CHAPITRE 3 : LA CRISE PSYCHIATRIQUE DU PATIENT
TOXICOMANE
3.1. LA CRISE PSYCHIATRIQUE PROPREMENT DITE.
Étymologiquement parlant, le mot crise associait les
sens de « décision » et « jugement ». En grec,
« Krisis », la crise, est une décision, entre deux choix
possibles. Une crise suppose donc une prise de décision, une action pour
s'en sortir.
Il s'ensuit que la crise est une situation insolite
caractérisée par son instabilité, laquelle oblige à
adopter une gouvernance spécifique pour revenir au mode usuel de vie.
Par gestion de crise, on entend ce mode de gouvernance1.
La notion de crise a, ensuite par extension, décrit la
phase décisive d'une maladie (individuelle ou épidémique).
Puis, hors du champ médical, le terme « crise » s'est
étendu à l'idée de troubles, de situations de
déséquilibre profond, puis de désordres graves (dans les
domaines social, économique, politique, géopolitique, climatique,
etc.).
Ce concept qui vient du champ médical s'est à
nouveau rapproché du domaine de la santé pour décrire et
gérer des états critiques en matière de risque
pandémique, de maladies émergentes ou du système de prise
en charge sanitaire.
Il est également très attaché aux
domaines économiques et financiers, puis des ressources
écologiques dans une société mondialisée plus que
jamais dépendante de ressources finies, productrices de déchets
toxiques ou dangereux et d'un système où la valorisation d'un
capital est presque entièrement basée sur sa consommation en vue
d'entretenir un système de production qui n'a pas de régulation
politique forte et qui est une menace pour la santé des
écosystèmes et d'une partie de la population.
« "Gérer la crise" est d'un certain point de vue
une contradiction dans les termes. On ne gère pas le tourment, le
trouble ; on s'efforce d'éviter qu'il se produise, d'en minimiser les
effets ou de rétablir l'ordre »2.
3.2. Les grandes phases d'une gestion de
crise.
Anticiper et se préparer semble nécessaire pour
mieux réagir en cas de survenance de la crise. Le gestionnaire de risque
doit donc analyser, évaluer et hiérarchiser les risques
principaux, les enchaînements possibles de causes et conséquences,
et leur trouver des parades, des moyens d'adaptation et de restauration
La démarche d'analyse de risque commence par
l'identification des objectifs principaux de l'entité qui la
mène. Un risque est relatif. Il ne présente théoriquement
de gravité que s'il met en danger la réalisation d'un de ces
objectifs.
L'étape suivante est l'évaluation du couple -
probabilité d'occurrence / gravité potentielle.
Le gestionnaire de risque va chercher à parer les risques dont
la gravité couplée à la probabilité est la plus
élevée. Pour cela, une évaluation séparée
des deux grandeurs sera réalisée selon des critères
objectifs et/ou subjectifs. Ensuite, les deux grandeurs seront
multipliées pour obtenir une cotation.
Exemple : Le risque que ma femme me quitte (coté 4/5 en
termes de gravité) si je passe encore la soirée à regarder
le foot chez les copains présente une probabilité de 5/5. La
cotation globale est de 4*5 = 20 sur une échelle qui s'arrête
à 25 (5*5).
Une fois les risques classés par ordre
décroissant, le gestionnaire de risque va chercher les leviers d'actions
permettant d'y parer. Cette recherche sera menée en analysant les
différentes relations de cause à effet pouvant amener à la
réalisation du risque.
Ceci nécessite de disposer de moyens et outils de
veille et d'évaluation et donc de prévision, et si possible de
prévention. Des moyens partagés et une approche collaborative
permettraient d'en diminuer les coûts.
Anticipation.
Elle vise à anticiper sur la possible survenance
d'événements générateurs de crise, par la mise en
place de mesures adaptées. Ces mesures visent à réduire la
probabilité de survenance déterminée lors de l'analyse de
risque.
Prévision.
C'est la définition et la localisation du danger. Il
existe des dangers imprévisibles, mais la préparation à
gérer un danger est le moyen d'accélérer les
réponses et la résilience en cas de crise d'une autre nature. (Ex
: la préparation à une crise pandémique met en place des
outils, mécanismes et réflexes proches et, en partie, identiques
à ceux qui seraient nécessaires en cas de crise de type guerre
nucléaire ou attaque bio terroriste. Elle indique dans quelle limite de
temps le danger peut affecter la population et les aménagements.)
Protection.
L'objectif de la protection (ex : protection civile) est de
réduire la gravité de l'événement quand et s'il se
produit. Les mesures de protection sont étudiées et
pré-déployées à l'avance, mais ne prennent tout
leur importance que lorsque le risque s'est réalisé. Elles sont
conçues pour en limiter les impacts et les dégâts
collatéraux. Exemple : les bâtiments parasismiques.
Gestion de la crise.
Selon le type d'événement
générateur et les impacts et conséquences qu'il
crée, une crise plus ou moins grave peut survenir, dont la
résolution passe par un mode de gouvernance et un mode de communication
spécifiquement adaptés à la situation : la gestion de
crise et la communication de crise.
Lorsque l'événement affecte tout un pan
d'activités, la gestion de crise s'accompagne généralement
du déploiement d'un plan de continuité d'activités (qui
fait partie des mesures de protection).
Quel que soit le type d'événement auquel il faut
faire face, la gestion de crise présente certaines
caractéristiques permanentes.
A. Diagnostic, action et décision.
Elle exige une capacité de diagnostic, de bonne
réaction et donc de décision. La situation est avant tout une
situation d'urgence. Il est déterminant de percevoir rapidement la
gravité de la situation, les priorités induites et les
décisions les plus adaptées aux circonstances.
B. Organisation.
La gestion de crise requiert également de la part des
autorités responsables une capacité à organiser et
à rassembler les efforts des différents intervenants. Dans la
crise du Tsunami, les différents pays touchés ont leurs propres
institutions et divers systèmes
d'organisations. Le Préfet, en France, est au centre de
l'ensemble du dispositif. Il veille à l'unité et à la
cohérence des différentes interventions.
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