WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

E-réputation et image de soi : les réseaux sociaux entre réalité et mise en scène - le cas d'Instagram


par Maïwenn CHERIN
UFR SLHS Franche-Comté  - Master 2 Information - Communication  2019
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.2.2 La photographie numérique

En 2005 va apparaître la photographie numérique qui va ouvrir de nouvelles possibilités aux photographes amateurs. Chaque image devient désormais un fichier numérique, modifiable, reproductible à l'infini et que l'on peut regarder sur différents supports. Et surtout, les possibilités de stockage permettent de garder les clichés pris, ce qui va entraîner les individus dans une surconsommation de l'image. En effet, cette capacité de mémoire va entraîner la « banalisation du partage des images via internet »58. Car plus l'on peut capturer d'images, plus l'on va les conserver, et ainsi il n'existe plus le besoin le faire le choix de ce que l'on va sauvegarder et diffuser. Un autre avantage est que les photographes peuvent désormais donner des effets à leurs clichés et choisir de les modifier, changer la luminosité de l'appareil, photographier en noir et blanc ou en couleur, chacun est indépendant dans son utilisation. Les appareils possèdent maintenant une grande autonomie. Pour Jacques Hémon (2010), ce n'est plus un appareil familial mais personnel désormais. Les ordinateurs comprennent des logiciels gratuits de création et de modification d'images vont également leur permettre de pouvoir façonner leurs photographies. Le fait de pouvoir les modifier montre qu'il y a une volonté d'arranger son quotidien. De plus, la possibilité d'améliorer l'apparence des photographies les confortent dans leur idée de recherche d'une image parfaite à présenter aux autres. Cette idée amène ce questionnement identitaire qui fait que, pourquoi choisir cette photo et pas une autre, pourquoi la modifier ? Il y a une réflexion sur son identité, son image que l'on expose, que l'on montre à autrui, ce qui problématise ce mémoire. Les technologies participent à la remise en question de soi de par les outils qu'elles proposent.

56 Photographie de jambes pliées pour montrer qu'on est en train de bronzer

57 BERTHOMIEN Sandy. Les selfies : expression contemporaine de soi. Les mondes sociaux. Société. 2017.

58 HÉMON Jacques. Les réseaux sociaux et le marché de la photographie. In: Cahier Louis-Lumière n°7, 2010. Nouvelles perspectives pour les photographes professionnels. pp. 18-26.

22

2.2.3 La photographie sur les réseaux sociaux

Un nouveau rituel va se créer autour des clichés, celui du partage avec autrui. D'abord par mail, puis via les téléphones mobiles et smartphones à travers les MMS (Multimedia Messaging Service), puis sur les « premiers réseaux communautaires »59. Enfin, les réseaux sociaux vont de nouveaux faire évoluer les échanges avec ses pairs. Anthony Mahé (Mahé dans Hémon, 2010) nous dit qu'avec l'arrivée de Facebook en 2005, l'appareil photo devient rapidement « un outil de partage de soi et de son intimité ». Stéphane Hugon (Hugon dans Mahé, 2010) appui ses propos en déclarant que « l'appareil n'est plus seulement un outil de loisirs, il est une fonction relationnelle, comme une dimension d'opérateur de socialité, peut-être une véritable extension de la personne ». André Gunthert (2014)60 pense que c'est l'arrivée du haut-débit couplé avec la possibilité d'éditer des images sur des sites de partage qui conduit les photographes lambda à vouloir toujours diffuser des clichés, notamment pour « la satisfaction narcissique et l'efficacité sociale »61. Cette rapidité de partage illimité de l'image va créer un nouvel usage de la photographie que l'auteur qualifie de « conversationnelle »62. Les images ont peu à peu remplacé les mots, par des photos, des émoticônes, des GIFs. Il est plus simple et plus démonstratif de directement utiliser une image pour se faire comprendre. Valérie Bauhain63 parle de de « Pic speech » pour qualifier ces échanges. Les réseaux sociaux vont s'adapter à cette société du visuel et devenir « les plus grandes banques d'images de la planète »64. La photographie ne réside plus dans la technicité et l'objectivité mais dans son caractère diffusable et sociable. Patrice Flichy65 soutient que « si la photographie a toujours été liée aux souvenirs personnels et aux moments forts de la vie, elle est aujourd'hui de plus en plus associée aux activités quotidiennes ».66 Pour résumer, les médias visuels ont fait évoluer nos usages, d'abord avec le cinéma et la télévision qui prenaient une place importante parmi les loisirs du quotidien, puis avec l'image conversationnelle qui prit le dessus sur la consommation de visuels. La photographie précédemment familiale, va aller vers le domaine public avec les réseaux sociaux. La possibilité de les partager de façon instantanée à toute une communauté enlève le caractère intime de la photographie pour la rendre sociale. C'est pour cela que les individus sur Instagram postent des

59 HÉMON Jacques. Les réseaux sociaux et le marché de la photographie. In: Cahier Louis-Lumière n°7, 2010. Nouvelles perspectives pour les photographes professionnels. pp. 18-26.

60 GUNTHERT André. L'image conversationnelle. Études photographiques, n°31. 2014.

61 HÉMON Jacques. Les réseaux sociaux et le marché de la photographie. In: Cahier Louis-Lumière n°7, 2010. Nouvelles perspectives pour les photographes professionnels. pp. 18-26.

62 PAILLARD Julie. La »photo ordinaire» : récit des banalités quotidiennes sur les réseaux sociaux en ligne. Analyse des usages photographiques sur Instagram. Sciences de l'information et de la communication. 2014.

63 BAUHAIN Valérie. Réseaux sociaux : ce que révèlent nos photos de profils. Psychologies.

64 BAUHAIN Valérie. Réseaux sociaux : ce que révèlent nos photos de profils. Psychologies.

65 PAILLARD Julie. La »photo ordinaire» : récit des banalités quotidiennes sur les réseaux sociaux en ligne. Analyse des usages photographiques sur Instagram. Sciences de l'information et de la communication. 2014. >

23

images, qui parfois semblent anodines, mais qui révèlent une volonté de communiquer avec les autres, de se présenter à eux. Nous analyserons ces affirmations dans les chapitres suivants. Les réseaux sociaux vont banaliser les images car elles finissent par se perdre dans la masse. Nous faisons évoluer la photographie situationnelle, mais toujours en montrant les moments forts de la vie, comme si notre quotidien se retrouvait exceptionnel. C'est un moyen de communiquer sur nous, et avec les autres, ce qui participe à nous construire identitairement. Les usages de la photographie sur les réseaux sociaux créent une présentation de nous-même. C'est ainsi qu'il implique le rapport à l'image de soi et à la reconnaissance de ses pairs.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe