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E-réputation et image de soi : les réseaux sociaux entre réalité et mise en scène - le cas d'Instagram


par Maïwenn CHERIN
UFR SLHS Franche-Comté  - Master 2 Information - Communication  2019
  

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1.1.3 L'interaction entre l'écran et le téléspectateur

L'intérêt prononcé des jeunes pour les écrans et les images serait dû au fait que « la télévision est spectaculaire au spectateur, que celui-ci entretient une relation particulière avec ceux qui la regarde » (Lacan dans Lalo, 2011). Il serait question « d'interactivité »31 entre la télévision et le spectateur dans la création d'un lien particulier entre eux. Nous pouvons prendre l'exemple des animateurs télévisuels. Ils instaurent un rituel quotidien donnant l'impression aux téléspectateurs qu'ils sont tels des amis, des connaissances : « Bonjour à tous, merci d'être avec nous », « à demain pour notre prochaine émission », « passez un bon week-end ». L'écran communique avec eux, il n'est qu'un objet de médiation. Nous reprenons le même fonctionnement que les réseaux sociaux avec les influenceurs et utilisateurs, comme nous avons pu le voir dans notre analyse sur Instagram, qui remercie leurs abonnés pour le nombre qu'ils sont, on communique avec eux « Hello les amis »32 ou « passez un bon vendredi »33. Il se créé une relation entre l'individu et celui qu'il regarde quotidiennement via la médiation de son écran, mais qu'il ne connaît pas vraiment. Il lui est donné l'impression d'être réellement en contact avec eux, de les écouter ou de les voir, tels des proches. Ceci est une des raisons à notre sens de pourquoi les médias, bien avant internet, ont engendré un sentiment d'attachement aux objets leur permettant d'être en contact avec le monde. Les jeunes individus désirent se sentir exister et ces êtres virtuels, en interagissant avec eux de manière passive ou active (simplement regarder son écran ou pouvoir répondre sur les réseaux sociaux), leur donne une identité, une existence et se sentent reconnus en tant que « téléspectateur » ou en tant « qu'abonné » sur Instagram. Les réseaux sociaux demeurent plus ancrés dans le quotidien et la dimension personnelle que les autres médias, par cette possibilité d'interagir directement.

29 KABORE, Salimata, L'impact de la télévision. Centre avec.

30 LARDELLIER, Pascal, BRYON-PORTET Céline. « Ego 2.0 ». Quelques considérations théoriques sur l'identité et les relations à l'ère des réseaux », Les Cahiers du numérique, vol. vol. 6, no. 1, 2010, pp. 13-34.

31 LALO, Vanessa. Pourquoi regarde-t-on la télévision. 2011. PDF

32 Analyse de contenu n°7

33 Analyse de contenu n°18

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1.1.4 La télévision comme support de la fiction

Le principe qui sépare Internet de la télévision est leur rapport à la réalité. Chaque personne est consciente que la télévision est censée représenter la fiction à travers les films et les séries. Dans son caractère passif, on subit l'image, on la regarde mais nous sommes dans l'incapacité d'interagir avec. Cet aspect déshumanise la télévision par rapport à internet qui devient davantage un représentant de la réalité. La possibilité d'être en contact permanent avec la terre entière, de savoir que chaque lien, information est partagée par quelqu'un rend le web plus concret. Les chaînes télévisuelles ont tenté d'introduire cet aspect humain et réel à travers des programmes censés « montrer les individus dans leur quotidien »34. Nous prenons comme exemple le phénomène de la téléréalité, que nous développerons plus tard. Cependant, la télévision est une manière pour les jeunes de « vérifier leur existence », de s'assurer qu'ils sont dans la norme en se comparant aux personnages qu'ils voient. Le « héros télévisé » est dépeint comme un soi-idéal du spectateur qu'il idéalise. (Chooeum et Guemas, 2017) La télévision, dans son aspect fictif, est un moyen d'oublier son quotidien ou de les projeter sur ce que nous voyons. La télévision sert « d'exutoire » à nos problèmes et nos fantasmes et reflète un usage d'Instagram : modifier ce qui existe pour le rendre conforme à notre idéalisation.35 C'est ainsi qu'apparaît cette limite floue entre la réalité et la mise en scène mise en avant sur les réseaux sociaux. Cette diversion de la réalité que représente l'écran télévisuel a engendré des comportements nouveaux que nous pouvons retrouver sur internet : le besoin d'idéaliser notre vie et nous-même, d'échapper à un quotidien monotone, se sentir exister de par les individus qui s'adressent à nous. L'évolution technologique non pas changer les médias mais les déplacer vers la sphère numérique. Ce besoin de créer son identité et de reconnaissance n'est pas apparu avec les réseaux sociaux, mais bien avant si l'on analyse les usages. Ainsi, nous pouvons transposer les comportements des jeunes face à la télévision à ceux face aux réseaux sociaux. Ils sont toujours dans une recherche de lien avec autrui, ils désirent toujours échapper à leur quotidien, notamment en publiant des photographies de décors extraordinaires, qui les sortent de la réalité. En regardant leur galerie d'images, ils se placent en dehors du quotidien dans lesquels ils se sentent cloisonnés. Lors de notre analysé de contenus, nous remarquons que la plupart des interrogés partagent des images pour avoir « de jolies galeries d'images 36», surtout, pour montrer des instants qui sortent de l'ordinaire, comme nous le développerons plus tard, ce qui affirme que les individus ont une volonté de se créer une identité dans un contexte en rupture avec l'anodin.

34 CHOOEUM Sophie, GUEMAS, Marion. Le selfie au-delà de la simple représentation de soi. Mémoire en master 2 Culture et métier du web, Université de Paris-Est Marne-la-Vallée, 2017

35 CHOOEUM Sophie, GUEMAS, Marion. Le selfie au-delà de la simple représentation de soi. Mémoire en master 2 Culture et métier du web, Université de Paris-Est Marne-la-Vallée, 2017

36 Entretien Elise, 15 juin 2019 et entretien Morgane, 10 juin 2019

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1.2 La téléréalité

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand