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Prise en charge des toxicomanes aux urgences medicales


par Gaspard MUZAMA FUNZI
Université Paris V - DU Urgences psychiatriques 2016
  

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Chapitre 4. LE CAS PARTICULIER DES FEMMES ENCEINTES TOXICOWOMEN.

4.1. La grossesse chez les usagères de substances psychoactives (SPA) :

Cette catégorie des consommatrices des drogues interpelle souvent les équipes soignantes sur les risques encourus par le bébé et sur les capacités pour les parents à « bien s'occuper de leur enfant » (Simmat-Durand, 2007 ; Luttenbacher, 1998 ; Molénat, 2000).

Elle est rarement anticipée bien que la sexualité et la parentalité soient des questions essentielles à aborder précocement chez les patients usagers de substances psychoactives (Molénat, 2000 ; Rosenblum, 2004).

Le désir d'enfant et la grossesse sont ainsi rarement envisagés comme des moments privilégiés de la prise en charge alors qu'ils peuvent être de leviers thérapeutiques importants et faire « naître » des capacités à prendre soin de soi en se projetant dans l'avenir (Molénat, 2000 ; Pezzolo et al., 2006).

Il est, donc, nécessaire pour tout soignant d'apprendre à profiter de tels moments pour progresser dans les projets de soins et accompagner ces parents, non plus, en termes de « risques » qu'ils représentent, mais surtout, en termes de « besoins » qu'ils nécessitent (Reichert & Weil, 2007).

En effet, bien que le plan gouvernemental 2008-2011 de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) en ait fait une de ses priorités, la prise en charge des femmes usagères enceintes reste souvent complexe en raison de l'absence de structure de soins spécifiques, du manque de formation des différents intervenants ou des représentations, des craintes et méconnaissances des soignants (Mildt, 2008).

Dans un tel contexte, il est souvent difficile pour des parents usagers de SPA de prendre soin d'eux ou de pouvoir bénéficier de programmes de procréation médicalement assistée (PMA).

Le Réseau maternité addiction (RMA) propose, à partir d'un cas clinique, de témoigner d'une expérience positive dans ce domaine et de présenter les principes d'un soin transdisciplinaire informé et cohérent pouvant, en lui-même, devenir structurant Femmes et usage de SPA : un repérage insuffisant.

La France compte environ 70 000 usagers d'héroïne et 100 000 personnes sous TSO auxquels se rajoutent des personnes définies comme consommatrices régulières (10 usages ou plus au cours des 30 derniers jours, ou fumeurs quotidiens).

En effet, en France, 11,8 millions de personnes consomment du tabac, 9,7 millions, l'alcool ; 3,8 millions sont des psychotropes ; 1,2 million consomment du cannabis.

Exception faite de l'alcool, 1/3 de cette population sont des femmes et quasiment toutes en âge de procréer (Ofdt).

Au vu de ces chiffres, il semble évident que les professionnels de la naissance sont tous confrontés, dans leurs pratiques quotidiennes, aux femmes enceintes ayant un usage de SPA, forcément nocif, par le simple fait de la grossesse.

Malheureusement par méconnaissance, manque de formation, sous-évaluation de l'importance de ces problématiques, cloisonnement de l'offre des soins ou absence de structure de soin spécialisée, beaucoup n'abordent pas cette problématique avec les «patientes».

La grossesse est un moment unique pour favoriser le repérage, l'évaluation et le soin. Elle constitue un moment idéal et, quelquefois, unique pour favoriser le repérage des usages de SPA.

Dans le cadre du RMA, près de 40 % des femmes rencontrées n'avaient aucune prise en charge préalable de leurs addictions.

Elle permet l'accès aux soins et aux actions de réduction des risques :

- Lors de leur première rencontre avec le RMA, 11 % des femmes avaient un usage d'héroïne ou de TSO « au noir » et 60 % des femmes sous buprénorphine en avaient un usage détourné (sniff, injection). Une rencontre précoce avec le RMA a rapidement permis de proposer l'initialisation d'un TS O ou de réaliser un « passage méthadone » à l'aide d'une hospitalisation en maternité pour permettre une surveillance foetale adéquate en pré- ou postnatal (Lejeune et al., 2006 ; Mac Carthy et al., 2005).

- 30 % des femmes accompagnées par le RMA ont des sérologies positives pour l'hépatite C. Un dépistage des hépatites est systématiquement proposé par le réseau. En cas de positivité, une première prise de contact avec un hépatologue est proposée, dans l'idéal, avant la naissance, pour favoriser un suivi et un traitement ultérieur. De plus, une vaccination du nouveau-né pour l'hépatite B est toujours envisagée à la naissance (Inpes, 2007).

- 40 % des femmes suivies présentent des comorbidités psychiatriques comme des syndromes dépressifs, des troubles anxieux, des troubles de l'humeur ou des troubles psychotiques. Cette vulnérabilité est souvent secondaire à des parcours chaotiques, des enfances « fracassées » faites de séparation et de violences.

D'après l'enquête de Cassen et al., réalisée auprès de 171 mères toxicomanes, 40 % des femmes interrogées ont subi dans leur enfance des violences psychiques, 30 % des violences physiques, 20 % ont subi des abus sexuels (Cassen et al., 2004). Ces antécédents rendent complexe l'accès à la parentalité et nécessitent souvent un accompagnement spécifique.

Une rencontre avec le psychiatre et/ou la pédopsychiatre référent permet d'évaluer et éventuellement de traiter de façon adaptée ces pathologies en collaboration avec la psychologue du réseau qui pourra proposer un suivi psychothérapeutique (Pezzolo, 2006).

- Près de la moitié des femmes sont seules et ont comme unique source de revenus des minima sociaux. Cette situation constitue à l'évidence une difficulté supplémentaire du fait de l'isolement affectif et à la précarité financière. La question du logement est également, dans 30 % des situations que nous rencontrons, un vrai problème.

Lorsque celui-ci est précaire ou inexistant, il est évidemment difficile de structurer l'accompagnement post-natal. En lien avec les associations ou les structures d'hébergement existantes, il est souvent nécessaire de dépenser beaucoup d'énergie pour inventer ou bricoler des solutions évitant la séparation de la mère et de l'enfant après la naissance.

La grossesse est, à ce niveau aussi, un moment important pour créer au plus tôt des liens avec des travailleurs sociaux qui permettront la mise à jour des droits et l'assise sociale de la nouvelle famille.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote