Signataire de la convention des Nations Unies sur les
réfugiés de 1951, le Niger a une tradition d'accueil des
réfugiés sur son territoire. En effet, dans les années 90
à la suite du conflit tchadien, le pays a accueilli plus de 1000
ressortissants de ce pays qui ont été reconnus comme
refugiés. Depuis cette période le pays n'a pas fait face à
un mouvement massif de personnes sur son territoire nécessitant une
protection internationale. Toutefois, la Commission Nationale
d'Eligibilité (CNE) mise en place à la suite de la loi 1997 sur
les réfugiés a traité et octroyé le statut de
réfugiés à des requérants individuels.
Plus récemment en 2012, le conflit malien a
donné lieu à un afflux de citoyens de ce pays vers le Niger dans
les régions de Niamey, Tillabéri et Tahoua à la recherche
d'une protection internationale. Devant l'ampleur de la situation le
gouvernement à travers l'arrêté N°142.
/MI/SP/D/AR/DEC-R du 16 Mars 2012 du ministre de l'Intérieur a
accordé le statut de réfugiés
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prima facies aux Maliens victimes du conflit armée du
Nord Mali. Ainsi, l'article premier de l'arrêté stipule « les
Maliens rentrés au Niger à la suite du conflit armé qui a
éclaté en janvier 2012, dans le Nord du Mali, sont admis au
bénéfice du statut de réfugié prima facies,
conformément aux dispositions de l'article 1. Alinéa 2 de la
Convention de I'OUA de 1969, régissant les aspects propres aux
problèmes des réfugiés en Afrique et de I`article 14 du
Décret n° 98-382/PRN/MI/ AT du 24 décembre 1998,
déterminant les modalités d'application de la Loi n° 97-016
du 20 juin 1997, portant statut des réfugiés au Niger ». Le
deuxième article du même arrêté les place sous le
mandat du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.
Cette décision politique a eu pour conséquence, l'ouverture
à nouveau d'un bureau du HCR au Niger. Le Niger renoue ainsi avec
l'accueil des réfugiés. Ainsi, au 31 mai 2021 le pays abrite 61
156 réfugiés maliens qui vivent à Niamey (4000),
Tillabéri (36 525) et la zone d'accueil des réfugiés
d'Intikane dans la région de Tahoua abrite 20 631
réfugiés15. Avec l'enlisement du conflit, ces
populations continuent de vivre sur le sol nigérien. Toutefois, le HCR
indique avoir facilité des rapatriements volontaires au Mali d'un
millier de réfugiés. Mais de manière
générale, la dégradation de la situation
sécuritaire et la proximité linguistique, culturelle,
géographique entre les réfugiés maliens et les populations
hôtes poussent le HCR à envisager comme solution durable à
ces cas l'intégration locale. Dans cette perspective, l'agence onusienne
en accord avec le Gouvernement prévoit un lotissement à but
humanitaire avec pour objectif l'enrôlement des réfugiés
aux systèmes nationaux (santé, éducation,
hydraulique ).
En 2013, l'insécurité née de la crise de
Boko Haram au Nigéria va contraindre des milliers de ressortissants de
ce pays à chercher refuge et protection internationale au Niger. Une
fois encore, le ministère de l'intérieur à travers
l'arrêté N° 806 MI/SP/D/AR/DEC-R du 4 décembre 2013
accorde le statut de réfugiés temporaire à des
ressortissants du Nord Est du Nigéria. L'article premier de
l'arrêté stipule que « Les Nigérians,
ressortissants des États de Borno, Yobé et Adamawa, entrés
au Niger à la suite des événements survenus dans leurs
États depuis le 14 mai 2013, bénéficient de la protection
temporaire jusqu'à ce que la situation se normalise dans lesdits
États ». Pour l'essentiel, ces populations sont accueillies dans la
région de Diffa. On dénombre au 31 mai 2021, 127
233 réfugiés nigérians dispersés dans les
départements de Diffa, Mainé Soroa, Bosso, Chétimari,
Goudoumaria et N'Guigmi. Cette nouvelle situation humanitaire place le Niger au
coeur des enjeux internationaux de protection.
15 UNHCR_Niger_Niger_PoC_Map_june_2021
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L'accueil des réfugiés a souvent un impact
positif pour les populations hôtes. En témoigne l'afflux dans ces
espaces des organisations non gouvernementales comme l'illustrent ces propos
« Avec l'arrivée des réfugiés,
beaucoup d'ONGs se sont intéressées à la commune d'Ayorou.
Ainsi, la ville d'Ayorou a bénéficié de plusieurs
distributions de vivres. Les partenaires ont également appuyé la
ville d'Ayorou dans le domaine de l'approvisionnement d'eau potable, à
travers la station de traitement d'eau potable. Certaines femmes ont aussi
bénéficié des appuis pour des AGR ». (Entretien,
Mairie Ayorou, juillet 2019).
Avec la dégradation de la situation sécuritaire
au Nord du Nigéria (États de Sokoto, Zamfara et Katsina) il a
été observé dans la région de Maradi, un afflux de
personnes en provenance du Nigéria à la recherche de protection
internationale. Au 31 mai 2021, ils sont estimés à 50 540
réfugiés nigérians se trouvant dans la région de
Maradi auxquelles le Niger a accordé le statut primas faciès
(arrêté 571 du 9 juillet 2020). La même disposition est
élargie aux ressortissants des États fédérés
de Yobé, Adamawa et Borno mettant ainsi fin à la protection
temporaire.
Carte 3: Répartition de la population réfugie
au Niger
Source : Notre étude