/MEMO_06_437
·
72
renforcer le contrôle des frontières, la lutte
contre le trafic des migrants et la lutte contre la traite des êtres
humaines, dans le respect des compétences des États (promouvoir
dans les pays africains l'application du concept de gestion
intégrée des frontières, améliorer le
contrôle sur toute l'étendue des frontières en Afrique,
raffermir la coopération bilatérale) ;
· améliorer les réadmissions et promouvoir
les retours volontaires (renforcer l'efficacité des procédures de
réadmission, améliorer l'aide au retour, notamment volontaire, et
à la réinsertion, envisager le développement d'un dialogue
tripartite entre l'Europe, l'Afrique et les pays d'Asie dont les migrants
transitent par le continent africain) ;
· renforcer les synergies entre migration et
développement ;
· financer les actions du programme de
coopération.
Le Niger fait donc son entrée dans la gestion
internationale des flux migratoires à travers la participation à
ces trois conférences et son accord vis-à-vis des
déclarations et autres plans d'action initiés lors de ces
rencontres.
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