3.3. Pathologie duelle.
« Pathologie Duelle » implique l'apparition d'une
nouvelle pathologie résultant de l'interaction synergique entre les
maladies mentales et les addictions qui viennent se substituer aux concepts
moins précis de « double diagnostic », «
comorbidité », « cooccurrence », etc., et qui rendent
difficile la prise en charge globale des patients psychiatriques consommateurs
de drogues.
La Pathologie Duelle a besoin d'une nouvelle approche
psychopathologique pour décrire les caractéristiques
symptomatologiques et rechercher de nouveaux traitements efficaces et
efficients afin d'être utile du point de vue clinique et, en même
temps, être acceptée par la Psychiatrie Générale et
des Addictions, unique façon de pouvoir accomplir son introduction dans
les réseaux sanitaires de l'assistance publique.
D'un point de vue clinique, il est très important de
définir précisément les divers types de relation que l'on
peut trouver entre ces deux pathologies et qu'on peut résumer en ces
cinq possibilités :
1. Les deux troubles ont une étiopathogénie
indépendante.
2. La co-occurrence des deux troubles est due à des
causes iatrogènes.
3. L'apparition des troubles mentaux est due à un effet
psychotoxique direct de la drogue.
4. Les deux troubles présentent une
vulnérabilité psychobiologique partagée.
5. Les troubles mentaux facilitent l'apparition d'addictions
et on peut alors évoquer l'Hypothèse de l'Automédication,
à savoir que les drogues sont utilisées pour améliorer la
symptomatologie psychiatrique. A présent, de plus en plus,
l'Hypothèse de l'Automédication avance en gagnant des adeptes.
3.4. Situation vécue :
Nous avons été appelé aux urgences, entre
17 et 18h, pour admission, par les pompiers, d'un toxicomane âgé
de 48 ans, d'origine algérienne, vivant entre la France et
l'Algérie.
A son arrivée, ce patient était en autonomie
avant l'épisode aigu. Il avait une activité normale sans
restriction. Antécédents psychiatriques connues : toxicomanie
substituée par méthadone, plusieurs tentatives de suicide, notion
de schizophrénie, autres antécédents
médicaux : toxicomanie à l'héroïne
et hépatite c, le patient aurait ingéré du dafalgan
codéine (dose inconnue), au maximum 33 comprimés de Lexomil 6mg
(dose ingérée 198mg), d'alcool (quantité en litre
inconnue) et de l'héroïne, dira-t-il, quelques grammes en post
coma.
Ce patient est retrouvé dans la soirée par sa
famille dans le coma. Croyant à un arrêt cardiorespiratoire, la
famille appelle les secours à 21h20. A noter que la famille a
tenté d'entamer un massage cardiaque externe sur ce dernier.
A l'arrivée de la BSPP (La brigade de sapeurs-pompiers
de Paris), les paramètres vitaux sont les suivants ; pression
artérielle à 93/68 mm Hg, tachycardie à 110/min, spo2
à 89% en air ambiant, fréquence respiratoire à 14/min,
température à 36.6°c, glycémie capillaire à
1.3g/,le patient est en coma areactif Glasgow 3 avec des pupilles en myosis
serré bilatéral.
A l'arrivée du SAMU, les paramètres vitaux sont
les suivants : pression artérielle à 93/68mmHg ; tachycardie
à 104/min, spo2 à 97% sous oxygénothérapie à
9l/min, fréquence respiratoire à 9/min. L'examen clinique est
inchangé, mise à part la survenue d'une bradypnée à
9/min. La prise en charge initiale consiste en l'administration d'une ampoule
de NARCAN 200mg, avec une réponse à type d'augmentation de la
fréquence respiratoire à 15/ min et d'un réveil avec score
de Glasgow qui passe à 10.le narcan est poursuivi en IVSE à la
dose de 1mg/h .
Par ailleurs, sont découverts 2 tubes de Lexomil dans
les chaussettes du patient. D'ou la décision d'administrer une ampoule
d'ANEXATE, avec une réponse immédiate à type
d'augmentation du Glasgow à 13. L'anexate est poursuivi en IVSE à
la dose de 1mg/h
Le patient est transféré dans le service de
réanimation médicale et toxicologique pour la suite de la prise
en charge.
|